Pendule « tête de poupée », époque Louis XIV

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Qu’est-ce qu’une pendule dite « tête de poupée » ?

Une nouvelle conception de la pendule

La fin du XVII^e siècle marque un tournant dans la confection du mobilier et des pendules, principalement considérées jusqu’ici comme objet d’utilité. Ces dernières, alors rectilignes et sobres adoptent sous l’époque de Louis XIV et tout au long de la régence un style présentant davantage d’élaboration et de complexité. À l’image des nouvelles attentes de la cour, les pendules s’intègrent désormais à l’ameublement. Elles se doivent d’être des éléments de décoration et d’apparat, et mettent plus avant la puissance et le rayonnement du royaume.

En tant que premier ébéniste du roi, André Charles Boulle remet au goût du jour une technique de construction : la marqueterie Boulle. Elle consiste à superposer divers matériaux selon une méthode de « courbe » et de « contre-courbe ». Parmi eux, nous retrouvons des supports nobles, et en majorité l’étain, le laiton, l’ébène, le bronze ou encore l’écaille de tortue. 

En parallèle, l’architecte Daniel Marot apporte une forte influence artistique à travers ses dessins, ses planches et ses gravures de plafonds. Il inspire aux ornemanistes une multitude de détails tout en feuillages et en arabesques.

Singularité des pendules « tête de poupée »

Dès lors construite avec un désir d’esthétique plus recherché, les horlogers ne dérogent pas à cette influence aujourd’hui nommée « style Louis XIV ». Ils s’inspirent de ces techniques, adoptant plus de finesse dans l’élaboration de leurs pendules et font ainsi naître les pendules dites « têtes de poupées ». Celles-ci sont reconnaissables par cette alliance des matières, et donc de couleurs alors en vogue. Nous les remarquons également par leurs quatre pieds qui peuvent être en forme de griffes ou de toupies sur lesquels leur socle est fixé. Leur taille est moins imposante que celles réalisées auparavant, se situant souvent entre 40 et 60 cm de hauteur. Quant à leur forme plus souple, elles sont désormais violonées et arrondies aux sommets et sur les côtés.

Cote des pendules « tête de poupée »

Une mode passagère sous Louis XIV

                Peu à peu et jusqu’au règne de Louis XV, de nombreuses pendules construites sur ce modèle de pendule « tête de poupée » vont agrémenter les consoles et cheminées de la noblesse française. Pourtant, cet attrait finit par s’estomper progressivement et ne survit pas à son siècle. Bien que certains fabricants continuent d’en réaliser après la régence, la production des pendules à « tête de poupée » ne dure pas. 

De plus, le prix d’un tel objet à l’époque, et le travail d’orfèvre qu’il nécessite, accru par les matériaux précieux utilisés, restreint sa possession à une infime partie de l’aristocratie. L’esthétique riche et subtil, qui primait sur l’aspect massif des pendules des siècles précédent a également abouti à des pendules « têtes de poupées » plus fragiles et délicates, en faisant un objet rare. 

Rareté et prestige des pendules « têtes de poupées »

De grandes figures comme celle de Madame de Maintenon, épouse cachée de Louis XIV, en possédait notamment une. Celle-ci est aujourd’hui encore conservée au château de Fontainebleau, au sein du cabinet de travail de la marquise. Le château de Vaux-le-Vicomte permet également d’admirer ces pendules d’exceptions, ainsi que le Musée des Beaux-Arts de Dijon. Cependant, il n’est pas facile de s’en procurer et les pendules « têtes de poupées » signées par les plus grands noms de l’horlogerie française sont conservées avec beaucoup d’attention dans des musées ou des collections privées. C’est pourquoi aujourd’hui, outre la beauté perçue pour l’objet lui-même et le mécanisme ancien qui attire les amateurs d’objets d’art ou d’horlogerie, les pendules « tête de poupée » sont particulièrement enviées sur le marché de l’art et prennent de la valeur du fait de leur rareté. 

Coût d’une pendule « tête de poupée » 

Prix de ventes aux enchères actuelles

Les prix pour l’achat d’une pendule « tête de poupée » sont estimés entre 2 000 et 35 000 euros. Cette gamme est particulièrement large, car le coût moyen varie en fonction de la taille de l’objet, des matériaux utilisés, de son histoire ou encore de l’état du mécanisme de l’horloge. Ainsi, le coût dépend de nombreux critères. Pour certaines pendules réalisées par de grands créateurs du XVII^e siècle, parmi lesquels Balthazar Martinot, Louis Baronneau, tous deux horlogers royaux, les prix vont bien au-delà de cette gamme. Actuellement, une pendule « tête de poupée » en marqueterie Boulle signée Jean Godde Lainé a été estimée entre 50 000 euros et 60 000 euros. Elle a finalement été vendue aux enchères à 45 000 euros. 

Pour les pendules « tête de poupée » produites non pas à l’époque Louis XIV, mais ayant conservé ce style à la fin XVIII^e siècle, l’on peut trouver des prix moindres, estimés de nos jours aux alentours de 2000 euros.

Un savoir-faire technique très prisé

Enfin, l’achat ou la vente d’une pendule « tête de poupée » peut impliquer des réparations du fait de leur ancienneté ou de leur fragilité. Pour effectuer ce genre de restauration, l’horloger, à moins d’être spécialiste de la marqueterie Boulle doit souvent combiner son talent avec celui d’un ébéniste, voire d’un marqueteur. Il s’agit en effet d’un savoir-faire ancien recherché lorsque l’on s’intéresse à un tel objet de prestige, et d’une technique rare aujourd’hui. En effet, les constructeurs de pendules « tête de poupée » de l’époque Louis XIV se gardaient bien souvent de diffuser leurs secrets et leurs méthodes de fabrication. 

Aussi, pour toutes ces raisons et afin d’être certain du juste prix lors de l’acquisition ou la vente d’une pendule « tête de poupée », il est primordial de faire expertiser cette dernière par un professionnel qui saura examiner l’objet et conseiller au mieux l’acheteur. 

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