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Robert et Sonia Delaunay, couple du cubisme orphique
Couple fusionnel, Robert (1885-1941) et Sonia Delaunay (1885-1979) n’en sont pas moins des artistes à part entière.
Ces avant-gardistes de l’abstraction ont travaillé divers supports, aussi bien la toile, que la tapisserie ou la mode.
Leur art se caractérisant par la couleur et le rythme fut nommé « orphisme » par le poète Guillaume Apollinaire (1880-1918).
Robert Delaunay : père fondateur du cubisme orphique
Sa vie
Robert Delaunay est né en 1885 dans un milieu bourgeois. À l’âge de quatre ans, ses parents l’emmenèrent à l’Exposition universelle de Paris de 1889 pour laquelle fut construit le tour Eiffel.
Préférant le dessin et la peinture à l’école, Robert Delaunay quitta le cursus scolaire à l’âge de dix-sept ans et fut engagé en tant qu’apprenti dans les ateliers du décorateur de théâtre Eugène Ronsin (1874-1937). Ces deux années passées auprès du décorateur développèrent son goût pour la monumentalité, le rôle de la lumière ainsi que la distorsion perspective de l’espace scénique.
Delaunay s’initia à la peinture auprès de son oncle Charles Damour. Rapidement, le jeune artiste s’éloigna du point de vue artistique de ce dernier.
En 1906, il exposa ses premières toiles au Salon des Indépendants. Trois ans plus tard, Delaunay fit la rencontre de Sonia Stern qui fréquentait le même groupe d’artistes. Ils se marièrent en 1910.
Son œuvre
L’œuvre de Robert Delaunay fut d’abord marquée par l’impressionnisme avant de s’orienter vers le néo-impressionnisme suite à sa rencontre avec Jean Metzinger (1883-1956) et sa découverte de la théorie sur les couleurs d’Eugène Chevreul (1786-1889). Dès lors ses travaux le menèrent à un divisionnisme à l’agencement des couleurs singulières.
Ce n’est que dans un second temps que Robert Delaunay s’intéressa à l’abstraction, et plus particulièrement, à l’orphisme. Les couleurs devinrent le sujet principal de ses compositions remplaçant les objets. Son but était de parvenir à une harmonie picturale grâce à l’agencement des couleurs et à la lumière. Robert Delaunay s’intéressa à la représentation de formes empruntées à l’univers de l’aéronautique : biplan, hélice, disque. Ainsi Hélice et Rythme (1937) illustre des anneaux imbriqués les uns dans les autres représentant le mouvement des hélices de l’avion que l’on peut distinguer au centre de la composition. Cette œuvre de la série Rythmes met en exergue le thème du rythme sans fin cher à Delaunay. Le rythme s’exprime à travers les couleurs et leurs mouvements. Les formes circulaires renvoient au mouvement cyclique, incessant, au temps qui se déroule indéfiniment.
Sonia Delaunay : une artiste touche-à-tout
Sa vie
Née en 1885 dans une famille juive en Ukraine, Sonia Stern fut adoptée peu après par son oncle et grandit dans un milieu cultivé.
Sur les conseils de son professeur de dessin du lycée Saint-Pétersbourg, Sonia fut envoyée en Allemagne en 1903 afin de poursuivre ses études artistiques.
La jeune femme déménagea à Paris en 1905 et suivit les cours de l’Académie de la Palette à Montparnasse. Peu après elle découvrit le fauvisme qui l’enthousiasma.
Son œuvre
Les œuvres de jeunesse de Sonia Delaunay se caractérisent par des couleurs fortes et dont les orientations s’avèrent encore plus sauvages que celles des peintres fauves. Cherchant à aller plus loin que ces derniers, Sonia Delaunay souhaitait que les couleurs verbalisent l’action de ses compositions. Ainsi Bal Bullier (1913) évoque le dancing parisien. La composition est séquencée par différents contrastes de couleurs qui composent les corps en mouvement ainsi que l’espace dans lequel ils évoluent. L’espace de l’action se distingue des corps par l’emploi d’aplats de couleurs géométriques. Les corps sont, au contraire, plus voluptueux. Cette rythmisation de l’espace suggère plusieurs lectures de l’œuvre.
Si Sonia Delauney est reconnue pour ses patchworks colorés en peinture, elle sut également décliner son talent en tapisserie, design et en mode.
L’orphisme, branche du mouvement cubiste
Le terme d’« orphisme » fut proposé par le poète Guillaume Apollinaire dans ses Méditations esthétiques (1912) afin de caractériser certains aspects de la peinture d’avant-garde.
Le cubisme, initié par Pablo Picasso (1881-1973) cinq ans auparavant avec les Demoiselles d’Avignon, fut alors jugé comme écartelé en quatre tendances divergentes par Apollinaire. En effet, ce dernier distingua le cubisme scientifique alors empreint d’éléments constructifs issus des données de la connaissance du cubisme physique restant fidèle à la réalité visuelle tout en se soumettant à une discipline constructive. De son côté, le cubisme instinctif suppose des choix plastiques fondés sur l’intuition. Quant à l’orphisme, il repose sur trois caractéristiques : des éléments figuratifs entièrement créés par l’artiste, des œuvres pour autant construites et significatives ainsi qu’une maîtrise de la lumière créée par la couleur.
Guillaume Apollinaire cita cinq peintres orphiques, à savoir Robert Delaunay mais également Pablo Picasso, Fernand Léger (1881-1955), Francis Picabia (1879-1953) et Marcel Duchamp (1887-1968).
Le nom « orphisme » fait référence au mythe d’Orphée. Ainsi cette nouvelle forme de peinture s’apparenterait à la musique. En effet, sans fonction représentative, la musique est un art parfaitement abstrait.