Comment reconnaître un tableau ancien ?

Alors que le phénomène des faussaires demeure toujours un problème structurant du monde de l’art, tant pour le marché de l’art que pour les musées, il existe cependant certains éléments pouvant attester de l’ancienneté ou non d’un tableau.

Reconnaître un tableau : une question de matériaux, de style, de sujet

Pour celui qui souhaiterait dater un tableau, la première chose à faire est d’examiner le style et le sujet, mais surtout de procéder à une analyse et à un état matériel de l’œuvre. Eu égard au premier point, s’il s’agit d’un indice peu fiable, il n’est cependant pas superflu de reconnaître sur le tableau une scène de galanterie, principal sujet des productions picturales au XVIIIe siècle, notamment en France ainsi que d’identifier un certain style correspondant à une époque donnée (construction symétrique pour le classicisme, allongement des lignes et des formes pour le baroque, etc.).

Localiser et tenter également d’identifier la signature l’artiste, pour un tableau estimé à une époque postérieure au XVe siècle, en la comparant avec celles de peintures anciennes authentifiées, similaires du point de vue de la technique, du sujet ou du style. Ces indicateurs se révélant toutefois rapidement très insuffisants, il paraît très vite nécessaire de s’intéresser à la matérialité de l’œuvre. Bois, toile, huile ou tempera donnent une idée de l’âge de l’œuvre. Notons déjà que les tableaux en bois sont généralement plus anciens que les tableaux sur toile dont la datation est d’ailleurs, pour ces derniers, plus précise grâce à l’affinage progressif de la toile entre le XV et le XVIIIe siècle.

En outre, une peinture à l’huile sur toile/bois sera ainsi constituée d’un support en toile, de couches de peinture et d’un vernis. Or ces trois matériaux (toile/bois, peinture et vernis) constituent des indices précieux pour estimer l’âge du tableau : le jaunissement du vernis, les craquelures du bois, la distension de la toile, les craquelures de la couche picturale, s’ils impliquent bien souvent une restauration et des pratiques de conservation préventive, sont des attestations d’ancienneté. Porter attention au cadre et à son état, s’il s’agit du cadre originel, peut aussi vous renseigner sur l’âge du tableau.

Reconnaître un tableau ancien : se renseigner sur son histoire 

Se renseigner sur l’histoire de votre tableau permet bien souvent de donner une estimation de son âge et donc de son ancienneté. Si vous avez acquis ce tableau aux enchères lors d’une vente, le prix peut être, sous réserve d’une vente réalisée dans de bonnes conditions juridiques, un critère d’ancienneté. Garder néanmoins en tête que c’est moins l’âge du tableau que la réputation actuelle de l’artiste qui fait les prix sur le marché, ce dont témoigne d’ailleurs la vente.

Plus important est de retracer l’historique du tableau, en dressant la liste de ces lieux d’exposition et de ces acquisitions successives. Pour se faire, les documentations des musées constituent des ressources importantes : si votre tableau est, par exemple, passé entre les mains du marchand Paul Guillaume, vous trouverez au centre de documentation du musée de l’Orangerie un dossier d’œuvre retraçant de l’histoire de votre tableau et vous permettant ainsi d’estimer au mieux son ancienneté. 

L’appel à l’expert 

Si nous avons ici fourni un petit kit pour estimer l’âge de votre tableau, l’appel à un expert demeure néanmoins toujours une garantie plus sûre et un passage quasi obligé pour revendre votre œuvre. Devant l’habilité des faussaires, imitant matériaux, signature, style, l’expert sera votre meilleur guide. Ainsi, concernant la signature, celle-ci peut très bien s’avérer fausse, produit d’un faussaire très habile.

Finalement, il s’agirait même plutôt d’un élément dont il faudrait se méfier ! Historien de l’art de formation, l’expert en tableau ancien possède une véritable banque d’images mentales lui permettant d’assumer au mien son travail. Il sait dans quelles bibliothèques, dans quels fonds d’archives, quels centres de documentation se rendre afin d’estimer au mieux l’âge du tableau. Il peut également recourir à des méthodes véritablement scientifiques comme la lampe de Wood pour à les repeints et restaurations ou les rayons X (la présence d’une peinture ou d’une signature cachée).

En France, la profession n’est pas réglementée et il n’existe aucun diplôme d’état pour l’exercer. Renseigner vous donc si le cursus de l’expert : une scolarité de niveau Master à l’École du Louvre ou à la Sorbonne peuvent constituer des gages de qualité.