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Vente aux enchères : de la première enchère à l’adjudication

 Dans cet article, nos experts vous proposent un tour d’horizon du déroulement des enchères, depuis la mise à prix d’un lot jusqu’à son adjudication.

Remarques préliminaires

            Avant de débuter la vente, le Commissaire-Priseur doit rappeler le montant des frais acheteurs qui s’appliqueront. Il va ensuite mettre aux enchères chaque lot, en principe dans l’ordre croissant, c’est-à-dire depuis le « lot 1” jusqu’au dernier.

            À chaque nouveau lot, le Commissaire-Priseur ou l’expert qui présente les lots va donner une courte description de l’objet mis en vente. Si des informations supplémentaires ont été découvertes,elles sont mentionnées à ce moment.

            Afin d’illustrer le déroulement des enchères, nous utiliserons un exemple concret en imaginant la vente du lot suivant : 

« Lot 22

 ÉMILE GALLÉ (1846-1904)

 Vase en verre multicouche à décor floral

 Signé

 H. 25 cm

 600/800 euros

            En l’espèce le Commissaire-Priseur commencera donc par présenter le lot, par exemple : « lot n° 22, un vase signé d’Emile Gallé en verre multicouche, haut de 25 cm. On précise qu’il présente un petit accident au niveau du col ».

La mise à prix

            Pour chaque lot, le Commissaire-Priseur donne un « prix de départ », aussi appelé « la mise à prix » : il s’agira du point de départ des enchères.

            Ce prix est souvent en dessous de l’estimation. Cette technique est utilisée pour stimuler l’intérêt en commençant bas les enchères. Pour reprendre notre exemple, le Commissaire-Priseur pourra dire : « nous commençons les enchères à 400 euros pour ce vase », même si celui-ci est estimé à 600/800 euros. Les enchères sont alors ouvertes.

            Si le lot a un prix de réserve, cela signifie qu’il ne pourra pas être vendu en dessous d’un certain montant. Dans ce cas, le Commissaire-Priseur va monter artificiellement les enchères et s’arrêtera une enchère avant le prix de réserve.

            Imaginons, dans notre exemple, que le vendeur du vase ait demandé un prix de réserve à 600 euros, c’est-à-dire à l’estimation basse. Le Commissaire-Priseur a donné un prix de départ à 400 euros, mais il lui est impossible de vendre le vase en dessous de 600. Il va donc monter tout seul, de manière artificielle, pour s’arrêter à 550 euros. Dès lors, si un enchérisseur réel se manifeste, il devra mettre une enchère à 600 euros et le lot pourra être vendu.

            Le Commissaire-Priseur, pour donner l’illusion de véritables enchères, pourra s’exprimer de la sorte : « nous commençons les enchères à 400 euros. 450 sur ordre, 500 euros en salle, 550 sur ordre. En voulez-vous ? ».

            Il ne faut donc pas vous étonner si les premières enchères sur un lot sont très rapides : souvent, le Commissaire-Priseur doit simplement se rapprocher du prix de réserve. Ce mécanisme n’a donc pas pour but de gonfler les prix, mais simplement de permettre la vente de l’objet.

Le pas d’enchère

            Le pas d’enchère correspond au montant ajouté à chaque nouvelle enchère. Il définit donc le rythme de la vente. Pour reprendre notre exemple, si le Commissaire-Priseur avance de 400 à 450, puis 500 et 550 euros, cela signifie que le pas d’enchère est fixé à 50 euros. Si vous souhaitez surenchérir, votre enchère sera donc de 600 euros, puis de 650 euros et ainsi de suite.

            En principe, ce pas d’enchère est à l’appréciation du Commissaire-Priseur qui, à l’instar d’un chef d’orchestre, dirige et rythme la vente. Ils existent des pas d’enchères « classiques », qui sont fréquemment utilisés et sont choisis en fonction du montant des enchères.

