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L’œuvre sur papier de Pierre Soulages
Figure emblématique de l’art abstrait, Pierre Soulages se consacra à la peinture à partir de la fin des années 1940. Son œuvre a pour particularité d’user des reflets de la couleur noire qu’il aime appeler « noir-lumière » ou « outrenoir ».
Mais la spécificité la plus importante de Pierre Soulages repose sur son œuvre papier. En effet, l’artiste réalisa de nombreuses peintures sur papier et non sur toile.
Le Musée de Rodez, ville natale de Soulages, détient la plus grande collection d’œuvres de Pierre Soulages notamment constituée grâce aux dons de l’artiste. Ses œuvres sont également exposées dans les plus grands musées nationaux et internationaux tels le Museum of Modern Art de New York, la National Gallery of Art de Washington ou la Tate Modern de Londres.
En 2019, le Musée du Louvre organisa une rétrospective de l’œuvre de Soulages à l’occasion de son 100e anniversaire, faisant du peintre — après Marc Chagall (1887-1985) et Pablo Picasso (1881-1973) — le troisième artiste à connaître de son vivant l’hommage d’une rétrospective au Louvre.
Enfin, Pierre Soulages est le premier artiste français vivant à avoir dépassé les dix millions de dollars d’adjudication en 2018 avec sa toile Peinture 186 x 143 cm, 23 décembre 1959 (1959).
Peindre sur papier
Comme tout artiste Pierre Soulages a réalisé des peintures sur toile. Toutefois, son œuvre est intéressante et se distingue par une grande production de peintures sur papier.
Un préjugé occidental voudrait que dès lors que le support utilisé est du papier l’œuvre constituerait un dessin. Or, admettre un tel préjugé impliquerait de réduire la peinture chinoise et japonaise à peu de chose.
Soulages s’est évertué à employer des pinceaux, des huiles, de la gouache afin de réaliser ses peintures sur papier. Ces œuvres sont donc bien différentes des dessins sur papier réalisés au pastel, au fusain, au crayon.
Le brou de noix
Pierre Soulages participa pour la première fois au Salon des Surindépendants en 1947. Il y exposa de grandes peintures sombres réalisées au brou de noix ou à l’huile.
L’utilisation du brou de noix confère à ses œuvres une sensation de matière vivante comme du vieux bois ou du fer rouillé.
En 2009, Soulage affirma « Le brou de noix à une tonalité sombre et chaude, une sorte de puissance élémentaire qui me plaît. Il permet d’obtenir naturellement des transparences et des opacités avec une belle résonnance. Cela me convenait d’autant mieux que c’est une matière banale et bon marché. »
Les tracés au pinceau des compositions de cette époque sont larges illustrant des barres noires ou brunes. Parfois des signes furent grattés sur la surface peinte tandis que des « fenêtres » blanches (blanc du papier) éclairent la composition.
L’année suivante, en 1948, la gestuelle de Soulages s’est atténuée et les formes devinrent plus envahissantes.
À partir de 1949 Soulages commença à utiliser le couteau à la place du pinceau. Le blanc du papier joua de plus en plus le rôle d’une couleur.
L’apparition des bleus et des bruns
Les années 1950 marquèrent une évolution des peintures sur papier de Pierre Soulages avec l’apparition de la couleur. Jusqu’alors les peintures de l’artiste avaient toujours été réalisées en noir sur blanc ou au brou de noix. Or, les années 1950 virent apparaitre des nuances de bleus et bruns.
A la même époque, Soulages pratiqua une peinture à la fois posée et arrachée. L’outil servant à appliquer la couleur lui servait également à l’arracher, lui permettant de passer des opacités les plus complètes aux transparences les plus subtiles dans un même geste.
De nouvelles couleurs
Par la suite les compositions de Pierre Soulages sont devenues de plus en plus colorées avec l’utilisation des rouges et des bleus notamment. Ses nouvelles compositions aux formes éclatées et déchiquetées s’opposent aux premières peintures de l’artiste, presque monochromes et statiques.