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Le Musée Soulages à Rodez

Ma naissance est double. Je suis né à Rodez, je suis aussi né dans la peinture 

Pierre Soulages

Pierre Soulages est un artiste consacré. Connu mondialement, promu à la Légion d’honneur, exposé et célébré en 2020 dans le salon carré du musée du Louvre, le maître de l’Outrenoir, artiste centenaire et encore actif. Il est aussi l’un des seuls à connaître de son vivant l’honneur de la création d’un musée consacré à son œuvre et à le voir s’enrichir et se développer depuis son inauguration par François Hollande en 2014. Pourtant l’artiste déclarait à cette époque : « Je n’ai jamais voulu d’un musée Soulages, je l’ai refusé au maire de Montpellier. Je ne voulais pas d’un musée personnel ». Pierre Soulages ne voulait pas d’un mausolée et a construit son musée dans l’intention de le placer au centre de la création contemporaine locale.

L’artiste entretient en effet une relation particulière avec Rodez, sa ville natale, qui lui a offert ses premiers contacts avec l’archéologie au musée Fenaille et l’art roman à l’abbaye Sainte-Foy de Conques. Par ailleurs, Pierre Soulages, peut-être par une conscience aigüe de l’importance de son œuvre dans l’histoire de l’art moderne et l’art contemporain n’a cessé de vouloir confirmer sa présence au sein des collections publiques françaises. Il fait ainsi régulièrement don de ses toiles au Musée national d’art moderne depuis les années 50 et veille à ce que celui-ci possède un panel assez varié et représentatif de son œuvre. Dans l’hexagone, le peintre est d’ailleurs assez bien représenté : le visiteur peut admirer ses toiles de Nantes à Montpellier en passant par Rouen, Saint-Étienne, Toulouse… Le musée Soulages de Rodez intervient donc comme une consécration et l’aboutissement d’un artiste ayant consacré sa vie entière à la peinture.

Le Musée

À l’origine de la collection : un don exceptionnel

Le musée Soulages de Rodez est le fruit d’un don exceptionnel de Pierre Soulages et sa femme Colette à la communauté d’agglomérations du Grand Rodez, la plus importante octroyée en France par un artiste vivant. Plus de 250 œuvres et 250 documents sont alors à l’origine d’une collection, labellisée « musée de France », constituée d’une symphonie de noirs et de gris. Depuis l’ouverture du musée en mai 2014, le noyau principal de la collection a été enrichi de nombreux dépôts d’œuvres de Pierre Soulages, de musées nationaux et territoriaux et de collections particulières. Les dons affluent régulièrement, le dernier en date à l’heure où nous écrivons cet article étant celui de Karsten Greve, un galeriste allemand, qui a offert le 30 septembre 2020 à titre personnel un quadriptyque monumental au musée.

Un écrin architectural

Musée Pierre Soulages

En 2008, la communauté d’agglomérations du grand Rodez lance un concours pour la création et la construction du futur musée Soulages. Près de cent dossiers sont retenus et scrupuleusement détaillés par le jury, qui porte son choix final sur RCR architectes, un collectif d’architectes catalans, qui signe là un coup de maître. Le bâtiment, formé de plusieurs volumes parallélépipédiques recouverts d’acier Corten, un matériau qui se patine facilement créant ainsi une patine protectrice aux nuances évocatrices du travail de l’artiste. En 2017, le cabinet RCR a reçu le prix Pritzker, la plus haute distinction dans le domaine de l’architecture.

Un succès retentissant

Géré jusqu’en 2019 par l’agglomération, le musée est désormais administré par un établissement public de coopération culturelle (EPCC) qui réunit l’État, la région Occitanie, le conseil départemental de l’Aveyron et l’agglomération, ce qui lui permet de gagner en stabilité financière et d’envisager une augmentation de ses moyens, dont le budget de fonctionnement s’élève à près de trois millions d’euros. Une somme, certes, mais dédiée à un véritable pôle d’attractivité pour la région (le musée a accueilli près de 900 000 visiteurs depuis son ouverture). Le musée supporte en outre la création locale et favorise des missions de médiation auprès des jeunes publics et notamment des scolaires, dans une volonté d’ouverture de l’art à tous. Le musée Soulages a ainsi parfaitement réussi son intégration dans le territoire ardéchois, dont il est désormais un des hauts lieux culturels.

Collection et muséographie

La collection

La donation initiale de Pierre Soulages et sa femme Colette constitue le fond le plus complet de l’artiste concernant les trente premières années de sa carrière, partant de ses premières œuvres encore figuratives à son utilisation partielle puis totale du noir.

Cartons préparatoires pour les vitraux de Sainte-Foy de Conques au musée Soulages de Rodez. Crédits photos : le JDD

Les précieuses toiles dites des brous de noix, débutées au milieu des années 40 constituent des pièces majeures par leur rareté dans les collections publiques françaises. De même, fait exceptionnel pour un chantier de cette envergure, le musée conserve la totalité des travaux préparatoires à la réalisation des vitraux de Conques, notamment les cartons grandeur nature.

Le parcours

Le projet scientifique et culturel (PSC) que se doit d’avoir chaque musée de France a ici été pensé de manière à croiser l’histoire de l’artiste avec les différents médiums propres à son œuvre : peintures sur papier, toiles, œuvres imprimées et vitraux qui mettent ainsi en lumière les étapes de la création artistique du peintre. L’artiste lui-même ne cache pas qu’il est personnellement intervenu dans la muséographie, comme il l’avait fait dans l’exposition du Musée des Beaux-Arts de Lyon qui lui avait été consacrée en 2012.

Crédits photos : Connaissance des arts

Pour Pierre Soulages, le travail ne se limite pas à l’atelier, la collaboration intime avec les conservateurs et les commissaires d’exposition fait partie intégrante de son œuvre. Les visiteurs du musée abordent donc l’œuvre du peintre telle qu’il l’a voulu. La mise en lumière est par exemple une préoccupation constante dans la muséographie et l’accrochage de ces œuvres majoritairement noires. Certaines pièces, plus basses, sont presque entièrement plongées dans la pénombre tandis que d’autres, hautes et spacieuses, forment des respirations lumineuses dans le parcours. Celui-ci, organisé autour de la matérialité et de la technique des œuvres, reste plutôt libre. La monotonie d’un musée monographique étant cassée par des outils de médiation et un espace d’exposition de 200 m2 dédié à la création contemporaine : point d’orgue du musée et volonté personnelle de l’artiste.

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