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Dessin ancien : techniques et conseils d’identification
L’auteur antique Pline l’Ancien raconte dans son Histoire Naturelle que la pratique du dessin remonte à la nuit des temps et nous conte l’histoire de la fille de Dibutade, qui, amoureuse d’un jeune homme, entoura d’une ligne l’ombre portée de son visage. Ainsi, les murs, les papyrus ou les parchemins peuvent constituer des supports au dessin ; cependant, le papier, inventé en Chine au IIe siècle avant J.-C. supplante tous les autres supports en Occident dès le XIVe siècle. Le dessin en lui-même se divise en deux grandes catégories : les techniques sèches et les techniques humides.
Les techniques sèches du dessin
Les techniques sèches du dessin recouvrent plusieurs instruments et procédés. Tout d’abord, la pointe métallique qui est une technique connue depuis l’Antiquité et dont font partie le stylet, la pointe de plomb et la pointe d’argent. Le stylet utilise le même procédé qu’en gravure, c’est-à-dire une incision, il n’y a donc pas de dépôt de matière sur le papier. Cette technique est très utilisée pour marquer les grandes lignes des dessins d’architecture comme dans le cas de la Vue de la cathédrale de Rouen, anonyme, XVIIIe siècle, conservée au Musée des Beaux-Arts de la ville. La pointe de plomb quant à elle est utilisée très tôt et jusqu’au XVIIIe siècle, essentiellement pour les esquisses, car le papier n’a pas besoin d’être préparé et le trait est aisément effaçable à la mie de pain. Enfin, la pointe d’argent fut beaucoup utilisée en Italie et en Allemagne, du XIVe à la fin du XVe siècle, pour ensuite réapparaitre au XIXe siècle. Elle permet un tracé allant du gris clair au gris foncé. Dans ce cas, le papier doit être préalablement préparé, on n’utilise donc pas cette technique pour les esquisses, elle est d’ailleurs souvent employée sur des papiers teintés en complément d’autres techniques. La pointe d’argent est assez reconnaissable puisque la trace s’oxyde avec le temps, devant plutôt brune, comme on peut l’observer sur L’autoportrait de Hans Holbein, conservé au musée Condé de Chantilly.
Les pierres font également partie des techniques sèches. Elles sont de trois types, la pierre blanche (craie), la noire et la sanguine. Elles peuvent être naturelles, reconstituées ou artificielles à partir du XIXe siècle. Ces trois pierres utilisées ensemble forment la technique des « trois crayons ». La pierre noire, appelée « pierre d’Italie » est utilisée par les artistes de la Renaissance pour remplacer le fusain et est la technique de prédilection des dessinateurs avant d’être remplacée par le crayon. La sanguine quant à elle désigne tout autant le matériau que le dessin ; il s’agit d’une argile naturelle dont la couleur varie, plutôt rouge orangé au XVIe siècle puis plus foncée au XVIIIe siècle. Elle est idéale pour rendre le modelé et les carnations, mais est très sensible au frottement et à l’eau. On l’utilise également parfois pour réaliser des contre-épreuves de sanguine (transfert d’une sanguine sur un autre papier). Attention, dès le XVIIIe siècle les artistes réalisent des œuvres « en manière de sanguine », qui ne sont pas des dessins, mais des gravures !
Les deux dernières techniques sèches sont le crayon graphite et le fusain. Le crayon graphite, un minerai de carbone cristallisé est popularisé vers 1560 en Angleterre. En 1794, en raison d’un problème d’approvisionnement, Nicolas-Jacques Conté reçoit un brevet de création d’un crayon graphite artificiel, le crayon Conté est né ! Quant au fusain, bâtonnet de charbon de bois carbonisé, c’est une technique très ancienne qui remonte à la préhistoire. Il sera très utilisé durant la renaissance, car c’est un matériau très souple, mais néanmoins très volatile, il faut donc souvent utiliser un fixateur pour le maintenir sur la feuille, ce qui provoque son jaunissement. Ce jaunissement de la feuille est bien reconnaissable par les experts et est utilisé parfois de manière préméditée par les artistes pour créer des jeux d’estompe, comme Matisse comme dans son dessin Jeune fille endormie, du musée des Beaux-Arts de Besançon.
Les techniques humides du dessin
Les encres, appliquées avec une plume, sont les matériaux majoritaires des techniques humides. Le dessin à la plume et à l’encre permet de mettre en évidence les lignes tout en suggérant le modelé ; il peut également être utilisé pour les lavis, c’est à dire dilué dans de l’eau. Depuis le XVIe siècle, le lavis est très utilisé pour colorier un dessin ; il se distingue de l’aquarelle, car est en général monochrome et sert à rehausser le dessin et non pas à peindre directement. Les différentes encres sont aisément reconnaissables pour un œil averti : l’encre métallo-gallique (très utilisée dès le XIIe siècle) s’oxyde, devient brune et laisse même parfois des traces de corrosion, facilement repérable par les experts. Le bistre, très utilisé au XVIe et XVIIe siècle notamment pour des lavis, a une couleur assez chaude et transparente, il est facilement identifiable, car il pénètre rapidement dans le papier et apparaît au verso. Le sépia enfin, encre naturelle provenant de la poche de la seiche, est insoluble et fut surtout utilisée au XIXe siècle.
Les différentes encres sont aisément reconnaissables pour un œil averti : l’encre métallo-gallique (très utilisée dès le XIIe siècle) s’oxyde, devient brune et laisse même parfois des traces de corrosion, facilement repérable par les experts. Le bistre, très utilisé au XVIe et XVIIe siècle notamment pour des lavis, a une couleur assez chaude et transparente, il est facilement identifiable, car il pénètre rapidement dans le papier et apparaît au verso. Le sépia enfin, encre naturelle provenant de la poche de la seiche, est insoluble et fut surtout utilisée au XIXe siècle.
Les techniques colorées, la gouache, l’aquarelle, le pastel et la peinture à l’huile sont également fort utilisées dans le dessin. La gouache blanche, par exemple, est utilisée pour des rehauts de couleurs, comme chez Dürer (Étude de mains, Madrid, musée du Prado). L’aquarelle, dont les propriétés sont très proches de la gouache, a connu son âge d’or au XIXe siècle, bien qu’elle ait été utilisée dès le XVe siècle. Le pastel enfin est une pâte colorée formée de pigments broyés et associés à une charge et à des liants, le tout monté en bâtonnets. Il s’agit donc d’une technique picturale, qui permet un trait large et poudreux et une grande variété de teintes. Cette technique, bien que fragile, résiste assez bien à la lumière, caractéristique rare pour un dessin. On peut notamment l’admirer au département des arts graphiques du Musée du Louvre, dans l’Autoportrait aux bésicles de Jean-Siméon Chardin, daté de 1771.
Notons que les collectionneurs de dessin sont très nombreux en France et sont souvent de fins connaisseurs, passionnés par le sujet et dotés d’un œil averti. Les salons du dessin se font de plus en plus nombreux, cabinets de merveilles où les plus belles feuilles s’arrachent à prix d’or. Le marché du dessin ancien a de beaux jours devant lui, n’hésitez donc pas à demander une expertise !