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Comment identifier une œuvre où apparait Sainte Cécile ?
Vie et légende
Tout comme Sainte-Barbe, Sainte Cécile est l’une des saintes les plus célébrées de la religion chrétienne, mais contrairement à Barbe, elle est une sainte légendaire. Les sources hagiographiques (notamment La Légende dorée de Jacques de Voragine, rédigée entre 1261 et 1266) situent sa naissance au Ier ou au IIe siècle de notre ère, bien qu’elle ne soit citée dans les textes traditionnels qu’à partir du VIe siècle.
Cécile aurait été une jeune fille romaine issue de la plus haute noblesse et contrainte d’épouser un noble romain, Valérius, alors même qu’elle avait fait vœu de virginité (dans le cadre de sa foi chrétienne). Cécile réussit, le soir de sa nuit de noces, à convertir son futur mari Valérius au christianisme et le convainc de recevoir le baptême à la suite de l’apparition d’un ange. Peu après, le frère de Valérius, Tiburce, se convertit à son tour. Ce prosélytisme et le refus de sacrifier aux dieux païens conduira Cécile au martyr, notamment à mourir étouffée dans une chaudière, supplice dont elle est sauvée miraculeusement par une nuée venue du ciel. On la condamne alors à la décapitation, mais le bourreau ne parvient pas à détacher la tête de son corps, elle agonise alors ainsi mutilée trois jours durant.
Représentations de Sainte Cécile
L’extase de Sainte Cécile
Les premières représentations de Sainte Cécile figurent principalement le mariage de la sainte et la conversion de Valérius, notamment accompagné de l’apparition de l’ange. Puis, à partir de la fin du XVe siècle, Cécile est majoritairement figurée seule et reçoit le plus souvent pour attribut un instrument de musique, comme dans la toile de Claude Vignon, Sainte Cécile jouant de l’orgue, une huile sur toile datée de 1630 et vendue plus de 70 000 euros chez Sotheby’s Londres le 4 décembre 2008.
Raphaël, dans sa célèbre huile sur toile représentant L’extase de Sainte Cécile, réalisée entre 1514 et 1516 et conservée à la Pinacothèque Nationale de Bologne, représente la sainte entourée de St Paul, St Augustin, St Jean l’évangéliste et Sainte-Marie Madeleine. Au pied de Cécile, qui tient un orgue, sont disposés plusieurs instruments, symboles de la musique profane et terrestre (un tambourin, des cymbales, un triangle et des flutes) tandis qu’au registre supérieur, un chœur céleste déchire les nuées.
Cette représentation fait allusion à un épisode légendaire de l’histoire de la sainte qui, au moment de sa mort, aurait entendu une musique céleste qui provoqua son extase. Cette interprétation sera reprise par les grands théoriciens néo-platoniciens du XVe siècle, notamment Marsile Ficin. Pour cette raison, pour tous les artistes de la Renaissance et de l’époque moderne, Cécile est la patronne des la musique céleste, des musiciens, des luthiers et des fabricants d’instruments de musique. Cette Cécile « musicienne » trouve son origine dans un contresens et une mauvaise interprétation faits à la fin du Moyen Âge concernant une phase du récit de sa passion. Il semblerait qu’au lieu d’entendre une musique céleste comme il a été écrit, Cécile cherchait au contraire à ne pas entendre la musique qui accompagnait son martyr.
L’affiliation de Sainte Cécile aux musiciens a été à l’origine d’un certain nombre de pièces musicales écrites pour célébrer la sainte. Des mélodies grégoriennes aux compositions contemporaines, on connait pléthore d’œuvres en l’honneur de Cécile, dont les plus connues sont les odes composées par Henry Purcell (« “Hail! Bright Cécilia” en 1692), Haendel, Haydn ou encore Saint-Saëns qui compose sa célèbre « Ode à Sainte Cécile » en 1852.
Un corps intact
Toujours selon la Légende, en 822, Sainte Cécile serait apparue en songe au pape Pascal et lui aurait indiqué son l’emplacement de son tombeau, qui a été alors déplacée dans l’église qui portera son nom, Sainte-Cécile au Trastevere, un quartier de Rome.
En 1599, lors de la rénovation de l’église, le cercueil est ouvert et on découvre alors le corps d’une jeune femme admirablement conservé et immédiatement considéré comme celui de Sainte Cécile. L’emplacement du corps préservé de cette jeune femme, à la beauté touchante et dramatique, est alors marquée par la réalisation d’une sculpture en marbre de Stefano Maderno, datée de 1600. Ce « chef d’œuvre d’introspection et de silence » selon Claudio Strinati, représente le petit corps de la sainte recouvert d’un voile aux plis saillants rythmant la sculpture. Les mains attachées et la gorge fendue sont les seuls témoins du martyr de la jeune Cécile.
Les attributs
De manière générale, on peut identifier la sainte grâce à un certain nombre d’attributs qui rappelle son martyr et la rende immédiatement reconnaissable pour les fidèles : une couronne de fleurs, une blessure au cou, les mains liées ou encore la présence d’un instrument de musique. Ces éléments, parfois associés à la palme du martyr, doivent être compris comme autant d’indices servant à l’identification de la scène représentée.
Le culte en France : la cathédrale d’Albi
Le mythe de Sainte Cécile s’est plus largement diffusé en Italie et en Allemagne qu’en France, bien que l’on y trouve des institutions religieuses dédiées à la sainte, comme la cathédrale d’Albi, la seule cathédrale à porter le vocable de Sainte Cécile.
Cet édifice de style gothique dit méridional est la plus grande cathédrale en brique du monde et la plus grande cathédrale peinte en Europe grâce à ses fresques renaissantes. Elle a ainsi été classée patrimoine mondial par l’UNESCO et est aujourd’hui l’une des plus visitées de France. La présence des reliques de Sainte Cécile y est attestée depuis 1130 (bien que le reliquaire actuel date du XIXe siècle) et on célèbre la sainte chaque année, lors de sa solennité.
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