Le journal
Toute l'actualité de Mr Expert et du marché de l'art
Vous avez des questions ?
01 83 77 25 60
Camille Pissarro, de Pontoise à Éragny
Précurseur du mouvement impressionniste avant de s’essayer au pointillisme, Camille Pissarro (1830-1903) est l’une des figures majeures de ce XIXe mouvementé.
Les artistes de cette époque n’avaient de cesse d’expérimenter de nouvelles techniques, de trouver de nouvelles solutions à des problèmes artistiques. Décriés en leur temps, ces artistes modernes — Pissarro, Édouard Manet (1832-1883), Claude Monet (1840-1926), Georges Seurat (1859-1891) — figurent aujourd’hui parmi les plus cotés du marché de l’art.
L’œuvre de Pissarro influença de nombreux peintres parmi lesquelles Paul Cézanne (1839-1906), Paul Gauguin (1848-1903) et Armand Guillaumin (1841-1927).
Un artiste résolument moderne
Si Camille Pissarro fréquenta les milieux académiques à son arrivée sur Paris, il s’orienta rapidement vers un style résolument plus moderne, à savoir l’impressionnisme.
De l’académisme…
Camille Pissarro est né en 1830 aux Antilles sur l’île Saint-Thomas alors possession danoise. Arrivé en 1842 à Paris afin d’étudier, le directeur de son pensionnat l’encouragea à cultiver son don pour le dessin. De retour à Saint-Thomas en 1847, Pissarro apprit les rudiments du négoce et se consacra durant cinq ans au commerce familial.
Mais désireux de s’éloigner de cette vie bourgeoise Pissarro partie au Venezuela où il se consacra à la peinture jusqu’en 1854.
En 1855 il rejoignit de manière définitive la France. À Paris il fit la rencontre de Camille Corot (1796-1875) avec lequel il étudia. À la même époque, Pissarro rencontra également Eugène Delacroix (1798-1863), Gustave Courbet (1819-1877), Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) et Charles-François Daubigny (1817-1878).
Pissarro fréquenta plusieurs ateliers de l’École des Beaux-Arts de Paris ainsi que l’académie Suisse où il croisa Claude Monet, Paul Cézanne et Armand Guillaumin.
Refusées au Salon officiel, ses toiles furent exposées au Salon des refusés de 1863. Pissarro participa de nouveau à la manifestation en 1864 et 1865.
… à la peinture de plein air
Résident à Pontoise de 1866 à 1869, Camille Pissarro s’attarda à dépeindre les paysages environnants.
Il emménagea à Louveciennes en 1869, mais la guerre avec les Prussiens l’année suivante les obligea, lui et sa famille, à se réfugier en Mayenne puis à s’exiler à Londres où il retrouva Monet et Daubigny. À cette occasion l’artiste fit également la connaissance du marchand impressionniste Paul Durand-Ruel.
De retour à Louveciennes en 1871 Pissarro perfectionna son style impressionniste avant de retourner à Pontoise en 1872 où il resta dix ans.
Rouen et l’impressionnisme
La série de tableaux réalisée à Rouen illustre la période impressionniste de Pissarro, qui n’est pas sans évoquer la série exécutée par Claude Monet.
À la recherche de nouveaux motifs
Après une nouvelle décennie passée à Pontoise, Camille Pissarro ressentit le besoin de renouveler son répertoire de motifs. C’est sur les conseils de son ami Claude Monet, dont le frère vivait à Rouen, que Pissarro se rendit dans la capitale normande en 1883.
À l’occasion de ce premier séjour, Pissarro découvrit la ville et ses quais de Seine. Il exécuta un ensemble varié de dix-huit œuvres.
De retour dans la ville en 1895 il réalisa cette fois-ci des aquarelles. Puis à Paris il découvrit à la galerie Durand-Ruel la série des Cathédrales exécutée par Claude Monet entre 1892 et 1893. Frappé par le travail de son ami, Pissarro décida de retourner une nouvelle fois à Rouen afin de réaliser un ensemble cohérent.
Mais contraint par une maladie oculaire à peindre en intérieur, Pissarro aménagea son atelier dans une chambre d’hôtel. Il revint successivement en 1896 et 1898.
Les compositions de Pissarro illustrent l’activité laborieuse du port, ses docks, les ponts Boieldieu et Corneille ainsi que la nouvelle gare d’Orléans. L’artiste parvint à traduire l’atmosphère des lieux et ses variations infinies de lumière.
Dans les pas de Claude Monet
Entre 1892 et 1894, Claude Monet réalisa une série de trente tableaux sur la Cathédrale Notre-Dame de Rouen et notamment des vues du portail occidental. Les compositions furent peintes sous des angles de vues ainsi qu’à des moments différents de la journée.
Claude Monet acheva ses toiles en atelier avant d’en exposer vingt d’entre elles à la galerie Durand-Ruel en 1895.
Éragny et le pointillisme
En 1884, après de nombreux déplacements, Camille Pissarro se fixa définitivement à Éragny-sur-Epte où il put acquérir une maison grâce à un prêt de Claude Monet.
Pissarro exécuta de nombreuses toiles avec pour thèmes de prédilection ceux des pommiers en fleurs, noyer, potager ou vue depuis son atelier.
En 1885 il se lia d’amitié avec le peintre Georges Seurat et s’enthousiasma pour sa technique du pointillisme. Cette technique consiste à peindre une surface colorée avec de multiples petites touches de couleur pure. Grâce à la lumière et un effet de contraste, une couleur plus intense se recompose sur la rétine sur spectateur. Georges Seurat élabora cette technique sur la base des travaux du chimiste Michel-Eugène Chevreul (1786-1889) avec d’être théorisée par Paul Signac (1863-1935).
S’il s’essaya à cette technique durant plusieurs années, Camille Pissarro finit par l’abandonner. En effet, le pointillisme demandait un important effort de synthèse ce qui était contradictoire avec l’attention impressionniste aux effets atmosphériques changeants. Par ailleurs, la régularité et la finesse de la touche pointilliste exigeaient un temps d’exécution très long. Enfin, son marchand, Paul Durand-Ruel, n’était pas favorable à cette technique.
Ainsi, Pissarro développa d’autres techniques à la gouache et à l’aquarelle. Il s’éloigna définitivement du postimpressionnisme au début des années 1890.