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Comment traiter les altérations de peintures et supports de tableaux ?
Vous disposez d’un tableau et vous souhaitez le faire restaurer ? Dans cet article, Mr Expert vous partage les principaux éléments pour entretenir ou restaurer une peinture ancienne.
Les tableaux, leur couche picturale ou leur support, peuvent être sujets à de nombreuses altérations naturelles, ou liées à de mauvaises conditions de conservation ou de manipulation.
Nous aborderons les types d’altérations de la couche picturale, de la toile et du support les plus fréquents : des zones lacunaires et soulèvements de couche picturale, déchirures et trous, détachement des supports, défauts de tension (gondolement, déformations), moisissures. Nous verrons pour chaque type d’altération les interventions qu’un conservateur-restaurateur est capable d’effectuer, afin de les traiter.
En préambule, il convient également de préciser qu’il est fortement recommandé de consulter un spécialiste de la restauration d’œuvres et d’objets d’art afin de savoir si une intervention d’entretien ou de restauration est nécessaire.
Nous avons rédigé cet article suite aux interviews d’Alice Panhard et Fleur Foucher, toutes deux restauratrices-conservatrices de tableaux, et que nous remercions vivement.
Les altérations de la couche picturale
La couche picturale correspond à la ou les couches de peinture, posées sur un support. Un tableau peut n’avoir besoin que d’une opération de nettoyage [lien article], ou bien d’opérations plus poussées en fonction des altérations qu’il présente, les plus courantes étant :
Les zones lacunaires et soulèvements de couche picturale
Un tableau peut présenter des zones lacunaires, matérialisées par un soulèvement de la couche picturale : celle-ci se craquelle, se décolle, et tombe. Les zones lacunaires sur les peintures peuvent être dues à des chocs, à des défauts de mise en œuvre ou à une mauvaise conservation de l’œuvre, notamment l’exposition de la peinture dans une zone avec un taux d’humidité très fort ou très variable.
La plupart du temps, le soulèvement est une altération évolutive qui peut s’étendre et affecter conséquemment l’œuvre. Dès lors que l’on repère une zone lacunaire, il est donc nécessaire de faire appel à un restaurateur. Le professionnel peut apporter des solutions pour éviter que le tableau ne s’abîme davantage. Il va pouvoir infiltrer de la colle sous les écailles pour qu’elles adhèrent à la toile et venir placer un mastic de comblement avec pinceau ou spatule afin d’égaliser la surface. Le but est de choisir des matériaux de retouche compatibles avec la matière originale afin que la restauration se fonde dans la peinture. Cependant, les restaurateurs n’ont pas le droit d’utiliser la même matière chimique que l’œuvre pour leurs retouches. En effet, les couches de peinture doivent rester distinctes chimiquement pour que les experts des siècles à venir puissent identifier les restaurations opérées.
Les altérations de la toile et du support
Déchirures et trous
Dans certains cas, des tableaux peuvent présenter des enfoncements voire même des trous ou des déchirures. Les toiles sont alors distendues et les œuvres déformées. Cela est dû dans la plupart des cas à des chocs, des chutes ou dans des cas plus rares, à des actes de vandalisme.
Si vous possédez un tableau déchiré, le plus simple est de contacter un professionnel qui pourra poser un diagnostic propre à l’œuvre. Ces cas de réparation sont complexes, car ils nécessitent une précision chirurgicale. Il s’agit dans un premier temps de remettre dans le plan les bords soulevés puis d’apporter de chaleur ou de l’humidité à la toile pour retrouver une surface plane. Une fois ce travail préparatoire effectué, le restaurateur peut passer à une intervention locale avec des micro sutures réalisées grâce à des fils chirurgicaux. Tout tableau, même très abîmé, peut être réparé.
Gondolement et déformation des toiles
Il arrive que certains tableaux présentent des gondolements à la surface de leur toile. Ce phénomène apparaît lorsque l’œuvre est soumise à une variation climatique de l’endroit où elle est conservée. Par exemple, les peintures qui ornent les murs des églises sont très souvent sujettes à ce genre de situation, car elles sont exposées à un fort taux d’humidité. Dans ce cas, on remarque que le support en toile des œuvres se rétracte ou gonfle. Le gondolement risque d’être encore plus marqué si le tableau présente un défaut de mise en œuvre initiale comme une toile trop lâche par exemple.
Pour éviter l’apparition de gondolement sur vos toiles, nous vous conseillons de surveiller de près ses conditions de conservation. Si la toile se trouve dans un endroit trop humide, il est préférable de modifier son emplacement. Si les gondolements sont déjà présents, vous pouvez faire appel à un professionnel qui saura choisir un traitement adapté comme un remplacement du châssis.
Détachement de supports
Un tableau peut présenter des signes de détachement du support, provoqués par un choc, un défaut de mise en œuvre (châssis non adapté à la toile, par exemple) ou des mauvaises conditions de conservation. Le détachement du tableau sur le support peut se manifester par de larges déchirures sur les côtés, un châssis visiblement endommagé voire une toile tombante.
Si votre tableau présente des signes de détachements de support, nous vous invitons à consulter un professionnel de la restauration, qui pourra étudier votre œuvre et éventuellement procéder à un rentoilage. Ce procédé consiste à séparer le tableau de son châssis original, afin de le reclouer sur un support neuf. L’intervention est généralement sans risque, même si la mise à plat de la toile peut altérer les reliefs et impastos de la couche picturale.
Les moisissures
Beaucoup de tableaux qui composent les collections privées ont des moisissures sur la couche picturale ou bien plus fréquemment au revers de la toile. Elles se matérialisent par des points blanchâtres qui se développent très rapidement sur le tableau et même sur d’autres objets de la collection. Il faut donc être très vigilant avec ce problème et surveiller l’éventuelle apparition des moisissures tous les 3 à 6 mois. Si vous repérez des taches blanches sur une de vos peintures, prenez des photos et envoyez-les à un restaurateur qui pourra se déplacer et faire des prélèvements afin d’identifier leur nature et ainsi proposer un traitement adapté.
Nous remercions très sincèrement Alice Panhard et Fleur Foucher de leur conseils pour conserver et faire restaurer un tableau.
Pour en connaître davantage sur les conditions optimales de conservation, nous vous invitons à lire notre article.
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