            Pour vous donner un ordre d’idée, sans pour autant que cela se vérifie à chaque vente :

• Pour les lots peu chers, en dessous de 100 euros par exemple, le pas d’enchère pourra être fixé à 5 ou 10 euros. Concrètement, cela donnera des enchères comme suit : « le lot 3 est mis à prix à 15 euros, 20 euros en salle, 25 euros pour Monsieur, 30 euros… etc. » ;

• Pour les lots de valeurs moyennes, en dessous de 1000 euros par exemple, il existe deux pas d’enchères souvent utilisés :

• Le premier est binaire : 20 euros, puis 30, puis 30, puis 20, 30, 30, 20, 30, 30, 20… etc. Par exemple : « pour le lot 8, nous commençons les enchères à 200 euros. 220 euros en salle, 250 euros au téléphone, 280 à Madame en salle, 300 euros à l’enchérisseur au téléphone. Madame, en voulez-vous 320 ? Oui, alors 320. 350 maintenant sur un autre téléphone, 380 pour Madame… etc. ».

• Le second est fixé à 50 euros : « pour le lot 15, nous commençons à 600 euros. 650 euros sur ordre, 700 euros au téléphone. 700 euros, toujours sur ordre… etc. »

• Pourdes lots plus onéreux, le pas d’enchères peut être fixé à 100 euros : « le lot 18 est mis à prix à 1200 euros, j’ai 1300 au téléphone, 1400 en salle, en voulez-vous 1500 euros au téléphone ?… etc. »

• Pour les lots encore plus chers, nous pouvons retrouver un pas d’enchère binaire : 200, 300, 300, 200, 300, 300, 200… etc. Par exemple : “commençons le lot 19 à 8000 euros. J’ai 8200 euros à ma droite, 8500 euros sur internet, 8800 en salle, 9000 pour notre internaute, 9200 au Monsieur à ma droite… etc.

• Les lots de très grande valeur peuvent suivre les pas d’enchère suivants :

• 500 euros ;

• 1 000 euros ;

• 2 000, 3 000, 3 000, 2 000, 3 000, 3 000, 2 000… etc. euros ;

• 5 000 euros ;

• 10 000 euros ;

• 15 000 euros ;

• 20 000, 30 000, 30 000, 20 000… etc. euros ;

• 50 000 euros ;

Et ainsi de suite !

            Il convient de préciser que le Commissaire-Priseur choisit le pas d’enchères non seulement en fonction de l’estimation du lot, mais aussi de l’intérêt pour celui-ci. À ce titre, il peut tout à fait augmenter le pas d’enchère si le lot attire beaucoup d’enchérisseurs. Imaginons, par exemple, que l’intérêt soit très grand pour notre vase. À cet égard, la Maison de vente a reçu un important ordre d’achat à 2 000 euros et trois demandes de téléphone.

            Le Commissaire-Priseur pourra commencer doucement avec un pas d’enchères à 50 euros : « nous commençons les enchères à 400 euros. 450, 500 euros en salle, 550, 600 euros sur ordre. J’ai 650 euros sur un téléphone, 700 sur ordre, 750 euros pour le téléphone, 800 euros sur ordre, 850, 900, 950 pour vous au téléphone, 1000 sur ordre ».

Voyantque les enchères continuent de grimper, il pourra très bien décider d’augmenter le pas d’enchères, sans nécessairement en avertir les enchérisseurs : “1000 sur ordre, 1100 euros au téléphone, 1200 euros sur ordre. En voulez-vous 1300 au téléphone ?”

            À noter que les enchérisseurs peuvent proposer un montant particulier. Par exemple, pour dissuader les concurrents, certains décident de mettre une somme plus élevée. Pour notre vase, la personne au téléphone peut tout à fait dire à l’assistant de mettre directement la somme de 1800 euros. Le Commissaire-Priseur a toutes les raisons d’accepter une telle enchère, mais il continuera ensuite sur son pas d’enchères, en l’espèce 100 euros. Un ordre ayant été déposé sur notre vase, il dira donc “1900 euros sur ordre”.

            Au contraire, certains enchérisseurs demandent un pas d’enchère plus petit. Par exemple, une personne en salle intéressée par le vase de Gallé peut très bien lever la main en disant au Commissaire-Priseur “1950 euros” plutôt que l’enchère suivante attendue de 2000 euros. Dans ce cas, l’enchère peut être acceptée ou refusée par le Commissaire-Priseur. En effet, il est maître du rythme de la vente, et a tout intérêt à garder un certain dynamisme pour stimuler les enchères. À ce titre, des enchères trop petites peuvent parfaitement être refusées, car trop longues.

