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Comment nettoyer, ranger et entretenir ses pièces de collection ?

Les premières techniques de nettoyage et d’étude

Comment nettoyer une pièce trouvée dans le sol ? 

Quelle que soit la nature de votre collection de pièces et son étendue, les besoins et les contraintes restent fondamentalement les mêmes, sauf pour les pièces extraites de l’eau ou du sol qui requièrent une attention et un nettoyage particuliers, mais qui ne concernent que les trouvailles fortuites de particuliers ou les champs de fouilles archéologiques, liées à des institutions. 

trésor antique théâtre de Côme
Un trésor de plus de 300 pièces d’or romaines découvert dans un théâtre antique à Côme en 2018

Les monnaies en or, inaltérables, peuvent être aisément nettoyées de la terre qui les entoure à l’aide d’une brosse et d’eau savonneuse, il n’en va pas de même pour les métaux d’argent ou d’alliage cuivreux, très sensible à l’oxydation, et qui sont souvent agglomérés (les trésors marins sont ainsi formés d’agglomérats de pièces). Idéalement, le nettoyage et la restauration ne devraient pas être effectués sur place, mais confiés à des spécialistes dotés d’appareils qui permettent d’analyser la pièce de manière non destructive pour la restaurer au mieux.

Dans un premier temps, il est absolument nécessaire de les sécher, de les transporter et de les conserver à l’abri de la lumière, mais surtout de l’humidité, qui est le principal ennemi des objets métalliques. Pour détacher les incrustations qui résistent à la brosse, vous pouvez utiliser un petit scalpel, de manière précautionneuse et en travaillant avec une loupe. Il faut à tout prix éviter les solutions acides, le vinaigre ou le jus de citron qui endommageront la pièce. Différentes solutions liquides sont possibles pour un nettoyage en profondeur, sans risques, telle une solution ammoniacale à 15 % pour les monnaies d’argent ou une solution de soude pour les bronzes, toujours suivis d’un rinçage et d’un contrôle du PH pour s’assurer de la conservation ultérieure.

Identification et « marquage » de la pièce 

Afin de pouvoir conserver correctement la pièce, il faut pouvoir l’identifier. Cette étape vient juste après le nettoyage et nécessite souvent de recourir à une loupe, un microscope voire une loupe binoculaire, qui permettra de distinguer les réparations ou les éventuelles regravures. L’identification d’une pièce se fait grâce à l’expérience du regardeur, qui permettra de faire, aisément ou non, les rapprochements nécessaires. Pour les débutants, il existe de nombreux manuels d’initiation permettant d’identifier les grandes séries. Vous pouvez également faire appel à un expert, spécialiste de la numismatique, qui pourra identifier et authentifier votre pièce.

Une fois l’identification faite, il faut munir la pièce d’une petite étiquette indiquant en premier lieu l’époque, le métal, l’autorité émettrice (empereur, état, institution, etc.), la dénomination, le poids (calculé avec une balance électronique) et un numéro d’inventaire si vous le souhaitez. Vous pouvez aussi faire figurer la date d’acquisition, le prix et l’état de la pièce, utiles en cas de revente. Vous pouvez aussi noter quelques éléments bibliographiques concernant la pièce et conserver une photographie, en cas de vol ou de perte de votre pièce. Cette fiche d’identification revêt bien sûr des niveaux de précision différents selon chacun.

fiche d'identification Cabinet des médailles
Une fiche d’identification au Cabinet des médailles et antique de la Bibliothèque Nationale de France, site Richelieu. 

Conservation et rangement des pièces 

Attention au plastique !

Il existe bien sur diverses formes de rangement, la plus simple (celle utilisée par les archéologues) consiste à placer chaque monnaie dans une pochette de papier sur laquelle sont inscrites quelques informations liées à l’identification et à les classer ensuite dans des boites. Il est maintenant également possible de trouver des pochettes plastiques subdivisées en alvéoles, qui permettent un classement plus rapide et accessible, mais qui, à terme, peuvent endommager les pièces à cause de l’humidité qui est prise au piège dans le plastique imperméable et les possibles réactions chimiques. Certains plastiques sont néanmoins utilisés par les grandes institutions, comme la Monnaie de Paris lors de la présentation et de la vente des pièces, pour allier protection et exposition. En règle générale, il faut toujours s’assurer que les matières au contact de la pièce sont neutres et sans danger : la feutrine est également une bonne solution. Enfin, il est aussi conseillé de toujours porter des gants de coton doux lors de la manipulation des pièces, car la sueur peut favoriser l’oxydation. 

Médailler en laque de Coromandel
Médailler en laque de Coromandel, conçu pour le collectionneur Jacques Pellerin (1684-1782), Bibliothèque Nationale de France

Le médaillier 

Le médaillier est le moyen le plus sûr de conserver les monnaies, certains sont des œuvres d’art à part entière, telles les superbes armoires à médailles de Louis XIV par André-Charles Boulle ou les extraordinaires médailliers en laque de Coromandel. Au XIXe siècle, le renouveau du goût pour les médailles a favorisé la production de médailliers que l’on trouve aujourd’hui aisément en salle des ventes et chez les antiquaires.

Le médaillier en bois est généralement à privilégier, car il permet une meilleure conservation de la pièce, sauf dans le cas de la conservation des éléments en plomb qui réagissent fortement aux acides organiques du bois et finissent par se désagréger. Les objets de plomb doivent ainsi être conservés à l’abri de la lumière et de l’humidité dans des armoires ou petits meubles métalliques avec des étiquettes de papier neutre. 

Ne pas nettoyer sa pièce

Une pièce rayée perd immédiatement de sa valeur, il faut donc éviter de la nettoyer au risque de l’abîmer, d’altérer sa surface et d’enlever la patine. La valeur d’une pièce, un Napoléon or par exemple, ne dépend en effet pas que de sa rareté, mais également de son état de conservation, qui est un élément déterminant du prix. Au contraire, une pièce un peu vieillie ne perd pas de sa valeur, il faut donc délaisser le côté « rutilant » de la pièce pour l’aspect « naturel », qui sera plus recherché et potentiellement moins dommageable pour l’objet.