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État du marché de l’art indien
Une croissance considérable
Ces derniers mois, le marché de l’art indien a enregistré une croissance remarquable. Son chiffre d’affaires annuel concernant les ventes aux enchères pour 2018 a augmenté de 29 % par rapport à l’année précédente. Ce chiffre représente aussi le rythme de croissance le plus rapide de tous les pays asiatiques, à l’exception de la Corée du Sud. En effet en 2018, un peu plus de 1 400 œuvres d’art sont vendues en Inde, ce qui — avec un taux d’invendus de 7 % — est nettement insuffisant pour satisfaire la demande intérieure (la moyenne mondiale est supérieure à 30 %). Le chiffre d’affaires annuel des ventes aux enchères d’œuvres d’art du pays s’est élevé à 72,5 millions de dollars en 2018, ce qui place l’Inde au 12e rang du marché mondial de l’art derrière l’Australie.
Mumbai : capitale des ventes aux enchères en Inde
Conscients de l’excellent potentiel de croissance de l’Inde sur le marché mondial de l’art, les deux principaux fournisseurs occidentaux, Christie’s et Sotheby’s, ont choisi Mumbai pour développer leurs ventes dans ce pays. En effet, la scène artistique florissante de Mumbai (avec des artistes comme Shilpa GUPTA et Jitish KALLAT) et son marché de l’art déjà structuré (avec des commissaires-priseurs comme Asta Guru et StoryLTD) ont fait de la métropole un choix évident pour sa première vente aux enchères indienne en décembre 2013. Dédié à l’art sud-asiatique, il a connu un énorme succès avec 98 % des lots qui ont trouvé des acheteurs. Cependant, depuis lors, l’entreprise a considérablement ralenti ses activités en Inde. Après Christie’s, Sotheby’s a ouvert un bureau à Mumbai en 2015 pour développer des relations plus fortes avec les acheteurs indiens qui sont déjà très actifs dans les ventes occidentales. Leur première vente, Boundless India, a eu lieu en novembre 2018 et s’est concentrée sur les artistes indiens, les seules signatures vraiment recherchées en Inde. Il faudra du temps aux grands collectionneurs de Mumbai, Delhi ou Calcutta pour investir dans l’art occidental avec la même passion que dans l’art indien.
Here After Here After Here, 2011-15, Jitish Kallat
L’ascension d’artistes indiens dans le classement mondial
La demande d’art indien moderne et contemporain ne se limite pas au marché intérieur du pays. En effet, elle est internationale notamment pour des signatures aussi célèbres que Sayed Haider Raza, Maqbool Fida Husain ou encore Francis Newton Souza. On observe des collectionneurs à Londres et New York, mais aussi à Hong Hong Hong et aux Émirats arabes unis. En 2018, selon le chiffre d’affaires des ventes aux enchères, ce soutien d’institutions et collectionneurs internationaux a permis à neuf artistes indiens de se hisser dans le Top 500 mondial. Les trois premiers sont Sayed Haider RAZA (16,2 millions de dollars, y compris une œuvre qui a rapporté plus de 4,4 millions de dollars en 2018), Tyeb MEHTA (15,4 millions de dollars, dont un record annuel de 3,9 millions de dollars) et Maqbool Fida HUSAIN (12,3 millions de dollars). Les autres grands noms du marché indien sont Anish Kapoor, Akbar Padamsee (1928), Manjit Bawa (1941-2008), Ram Kumar (1924-2018), Francis Newton Souza (1924-2002) et Vasudeo S. Gaitonde (1924-2001).
Prakiti Purush, 2006, Sayed Haider Raza
La India Art Fair : le dynamisme du marché de l’art au cœur de Delhi
Au cœur de la mégapole de Delhi, le marché de l’art est essentiellement porté par deux acteurs clés : Saffronart pour le marché secondaire et l’India Art Fair pour le marché primaire. Fondée par Neha Kirpal en 2008, l’India Art Fair offre un superbe panorama de l’art asiatique moderne et contemporain et contribue grandement au développement du marché local. En effet, le salon semble avoir un tel potentiel que la société MCH Foire Suisse (organisateur d’Art Basel) a annoncé en 2016 l’acquisition de 60,3 % du capital de la société Seventh Plane Pvt. Ltd (organisateur d’India Art Fair). Le puissant groupe suisse s’est solidement positionné sur le marché indien tout en niant toute volonté de lancer un nouvel Art Basel en Inde. Récemment, MCH a pris la décision de vendre sa participation (ainsi que sa participation dans la foire d’art de Düsseldorf et dans son Art Stage Partnership naissant à Singapour). Frank Lasry, directeur général de MCH Design & Regional Art Fairs, insiste sur le fait que la décision de se retirer de l’India Art Fair ne reflète en rien le manque de succès de la foire. Au contraire, elle attire environ 40 000 visiteurs chaque année. MCH a apparemment décidé de se repositionner sur de nouveaux investissements stratégiques, mais a annoncé qu’elle ne se désengagerait pas de la première foire d’art indienne avant d’avoir trouvé un nouveau partenaire approprié. Les commentaires se veulent clairement rassurants.
Delhi s’apprête à ouvrir la 12e édition de son India Art Fair (IAF) du 30 janvier au 2 février 2020, avec toute l’énergie que nous attendons : des exposants soigneusement sélectionnés et une programmation très stimulante, animée par des conférences et séminaires.
Parmi les 75 exposants, les galeries indiennes sont majoritaires. Le spectacle attire également des participants de toute l’Asie. Un petit nombre de galeries européennes et américaines font le déplacement. L’ambition artistique de l’Indian Art Fair est, cette année encore, la promesse de découvertes et de rencontres, y compris via les musées et galeries de la ville. La vitalité de l’événement se reflète également dans sa capacité à mobiliser l’ensemble des acteurs et des institutions culturelles de Delhi.
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