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Tsuguharu Foujita ou la fusion esthétique
Grand peintre des années folles, Tsuguharu Foutija (1886-1968) fut un artiste touche-à-tout.
Franco-japonais au style inclassable, il fut l’un des artistes les plus célèbres de l’École de Paris. Son œuvre illustre une fusion esthétique unique dans l’histoire de l’art du XXe siècle.
L’univers de Foujita opère une synthèse réussie entre Orient et Occident. Il dépeigna sous son trait calligraphique des femmes et des chats, ses deux sujets de prédilection.
Artiste majeur de l’École de Paris
Né au Japon, Tsuguharu Foujita arriva à Paris en 1913. Peintre de l’École de Paris, il participa au rayonnement des années folles.
Une enfance au Japon
Fils de général et médecin de l’armée impériale japonaise, Tsuguharu Foujita est né en 1886 à Tokyo. Sa famille particulièrement cultivée était ouverte aux idées progressistes et à l’Occident. Très jeune Foujita fut éveillé aux sciences, à la littérature et au monde.
Il suivit des cours de français à l’Étoile du matin — école créée par les frères marianistes — à l’âge de dix-sept ans. De là naquit sa volonté de suivre un enseignement artistique en France. Foujita intégra toutefois — sur demande de son père — l’École des Beaux-Arts de Tokyo.
Trois ans plus tard, le général Foujita accepta de financer un voyage d’études à Paris censé être de courte durée…
Son arrivée à Paris
Arrivé à Paris en 1913, Tsuguharu Foujita s’installa dans le quartier de Montparnasse. Il fit rapidement la connaissance de Pablo Picasso (1881-1973), Amedeo Modigliani (1884-1920), Chaïm Soutine (1893-1943), Ossip Zadkine (1890-1967), Marie Laurencin (1883-1956), Robert Desnos (1900-1945) et Guillaume Apollinaire (1880-1918).
Trop âgé pour intégrer l’École des Beaux-Arts, Foujita prit une carte de copiste au Louvre. Il s’imprégna de l’atmosphère de la ville et dessina dans les cafés.
Foujita épousa sa première femme, l’artiste Fernande Barrey, en 1917. La même année eut lieu sa première exposition personnelle chez Georges Chéron. Ce fut un véritable succès. À cette époque Kiki de Montparnasse (1901-1953) était le principal modèle du peintre.
En 1918, Foujita partit à Cagnes avec Soutine et Modigliani. Les trois amis peignirent ensemble tout l’été. Foujita put même rencontrer Auguste Renoir (1841-1919) juste avant sa mort.
L’artiste fut rapidement reconnu du public. Il exposa aussi bien aux salons français qu’aux manifestations étrangères.
Le triomphe des années folles
En 1922 Foujita aborda Lucie Badoud (1903-1966) — surnommée « Yuki » en raison de la blancheur de sa peau — à la Rotonde. La jeune femme fut sa muse avant de devenir sa femme en 1928.
Le succès de Foujita à cette époque s’explique par son style et son originalité qui surent séduire le Tout-Paris des années folles ainsi que ses amis de Montparnasse. Conjuguant Orient et Occident, l’œuvre de Foujita opère une synthèse unique des arts au XXe siècle.
Voyages et retour définitif à Paris
En 1931, Tsuguharu Foujita décida de quitter Paris notamment en raison de sa séparation avec sa femme qui s’était éprise du poète Robert Desnos.
Il voyagea durant deux ans en Amérique latine afin de trouver un nouveau souffle artistique avant de regagner le Japon en 1933. Il séjourna de nouveau brièvement à Paris en 1939 jusqu’à l’arrivée des Allemands en 1940. Enfin il retourna au Japon où il devint peintre de guerre ce qui lui vaudra des critiques à la fin du conflit.
Foujita s’envola pour New York en 1949 avant de revenir définitivement à Paris l’année suivante. L’artiste obtint la nationalité française en 1955 et se convertit au catholicisme en 1959. C’est à cette occasion qu’il prit le prénom baptismal de « Léonard ».
Une œuvre unique
Les compositions de Foujita puisent leur inspiration dans l’œuvre des maîtres anciens. Ses toiles sont très prisées sur le marché de l’art.
L’inspiration des maîtres anciens
Peintre fier de ses origines, Tsuguharu Foujita sut toutefois qu’il était nécessaire de renouveler son art. C’est pourquoi, à son arrivée à Paris, il puisa ses sources d’inspiration dans les compositions allégoriques classiques des grands maîtres anciens notamment Michel-Ange (1475-1564), Nicolas Poussin (1594-1665), Diégo Vélasquez (1599-1660) ou encore Auguste Rodin (1840-1917). Foujita créa un univers singulier, entre Orient et Occident.
Son œuvre est principalement composée de portraits, de nus féminins et de chats. Foujita s’adonna également à la peinture religieuse.
À chaque séance de pose, l’artiste japonais s’imprégnait du modèle, réalisait un dessin préparatoire sans repentir avant de peindre sur la toile.
Foujita peignait avec un pinceau fin, contrairement à ses contemporains comme Henri Matisse (1869-1954) ou Georges Braque (1882-1963). Ses compositions ne furent pas réalisées avec des couleurs vives, mais en noir et blanc. Foujita appliquait en glacis un mélange d’huile de lin, de blanc de plomb ou de Meudon et de silicate de magnésium conférant à sa matière une rare opalescence. Ses fonds étaient toujours travaillés en dernier.
Foujita face au marché de l’art
Dès 1989 le million d’euros fut franchi pour l’adjudication d’une toile de Tsuguharu Foutija. Depuis sa côte n’a cessé d’augmenter. Ainsi en 2018 Bonhams Londres adjugea La fête d’anniversaire (1949) pour 6 959 063 euros.