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Comment bien conserver son tableau ?
Vous possédez un tableau et vous souhaitez savoir comment le protéger des altérations ? Dans cet article, nous vous conseillons pour conserver votre tableau dans les meilleures conditions, afin d’éviter sa dégradation au cours du temps.
S’il est possible d’éviter les dégâts importants, il est intéressant de noter que votre tableau présentera naturellement des signes de vieillissement (altération de la couche picturale, jaunissement du vernis…) après plusieurs années de vie. La plupart des altérations et dommages que peut subir un tableau sont réparables.
Choisissez le bon endroit pour exposer ou stocker votre tableau
Evitez la lumière solaire directe
Une exposition directe à la lumière du soleil ou à une lumière forte peut agir sur la pigmentation de la peinture et également l’assécher. La lumière du soleil, connue pour son effet décolorant, peut en effet réduire la vivacité des couleurs de la peinture, voire les estomper. Des parties du tableaux peuvent, dans certains cas, complètement s’effacer : on dit alors que le tableau a subi une insolation.
Si la peinture sèche, elle peut être sujette aux craquelures ou à l’écaillement : la peinture s’effrite, s’écaille et crée des zones lacunaires, qui peuvent s’étendre à l’ensemble de l’œuvre si elles ne sont pas traitées. C’est notamment le cas pour les gouaches, dont la composition chimique sèche facilement, et au niveau des empattements de peinture.
Si les soulèvements d’écailles peuvent être traités par des restaurateurs de tableaux, des lacunes ou une dépigmentation importantes sont plus difficilement récupérables. Evitez donc d’exposer vos tableaux en plein soleil, notamment en été.
Limiter les variations de température et d’humidité
La prise en compte de la température et de l’hygrométrie est très importante pour conserver ses tableaux. On parle souvent de l’idéal de 45-55 % d’humidité relative et 18-22 °C en température. En réalité, l’idéal pour la conservation est la stabilité au niveau des températures et de l’hygrométrie. Il faut donc limiter le plus possible les variations de températures et d’humidité, surtout brutales, qui peuvent favoriser les déformations et les phénomènes de soulèvements ou de craquelures.
Évitez donc de positionner votre tableau au niveau d’une fenêtre, car il risquerait d’être sujet à de nombreuses variations au cours de l’année voire de la journée. De même, évitez la proximité avec les sources de chaleur (radiateurs, chaudière…), les pièces froides et les pièces humides (salles de bain).
Soyez attentifs à l’évolution de votre tableau ; s’il présentent des changements, c’est peut-être qu’il a subi un choc thermique.
Gardez le lieu de conservation propre
Gardez vos œuvres à l’abri de la poussière
Au fil du temps, il est normal que votre tableau accumule de la poussière, notamment s’il est exposé. Les dépôts de pollution sont naturels et ils restent en surface du tableau, n’affectant pas vraiment la couche picturale. Les tableaux non vernis sont particulièrement concernés puisqu’ils ont tendance à accrocher davantage la poussière.
Dans la plupart des cas, une simple intervention de décrassage peut suffire. L’intervention peut être réalisée de manière régulière afin de limiter l’obstruction visuelle du tableau. Demandez à un professionnel de la réaliser et ne le faites pas seul : exit donc les recettes de grands-mères avec des fruits et légumes, qui risquent davantage de tâcher le tableau et d’y laisser des dépôts d’aliments corrosifs pour la peinture. Vous pouvez cependant attraper les peluches de poussières déposées sur le cadre ou la surface du tableau à l’aide d’un plumeau doux et destiné à cet effet, de manière préventive.
En revanche, soyez particulièrement vigilants concernant les tableaux stockés : la poussière est un terrain nutritif pour les moisissures et les insectes et favorisent leur présence, d’autant plus que l’empoussièrement est généralement combiné à un fort taux d’humidité, elle aussi favorable aux moisissures. Ceux-ci peuvent s’attaquer à la toile ou à la couche picturale du tableau et y faire des dégâts conséquents. Evitez donc de stocker vos œuvres dans des endroits empoussiérés et non aérés.
Evitez les résidus alimentaires
De même qu’il faut être vigilant à l’accumulation de poussière, veillez à ce qu’il n’y ait pas de restes d’aliments près de vos œuvres ; les miettes et autres déchets attirent les insectes, qui peuvent aller se nicher dans le tableau et se délecter des mastics, de la peinture ou de la toile, laissant derrière eux trous et chiures. Leur présence est généralement indiquée par la présence de poudre brunâtre, de points noirs, ou de trous à l’aspect « grignotés ». Ils peuvent, de plus, s’attaquer à toute une collection d’objets stockés à un même endroit. Evitez donc de stocker vos œuvres près d’une réserve alimentaire ou du local poubelle, par exemple.