            À noter que dans certaines grandes maisons de vente anglo-saxonnes, tels que Christie’s ou Sotheby’s, les pas d’enchères sont préfixés. Cela est dû au montant souvent très important des lots.

Le cas des enchères égales

Par principe, une enchère est une offre de prix supérieur à celui en cours. Par exemple, si le vase Gallé est à 550 euros, on appelle enchère une offre au-delà de ce montant. 

            Néanmoins, il arrive que la même offre soit faire de manière simultanée par deux enchérisseurs différents. Par exemple, il est possible qu’un internaute propose 600 euros pour notre vase au même moment qu’une personne en salle. 

            En cas de double enchères (voir triple, quadruple…), il existe quelques règles de principe.

            La première est celle de l’ordre chronologique : le Commissaire-Priseur fait primer la première offre qu’il a entendue ou le premier acheteur qu’il a vu.

            Une autre règle courante est celle de la présence de l’enchère physique sur les autres méthodes d’enchères. Ainsi, si l’un des enchérisseurs est en salle, et l’autre est au téléphone ou sur internet, c’est le premier qui sera en principe privilégié sur le second.

            Si deux ordres fermes ont été laissés sur un même lot et pour le même montant, le Commissaire-Priseur fera primer le premier arrivé. Afin de le distinguer de l’ordre perdant, il pourra l’augmenter très légèrement. Par exemple, si deux ordres ont été mis sur le vase pour 900 euros, le Commissaire-Priseur dira : “le lot 22 est pris sur ordre à 910 euros” et fera prévaloir le premier ordre reçu.

            En toute hypothèse, l’application de ces règles n’est pas obligatoire et reste à la discrétion du Commissaire-Priseur.

La présence de plusieurs ordres fermes sur un même

            Si plusieurs personnes ont laissé des ordres fermes sur un même lot, le Commissaire-Priseur monte tout seul les enchères pour les appliquer. Si les montants de ces ordres sont différents, l’ordre le plus haut l’emporte. Le Commissaire-Priseur s’arrête une enchère après le second ordre le plus haut.

            Par exemple, imaginons que deux ordres aient été laissés sur le vase : l’ordre A est fixé à 700 euros, l’ordre B à 1000 euros. Le Commissaire-Priseur va dès lors monter les enchères jusqu’à 700 euros, montant de l’ordre A, puis va ajouter une enchère pour faire primer l’ordre B à 750 euros.

            Si aucun autre enchérisseur ne se manifeste, il pourra adjuger le lot à ce prix. Si une autre personne enchérit, le Commissaire-Priseur continuera de monter, dans la limite de l’ordre (en l’espèce 1000 euros).

L’adjudication

            Lorsqu’il n’y a plus de surenchérisseurs, le Commissaire-Priseur peut décider d’adjuger le lot. La personne qui a mis la plus haute enchère remporte l’objet et est alors appelée “adjudicataire”.

            Pour adjuger un lot, le Commissaire-Priseur fait tomber son marteau et doit impérativement prononcer le mot “adjugé”. Si un enchérisseur se manifeste après que le marteau soit tombé, mais avant que soit prononcé “adjugé”, le Commissaire-Priseur peut reprendre les enchères, car le lot n’est juridiquement pas vendu.

            Pour reprendre l’exemple de notre vase, la situation suivante peut être imaginée : les enchères sont montées jusqu’à 2 000 euros, sur ordre d’achat. L’autre enchérisseur, au téléphone, ne souhaite pas surenchérir. Dès lors, le Commissaire-Priseur peut dire “nous sommes à 2000 euros sur ordre. On renonce au téléphone ? Plus d’autres vocations ? Attention, le marteau va tomber. À 2000 euros, sur ordre. Une fois, deux fois… Adjugé ! 2000 euros sur ordre. Acheteur ayant la plaquette n° 300. Merci pour vos enchères”.

            Le vase est alors juridiquement vendu et la propriété est transférée à l’adjudicataire. Ce dernier doit alors régler le montant de son bordereau à la Maison de vente. Il peut récupérer l’objet dès le paiement réalisé. Quelques semaines après la vente, la Maison reversa le produit de la vente, amputé des frais, au vendeur du vase.

