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Comment reconnaître l’iconographie d’Adam et Ève ?
L’Histoire d’Adam et Ève
L’histoire d’Adam et Ève prend ses sources dans le récit de la Création, plus précisément dans les premiers chapitres du Livre de la Genèse. Yahweh (Dieu) crée d’abord l’homme en puisant dans la poussière du sol, il crée ensuite le paradis terrestre, le jardin d’Eden, que l’homme est chargé de cultiver et de garder. Puis, selon le récit, Yahweh crée la femme à partir d’une côte de l’homme, qu’il avait préalablement fait tomber dans un profond sommeil. Tous deux vivent nus et heureux, jusqu’à ce que le serpent tente la femme de prendre un fruit sur l’arbre de la science. Celle-ci en mange, l’homme aussi. Alors tous deux eurent conscience qu’ils étaient nus et en eurent honte. Yahweh, après les avoir revêtus de peaux de bêtes, les chassa du paradis terrestre.
L’histoire d’Adam et Eve est l’une des plus connues et des plus discutées, tant dans la tradition juive que la tradition chrétienne. Saint Paul assimile ainsi le Christ à la figure du premier homme, le qualifiant de « nouvel Adam », il est également parfois rapproché des thèmes mythologiques et notamment d’Orphée puisque, comme lui, il règne sur toutes les bêtes. Quant à Eve, elle est désignée par la Bible comme la mère de tous les vivants, ainsi elle symbolise souvent l’Église elle-même, en étant alors confondu avec la Vierge.
Les représentations artistiques
Le thème d’Adam et Ève offre la rare occasion pour les artistes d’associer la nudité à un thème biblique. Les représentations d’Adam varient, il est tout d’abord représenté imberbe à l’époque paléo-chrétienne puis barbu. On le reconnait également à la présence d’un piédestal ou d’une colline et parfois d’animaux. Eve est représentée nue et associée à Marie, la seconde Ève.
La création d’Eve
Cet épisode est très largement représenté depuis l’antiquité paléo-chrétienne jusqu’au début du XVIIIe siècle. En effet, le thème prête à des représentations intéressantes, l’extraction de la côte, la formation d’Eve sortant du corps d’Adam ou bien déjà toute formée, se dressant à ses côtés.
Au Moyen-Age et au XVIe siècle, ce thème est particulièrement abordé. Michel Ange représente ainsi l’épisode de la naissance d’Eve au plafond de la chapelle Sixtine, réalisé entre 1508 et 1510, dans une travée consacrée à l’allégorie de l’Église.
La chute
Ce thème, encore plus que le précédent, est surabondamment représenté, en cela qu’il est chargé de symbolisme.
À l’époque paléo-chrétienne et durant le haut Moyen Âge (du Ve au Xe siècle), on lie cet épisode au salut du défunt, donc la mort est la conséquence de la Chute d’Adam et Eve. Les représentations surviennent donc très tôt, dès les premiers décors chrétiens des catacombes et des sarcophages sculptés. La Chute est reconnaissable à la présence de l’arbre et du serpent, souvent représentée dressée sur sa queue pour rappeler au fidèle que cet animal a, à la suite de son méfait, été contraint de ramper sur le sol. Le serpent, à partir du VIe siècle prend la forme de Satan, représenté par un être hybride inspiré du satyre, aux pieds fourchus, à la bouche large aux dents pointues et à la queue reptilienne. Tantôt, on ne trouve que la figure d’Ève, seule accusée, notamment dans le célèbre bas-relief du portail latéral de Saint Lazare d’Autun, datant du XIIe siècle.
La femme devient au fil du Moyen Âge la représentation même de la tentation en étant représentée sous la forme d’un serpent à tête de femme, comme dans le retable de Klosterneuburg de Nicolas de Verdun, réalisé en 1181). Ces préoccupations morales et symboliques sont oubliées dans l’art de la Renaissance, qui se plait plutôt à une interprétation érotique de la scène.
Adam et Eve chassés du paradis
Concernant cet épisode, les représentations varient : tantôt Dieu en personne chasse les pêcheurs, tantôt un ange, armé d’une épée ou lanceur de flammes, s’en charge. Le paradis, qui sert de toile de fond à la scène, est souvent isolé des deux personnages par une porte, une muraille ou encore une architecture comme dans l’une des plus célèbres représentations du thème : celle que livre Masaccio en 1425 à la chapelle Brancacci de l’église Santa Maria Del Carmine de Florence, où il suggère l’espace architectural grâce à une perspective linéaire maitrisée et donne à ses personnages une vigueur plastique et une expressivité sans pareille.
À cet épisode suit celui de l’expiation d’Adam, qui est obligé de travailler la terre de ses mains, évoquée visuellement par une gerbe de blé ou Adam en train de bêcher, tandis qu’Eve, souvent représentée aux côtés d’un agneau, est condamnée à travailler la laine.
Après le départ du paradis
Après avoir été chassé du paradis, Dieu accorde à Adam et Eve un moment de répit et de bonheur, puisqu’ils conçoivent deux fils, Abel et Caïn, qui seront source de la discorde (Caïn est en effet considéré comme le premier meurtrier de l’histoire de l’humanité puisqu’il sacrifie son frère Abel. Dieu, à la suite de son acte, le condamne à l’exil). Les représentations heureuses intéressent moins les artistes puisque l’épisode n’est ni dramatique ni moralisateur, ainsi on le trouve surtout sur des enluminures médiévales qui offrent à voir l’éducation des enfants : Eve consolant Abel ou Caïn regardant son père bêcher. Parfois, ces scènes sont prétextes à la représentation d’un arbre de Jessé ou d’une crucifixion, qui est souvent rapprochée de l’épisode de la mort d’Adam.
Bibliographie : Michel Pastoureau, Gaston Duchet-Suchaux, La Bible et les saints, Collection Tout l’Art, 1994.
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