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Comment reconnaitre les porcelaines des manufactures parisiennes ?

Des potiers se sont établis à Paris dès l’époque médiévale. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, leur activité florissante nous est connue par plusieurs sources. Moins connues que les grandes manufactures toutes proches de Chantilly, Vincennes, Saint-Cloud ou Sèvres, les fabriques parisiennes (très nombreuses, toutes ne peuvent pas être traitées ici) méritent néanmoins qu’on y prête attention, d’autant plus que leurs pièces se retrouvent régulièrement sur le marché de l’art.

La fabrique du comte d’Artois (1771 -1828)

Les pièces de table

Cette fabrique de porcelaine dure était située faubourg Saint-Denis ou faubourg Saint-Lazare, près de l’ancienne foire Saint-Laurent. Elle fut établie en 1771 par Pierre-Antoine Hannong de Strasbourg, qui venait de quitter Vincennes après l’avoir dirigé de 1771 à 1776, puis c’est Stahn qui en prend la direction et s’assure la protection du comte d’Artois, Charles-Philippe. En 1800, c’est Schœlcher qui devient propriétaire de cette fabrique. Les porcelaines de la fabrique dite du comte d’Artois présentent les mêmes caractéristiques que celles des autres manufactures parisiennes : pâte blanche très transparente, couverte souvent un peu piquée ou bulleuse, décors polychromes de fleurs et couleurs généralement assez mal glacées.

Broc en porcelaine
Broc en porcelaine, à décor polychrome, fabrique du comte d’Artois, fin XVIIIe, marque CP couronnée, en vente chez Millon le 13 septembre 2016, estimée 200-300 euros.

Les marques de la période de Hannong se constituent de deux crosses croisées et d’un H à côté en bleu au grand feu, les marques du comte d’Artois sont des lettres C et P accolées et surmontées d’une couronne, tandis que les marques de Schœlcher sont une simple signature en rouge, bistre ou or. On trouve parfois « Shœlcher et fils » en violet.

Les pièces de forme

Dans la première période de la manufacture, cette fabrique a produit des pièces de forme, telles que des pendules, des bustes, figures ou statuettes en biscuit, d’un blanc très clair à grain très serré. Les marques sont alors différentes, on trouve « manufacture au fb… St Denis CP » en creux ou simplement « C P » en or.

La fabrique de la rue de Clignancourt (1771-1798)

Cette fabrique fut créée à Clignancourt vers 1771, elle obtint vers 1775 le patronage du comte de Provence (le frère de Louis XVI, plus tard Louis XVIII). Déruelle puis Moitte en furent les directeurs. La porcelaine produite à Clignancourt ressemble fortement aux porcelaines de Sèvres de la même époque, elles sont très finement exécutées, tant dans les couvertes que dans les couleurs (très diverses). Les décors eux-mêmes, de bouquets de fleurs ou de paysages, rivalisent avec les pièces de Sèvres. Les pièces sont presque toujours dorées.

On rencontre principalement des pièces de table et quelques vases et jardinières sauf pendant la première période de la manufacture (avant 1775) durant laquelle sont produits des biscuits marqués en creux d’un moulin.

Bouilloire en porcelaine dure
Bouilloire en porcelaine dure, manufacture du comte de Provence, 1780, Paris, Musée des Arts Décoratifs

Les marques sont diverses, durant la première période on trouve la marque dite au Moulin, puis jusqu’en 1791 les marques font référence au patronage du duc de Provence. Elles sont assez nombreuses et comportent principalement, en rouge ou en or, les lettres L.S.X. (Louis-Stanislas Xavier, le comte de Provence), la lettre B couronnée (car les pièces étaient destinées au château de Bagnolet) et la lettre M (pour Monsieur). Sous la direction de Moitte, on trouve « Moitte », « M » ou « Clignancourt M », en bistre, en rouge ou en bleu.

La fabrique de Locré, rue de la Fontaine-au-Roy : la seule manufacture libre de Paris (1771-1841)

signature manufacture libre de Paris

Les pièces de table

La fabrique la plus importante de porcelaine dure de la fin du XVIIIe siècle à Paris est celle établie par Locré de Roissy après une formation auprès des porcelainiers de Saxe. Elle fut ensuite dirigée par Russinger qui s’associa à Pouyat, venu de Limoges.

Sa particularité est d’être la seule manufacture libre de Paris, c’est-à-dire qu’elle ne fonctionne pas sous la direction d’un puissant protecteur, au moins jusqu’en 1815 lorsqu’elle prend le titre de manufacture du duc de Berry.

Les porcelaines de cette manufacture sont blanches, extrêmement transparentes, mais présentent de belles couleurs, bien glacées et des dorures. Les décors sont soit bleus au grand feu, soit de fleurs polychromes avec des dorures.

On retrouve principalement les marques de Locré-Russinger, formées de deux flambeaux croisés, en bleu, associées quelquefois aux lettres A.B.D. etc en creux dans la pâte. Ils signent quelquefois en toutes lettres « RUSSINGER » et « LOCRE » ou « L. », « R. ». Les marques de Russigner et Pouyat sont formées de deux flambeaux en bleu avec les lettres P Y en violet. Ou bien « Pouyat Russinger P R » en rouge, ou bien encore « manufacture de Pouyat et fils Fg du Temple » en or.

Les pièces de forme

Cette fabrique a réalisé, outre les pièces de table, de très nombreux biscuits : vases, urnes, médaillons, groupes ou pendules. La facture est très bonne est le biscuit est blanc ou blanc gris. On retrouve toujours la marque des deux flambeaux croisés accompagnés de monogrammes d’artistes ou de réparateurs ou du nom de fabrique avec la date : « LOCRET FECIT : ANNO 1774 ».

Les porcelaines à la Reine (1775-1816)

Vers 1775, Leboeuf fonda rue Thiroux une fabrique de porcelaine qui fut placée sous la protection de la reine Marie-Antoinne et marquée d’un A couronné. Après Leboeuf, les directeurs furent Guy et Housel, qui dirigèrent la manufacture jusqu’en 1816. Les porcelaines sont bien faites et présentent une grande analogie avec celles réalisées à Sèvres. On y trouve des décors de fleurs et de médaillons à paysages ou à miniatures, mais surtout des semis de bleuets ou barbeau.

assiettes porcelaine de Paris
Suite de six assiettes en porcelaine de Paris, de la manufacture de la Reine rue Thirioux, vers 1785-90. Vente Artcurial du 14 décembre 2011. Estimé 2000/3000, vendu 8671 euros. Crédits photos : Artcurial.

Concernant les marques, dans un premier temps on trouve seulement un « A » en bleu grand feu, rouge ou noir puis un A couronné. Après 1789, les marques diffèrent « G. H. rue Thiriou Paris » ou « G. H. » en rouge, « Houzel » en or.

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