Eloignez les rongeurs
Les rongeurs sont eux-aussi attirés par les restes alimentaires, ils vont l’être d’autant plus par la matière des toiles : ils la grignoteront allègrement pour se construire des nids voire éliront domicile dans le tableau-même. Pour prévenir les dégâts causés par les souris et autre animaux friands de toile, vous pouvez stocker vos œuvres en hauteur. Si vous pensez utiliser des répulsifs, gardez en tête qu’ils peuvent tâcher les tableaux.
Adaptez les modes d’accrochage et de conservation à votre tableau
Plus de la moitié des demandes en restauration porte sur des dommages liés à un mauvais accrochage ou à une mauvaise manipulation des œuvres. Essayez donc d’adapter le plus possible les modes d’accrochage à votre tableau, afin de limiter les risques d’endommagement.
Vous pouvez, par exemple, utilisez un cadre avec un fond afin que les bords n’exercent pas de pression sur ceux du tableau, type cadre Caisse américaine. Evitez de manière générale de toucher les bords de la toile, et placez de préférence un dos protecteur entre le tableau et le fond du cadre. Demandez conseil à un spécialiste de l’encadrement si votre tableau a des besoins spécifiques (un vitrage anti-condensation, par exemple). Privilégiez aussi des câbles en acier, qui permettront de répartir les attaches et la charge aux quatre coins du tableau.
Concernant la conservation, utilisez si possible des pochettes de conservation, non acides et à réserve alcaline. Séparez au minimum les tableaux les uns des autres pas une feuille de papier non acide, ou du coton blanc préalablement lavé. Utilisez des tissus et papiers neutres, non colorés.
Aérer vos collections et surveillez vos œuvres
N’oubliez pas vis tableaux au fond d’un grenier et pensez à les aérer régulièrement (tous les 3 à 6 mois), surtout si vous les stockez. Cela permettra d’éviter les effets de l’empoussièrement et de l’humidité.
Dans le même temps, aérer vos œuvres est l’occasion de les examiner afin d’observer des anomalies (apparitions de tâches, déchirures, écaillements…). En fonction des changements que vous observez sur vos œuvres, contactez un restaurateur qui pourra vous orienter vers la démarche à suivre ou intervenir sur le tableau. Pour connaître les différentes anomalies auxquelles un tableau peut être sujet, consultez notre article sur le sujet.
Evitez la manipulation de vos oeuvres
Manipuler vos œuvres peut les dégrader : l’acidité des doigts peut agir sur les vernis et pigments de la peinture, et un accident et vite arrivé (déchirure, déformation…). Ne manipulez donc pas à outrance vos œuvres ou faîtes-le prudemment : ne touchez pas la peinture, saisissez la toile par les côtés, utilisez si possible des gants.
Si vous devez transporter votre œuvre, protégez-la avec du papier bulle ou du polystyrène et placez-la dans une caisse de transport rigide adaptée à la taille et à la nature de l’œuvre. Pour les œuvres les plus volumineuses, contactez des transporteurs de tableaux spécialisés.
Consultez un professionnel de la conservation-restauration
Consultez un préventeur en conservation
Si vous voulez obtenir des conseils personnalisés pour la conservation de votre œuvre, n’hésitez pas à consulter un préventeur consultant. Généralement eux-mêmes conservateurs-restaurateurs, ils sauront vous préciser les risques qu’encourent votre œuvre selon les techniques utilisées, la nature de l’œuvre, ses dimensions, son âge… et vous décrire les meilleures conditions pour l’exposer ou la stocker.
Si vous remarquez des évolutions de votre œuvre
En examinant régulièrement vos tableaux, notamment ceux qui ne sont pas exposés, vous pourrez observer rapidement des changements ou des anomalies au niveau de la toile, du châssis ou de la couche picturale. Demandez alors conseil à un restaurateur de tableaux ; il pourra faire un constat d’état du tableau et proposer des interventions de restauration. Plus vous réagirez vite, plus les états du tableau et de la collection pourront être stabilisés, afin d’éviter une dégradation irréversible. N’hésitez pas non plus à demandez un devis de restauration pour des interventions préventives, notamment en ce qui concerne le décrassage.
Nous espérons que ces conseils vous seront utiles pour conserver vos tableaux et peintures. Cet article a été en partie rédigé grâce aux conseils d’Alice Panhard, conservatrice-restauratrice de tableaux.
Si vous possédez un tableau ancien, moderne ou contemporain et que vous souhaitez le faire estimer, n’hésitez pas à contacter l’équipe Mr Expert via notre formulaire de demande d’estimation en ligne.
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