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Conseils pour vendre une collection d’œuvres d’art
Former une collection, c’est-à-dire un ensemble cohérent d’œuvres d’art, prend des années, si ce n’est toute une vie.
À l’affut des ventes aux enchères publiques et des œuvres proposées par les galeristes, les collectionneurs rassemblent selon leur goût des pièces uniques. Les collections peuvent être dédiées à une époque, à un thème, à une technique artistique ou, au contraire, être hétéroclites tout en demeurant harmonieuses.
Si certaines collections survivent à leur mécène et sont transmises par voie successorale aux héritiers, d’autres décident de s’en séparer au cours de leur vie. Ils peuvent parfois opter pour des dons aux institutions afin que l’œuvre en question soit accessible à tous. Dans d’autres cas, le collectionneur choisit de vendre sa collection dans le but d’en constituer une nouvelle.
L’histoire des collections
À chaque époque son collectionneur. Nombreux sont les rois, les ducs, les barons, les industriels à avoir formé une collection par intérêt, par goût, par plaisir. Du XVIe au XXIe siècle ces mécènes constituèrent des collections toutes plus remarquables les unes que les autres.
Les collections des temps modernes du XVIe au XVIIIe siècle
La Renaissance est l’époque de l’art en tant qu’outil politique. Dès lors les princes, les hommes politiques et les grands négociants accumulèrent de nombreux objets d’art.
En Italie, Laurent le Magnifique (1449-1492) de la maison des Médicis fut un mécène et protecteur des arts très important. Il apporta notamment son soutien à Michel-Ange.
Influencé par les idées de la Renaissance italienne, François Ier (1494-1547) passa commande auprès d’artistes italiens majeurs (Cellini, Rosso Fiorentino, Le Primatice) pour exécuter les travaux de ses châteaux.
Enfin, à Prague le cabinet de curiosités de l’Empereur Rodolphe II (1552-1612) fut l’un des plus célèbres de son temps.
Durant le XVIIIe siècle, le marché de l’art prit forme, les acteurs se multiplièrent et de vastes collections s’établirent.
Les plus grands peintres d’Europe (Van Dyck, Rubens) sont venus exercer à la cour de Charles Ier d’Angleterre (1600-1649).
En France, la collection du banquier Everhard Jabach (1618-1695) constitua le fonds de l’actuel Cabinet des dessins du Louvre. La collection du Régent Philippe d’Orléans (1674-1723) orna les galeries du Palais-Royal avant d’être dispersée.
Le cardinal Scipione Caffarelli-Borghese (1577-1633) abrita sa collection dans la toute nouvelle Villa Borghese. Enfin, Camillo Pamphili enrichit la collection familiale formant aujourd’hui le noyau de la Galerie Doria-Pamphilj.
Les collections des industriels du XIXe
Le banquier fondateur de la branche française de la famille Rothschild, James de Rothschild (1792-1868), rassembla des tableaux des maîtres anciens. De leur côté, les époux Édouard André (1833-1894) et Nélie Jacquemart (1841-1912) s’intéressèrent aux primitifs italiens, tapisseries et objets d’art. Ces œuvres font aujourd’hui partie du Musée Jacquemart-André. Enfin, l’industriel et artiste Henri Rouart (1833-1912) défendit les avant-gardes et acquit auprès d’eux de nombreuses pièces.
À l’étranger les hommes d’affaires et industriels ont été à l’initiative de grandes collections : en Angleterre Samuel Courtauld (1876-1947) rassembla de nombreux tableaux impressionnistes figurant aujourd’hui au Courtauld Institute of Art tandis qu’aux États-Unis Henry Clay Frick (1849-1919) s’intéressa au XVIIe siècle flamand et hollandais constituant le cœur de la Frick Collection.
Les nouveaux collectionneurs des XXe et XXIe siècles
Le XXe siècle fut marqué par la spoliation des grandes collections juives : celle des barons Rothschild, d’Adolphe Schloss (1842-1910) et de David-David-Weil (1871-1952).
Aux États-Unis, les époux Rockefeller constituèrent une collection d’œuvres modernes majeures dont la dispersion fut orchestrée en 2018.
Aujourd’hui en France les deux principaux collectionneurs d’art contemporain et mécènes sont Bernard Arnault (1949) à l’initiative de la Fondation Louis Vuitton et François Pinault (1936) dont la collection sera exposée à la Bourse de commerce de Paris.
Si constituer une collection dure des années, la vendre peut s’avérer beaucoup plus rapide. Pour ce faire la maison de ventes aux enchères publiques apparait comme l’opérateur le plus adapté.
Disperser sa collection aux enchères publiques
Vendre sa collection en maison de ventes permet de bénéficier de nombreux services avant et durant la vente.
Avant la vente
Avec leurs nombreux moyens, les maisons de ventes apparaissent comme les acteurs privilégiés pour vendre des collections. Selon le thème de la collection, la dispersion pourra être prise en charge soit par un département spécialisé (art ancien, moderne, contemporain) soit par un département inventaire dont toutes les grandes maisons de ventes sont pourvues.
Les frais vendeurs pourront alors être négociés de façon globale. Le vendeur pourra également bénéficier d’une estimation basse et haute de la valeur de l’ensemble de sa collection à vendre.
Lors de la préparation de la vente, les départements sont assistés de leurs experts. Ces derniers effectuent des recherches sur chaque œuvre, associent des artistes à des œuvres, rédigent des notices, etc. Ce travail permet de mettre en valeur les œuvres et de les estimer au mieux selon les prix du marché. Les experts bénéficient également de leur propre carnet d’adresses, de collectionneurs, d’acheteurs potentiels qu’ils mobiliseront pour que les ventes se concrétisent.
En parallèle, les maisons de ventes vont réaliser un catalogue dédié à la vente regroupant les photographies des œuvres et les notices des experts. Les jours précédents la vente une exposition sera mise en place, permettant à chaque collectionneur d’apprécier les objets. Le service de la communication se chargera de diffuser dans la presse et sur les réseaux sociaux les œuvres majeures de la vente. Enfin, les maisons solliciteront à la fois leur réseau interne et international de collectionneurs.
Durant la vente
Aujourd’hui les ventes aux enchères publiques sont retransmises sur de nombreuses plateformes aux enchères (Drouot, Interenchères, Auction, Invaluable) ce qui permet aux collectionneurs du monde entier d’enchérir. Les maisons internationales Christie’s et Sotheby’s font également des ventes en direct avec leurs départements situés dans les filiales à l’étranger.
Aux lives s’ajoutent les enchères fermes qui ont été communiquées au commissaire-priseur ainsi que les ordres téléphoniques. Tous ces moyens contribuent à la multiplication des enchères et donc à une augmentation des prix d’adjudication.
Enfin, les œuvres restées invendues durant la vente pourront faire l’objet d’after sale, c’est-à-dire d’une après-vente en accord avec le vendeur.
Les dispersions aux enchères de grandes collections sont très nombreuses, on se souvient notamment de celles d’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en 2008, des époux Rockefeller en 2018, de Fernand Lafarge, Joseph Altounian et Claude et François-Xavier Lalanne en 2019, ou encore, de Christo et Jeanne-Claude en 2021.