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L’art populaire français
Les maisons de ventes aux enchères proposent assez régulièrement des ventes d’art populaire et de curiosités. Mais qu’est-ce que réellement l’art populaire français ?
L’art populaire s’applique à deux types de créations, soit les objets de la vie quotidienne fabriqués de façon artisanale soit les productions de groupes sociaux appartenant à des sociétés préindustrielles. L’intérêt pour l’art populaire n’est pas nouveau, mais il n’est pas non plus très ancien, il remonte essentiellement au XIXe siècle et est en étroite corrélation avec la naissance de la notion de folklore et des missions ethnologiques et ethnographiques françaises. Ainsi, les créateurs du Musée National d’Arts et Traditions Populaires de Paris avaient, dans un premier temps, songé à l’intituler Musée du Folklore.
Histoire du folklore et de l’art populaire
On considère que les études folkloriques naissent au XVIIIe siècle grâce à l’entreprise encyclopédique de Diderot et d’Alembert. Puis, quelques décennies plus tard, en Allemagne, les frères Grimm reprennent les contes de la tradition orale germanique et écrivent des livres d’érudition sur les fables populaires. Ce sont les premiers balbutiements d’une Europe qui commence à se passionner pour la culture populaire. En France, à la Révolution on cherche à collecter de manière exhaustive les usages et les savoirs populaires via des sociétés savantes, comme l’Académie Celtique. Très vite, scientifiques, historiens et écrivains s’enthousiasment à l’idée de ces nouvelles recherches qui se diffusent par l’intermédiaire de Chateaubriand ou encore Georges Sand, qui, passionnée de folklore berrichon, crée le genre du roman champêtre.
De 1820 à 1863, le Baron Taylor publie quant à lui plusieurs volumes de Voyages pittoresques et romantiques de l’ancienne France, où sont décrits les rites, les fables, mais aussi costumes régionaux. La vie paysanne s’introduit dans la peinture, notamment dans les œuvres de Millet, qui met en valeur les rites paysans comme dans L’angélus, 1857, Musée d’Orsay. Le folklore régional connaît un immense succès dans toute l’Europe, surtout en Angleterre, en Allemagne et en France où on commence à répertorier les traditions locales et rassembler des objets. De 1886 à 1918 paraît ainsi la Revue des Arts et Traditions Populaires, dans laquelle les biens matériels prennent une très grande place. Parallèlement, six musées de régions ouvrent avant la Première Guerre mondiale. De même, en 1888 ouvre « la salle de France » au musée du Trocadéro qui expose des mannequins en costume régionaux dans des intérieurs reconstitués, où les objets traditionnels sont mis en valeur.
Il faut cependant attendre 1937 pour que la culture populaire soit reconnue comme artistique et étudiée pour elle même, notamment grâce à l’instigation de Georges-Henri Rivière, qui dirige le Musée des Arts et Traditions Populaires (ouvert cette année-là à Paris) et qui enseigne les études folkloriques à l’École du Louvre. Rivière relance également les enquêtes liées au mobilier régional (plus de 1500 monographies consacrées au sujet sont publiées entre 1940 et 1945), à l’architecture et aux techniques. Ainsi, il accumule énormément d’objets régionaux, décrits et inventoriés minutieusement. D’autre part, le laboratoire d’ethnologie, accolé au musée réalise des missions sur le terrain qui durent pendant des mois voir des années ; les études de terrains et leurs monographies s’enchaînent.
Enfin, Van Gennep avec son livre Manuel du folklore français, 1943-46, ancre la culture et les arts populaires dans l’actualité et révèle leur caractère vivant et contemporain.
Les arts populaires
Le domaine des arts populaires n’a cessé de s’étendre au fur et à mesure que croissaient les études folkloriques. Au début, seul le costume régional était considéré comme un artefact relevant de l’art populaire, aujourd’hui, on considère un champ de productions beaucoup plus large : des poteries de Saintonge aux coffrets auvergnats en passant par les abreuvoirs à oiseaux en verre du XVIIIe siècle, comme celui conservé au MUCEM, tout cela relève de l’art populaire. Comment alors classifier une production aussi large ?
On peut distinguer trois sources de production dans les arts populaires :
- La fabrication domestique, qui requiert l’utilisation de matériaux assez simples comme le bois et la corne, récupérés dans l’environnement immédiat. Les techniques d’assemblage sont rudimentaires et décor très spécifique, fait de compositions géométriques simples, réalisées au compas ou au couteau. On confectionne alors en bois l’outillage, mais également la vaisselle (pots, bols, cuillères), les coffres, les quenouilles, les plioirs à dentelles, etc. La corne quant à elle sert souvent à la fabrication de tabatières ou cornes à poudre. La vannerie, qui est souvent de fabrication artisanale, peut également être l’apanage de la fabrication domestique, pour les bouquets de moisson par exemple.
- La fabrication artisanale se distingue de la fabrication domestique par l’élaboration des outils. Les artisans travaillent le bois (luthiers, tonneliers), mais maîtrisent également les arts du feu qui sont absolument nécessaires à la création d’objets métalliques, du verre ou encore de la céramique
- L’art semi-industriel, comme dans le cas de la manufacture de poterie d’Henrichemont, qui dès 1785, est qualifiée de « très considérable », mais qui ne réussira pas le grand saut industriel comme Limoges.
L’art populaire concerne également tous les objets qui emplissent la vie quotidienne, les almanachs, les calendriers, les jouets, certains ustensiles, les images d’Épinal, etc. De plus, aujourd’hui une branche de l’artisanat d’art se consacre à perpétuer les traditions locales en confectionnant des objets inspirés de l’art populaire.
L’art populaire sur le marché :
Comment expliquer un tel engouement pour les arts et traditions populaires ? Car ils sont les derniers témoins de la vie quotidienne de sociétés disparues ou en voie de disparition. Aujourd’hui, les musées s’attachent de plus en plus à leur représentation, comme dans le cas du Victoria and Albert Museum de Londres ou encore du MUCEM de Marseille.
Sur le marché, les arts populaires, qui sont également parfois appelés objets de curiosités, ont également leurs amateurs et collectionneurs qui n’hésitent pas à faire monter les enchères lorsque l’objet est rare et ancien. Ainsi, en 2010, lors de la dispersion à Drouot de la collection de ferronnerie de Michel Rullier ont été vendus nombre d’objets remarquables comme une Clé des Doges du XVIe siècle, préemptée par le musée de la ville de Rouen pour plus de 23 700 euros. Notons aussi que de nombreux objets, qui paraissent simples au premier regard, décrochent parfois de belles enchères, comme cette tabatière en buis vendue 1 200 euros en juin 2015 chez Pierre Bergé, doublant ainsi son estimation. N’hésitez donc pas à faire estimer vos objets chez Mr Expert car même les artefacts les plus simples d’apparence peuvent trouver leur place dans une collection d’art populaire.