            À noter que le contrat de vente conclu au moment de l’adjudication peut néanmoins être annulé dans certaines hypothèses. C’est le cas si le lot a été abîmé après la vente, si le rapport de condition était incomplet, ou si une folle enchère a eu lieu. En revanche, l’adjudicataire ne jouit pas du droit de dédit pour les ventes publiques.

 Les lots non venus

            Si pendant la vente vous entendez dire qu’un lot est non venu, cela signifie qu’il a été retiré de la vente. Le Commissaire-Priseur ne le met donc pas aux enchères et passe immédiatement au lot suivant. Un lot peut-être non venu pour plusieurs raisons : le mandat de vente n’a pas été signé dans les temps par le vendeur ; le lot a été cassé pendant l’exposition ; le vendeur s’est révisé et ne souhaite plus vendre son objet… etc.

Les lots invendus

            Il arrive que le lot mis en vente ne trouve pas preneur. On dit alors qu’il est invendu.

Il existe deux cas de figure, que nous verrons successivement : soit le lot n’a eu aucune enchère, soit le prix de réserve n’a pas été atteint.

            Dans ces deux hypothèses, le lot peut néanmoins être acheté après la vente : c’est ce qu’on appelle un after-sale.

Les lots retirés faute d’enchère

            Si le lot n’a attiré aucun acheteur, le Commissaire-Priseur le “retire, faute d’enchère”. Par exemple, imaginons que personne ne se manifeste quand notre vase signé Gallé est mis en vente. Le Commissaire-Priseur attend quelque temps, et s’il voit qu’il n’y a pas d’intérêt pour cet objet, il pourra dire “personne à 550 euros ? Pas de regret ? On laisse à 550 euros ? Personne ? Alors retiré faute d’enchères”.

Les lots dont le prix de réserve n’est pas atteint

            Parfois, un lot attire des acheteurs, mais les enchères sont insuffisantes et n’atteignent pas le prix de réserve.

            Par exemple, nous pouvons imaginer qu’un enchérisseur soit intéressé par notre vase. Néanmoins, il décide de s’arrêter à 500 euros, alors que notre vase a un prix de réserve à 600 euros. Le Commissaire-Priseur, qui n’a pas le droit de vendre à 500 euros, devra monter les enchères à 550 euros. Il demandera alors à l’enchérisseur si celui-ci souhaite mettre 600 euros. Notre enchérisseur expliquera qu’il n’est plus intéressé à ce prix. Alors, les enchères stagneront à 550 euros.

            Si personne d’autre ne se manifeste, le Commissaire-Priseur fera tomber son marteau sans prononcer le mot “adjugé”. Cela signifie que le lot n’est pas vendu.

La possibilité d’un after-sale

            Dans ces deux hypothèses, le lot est invendu. Il peut néanmoins faire l’objet d’une offre en after-sale.

            En effet, si vous êtes intéressé par un lot qui n’a pas trouvé preneur pendant la vente aux enchères, il vous est possible de contacter la Maison de vente pour proposer de l’acheter. Votre offre sera ensuite transmise au vendeur, qui pourra décider ou non de l’accepter. À noter qu’une offre en after-sale doit se faire rapidement après la vente. En effet, au-delà d’un certain délai, les lots invendus peuvent avoir été récupérés par le vendeur ou prévus dans une autre vente.

            Concernant le montant de l’offre, nos experts vous conseillent de proposer vous-même un prix, afin de ne pas vous le faire imposer par le Commissaire-Priseur. À cet égard, vous êtes libre de proposer n’importe quel prix. Pensez néanmoins que le vendeur doit encore accepter votre offre. Pour trouver une offre juste, qui puisse convenir à la Maison de vente, au vendeur et à vous, il peut être utile de prendre en considération l’estimation du lot. Celle-ci vous donnera un ordre d’idée de la valeur de l’objet.

            De plus, si un prix de réserve a été fixé pour le lot, il ne peut pas dépasser l’estimation basse. Dès lors, en faisant une offre égale à l’estimation basse, vous avez toutes les chances de pouvoir obtenir le lot. Vous pouvez néanmoins essayer une offre légèrement en dessous pour faire une bonne affaire.

            Vous connaissez désormais le déroulement des enchères, depuis la mise à prix d’un lot jusqu’à son adjudication, et au-delà. Alors bonne vente !

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