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Qui est Éros/Cupidon et comment le reconnaitre ?

Cupidon est le dieu de l’Amour. Figure mineure de la mythologie gréco-romaine, on le trouve très régulièrement dans l’art hellénistique et en Europe à partir de la Renaissance. Il n’est néanmoins pas toujours représenté en tant que dieu et joue souvent un rôle symbolique, rappelant uniquement au spectateur qu’il s’agit d’une scène amoureuse en voltigeant autour des amants ou en dormant à leurs pieds.

Cupidon peut-être représenté jouant avec les armes de Mars, se taillant un arc dans la massue d’Hercule ou avec les yeux bandés, parce que l’amour est aveugle. Il a aussi parfois à ses côtés un globe, signifiant que l’amour est universel. Minerve, Diane et ses compagnes, incarnant la chasteté, le réprouvent et l’attaquent. Dans l’art funéraire chrétien, on le voit également associé au putto tenant une torche abaissée et éteinte, signifiant la fin des plaisirs terrestres.

Au fil du temps, sa signification, et donc ses représentations, changent : les Grecs archaïques considéraient Éros comme un dieu puissant, incarnant les forces obscures de la nature humaine puis la Grèce hellénistique le transforme en enfant ailé. Dans les périodes plus proches de nous, à partir du XVe siècle, on le voit parfois en jeune homme ailé ou en petit enfant joufflu.

L’éducation de Cupidon

Selon une tradition répandue, Cupidon est le fils de Vénus, il est donc élevé par sa mère, mais aussi par Mercure, son précepteur. On le voit souvent représenté absorbé dans la lecture d’un livre entre sa mère et Mercure, comme dans le tableau de Corrège, L’Éducation de l’Amour, conservé au château de Chenonceau et dont on connait deux autres exemplaires. Le thème de l’éducation des dieux est en effet très en vogue à la Renaissance et après. Cet attrait est à mettre en lien avec l’intérêt nouveau porté à l’étude des classiques.

tableau de Corrège
L’Éducation de l’Amour, Corrège, conservé au château de Chenonceau

Cupidon puni

Cupidon fut souvent puni pour les méfaits qu’ont causés ses flèches. Il était ainsi la cible préférée de Minerve, mais aussi des nymphes de Diane, gardiennes de la chasteté, qui lui dérobent et lui cassent ses flèches durant son sommeil ou lui coupe les ailes. Sa mère est également très sévère, lui confisquant ses flèches et le fouettant avec un bouquet de roses tandis qu’il est allongé sur ses jambes. Les divinités masculines semblent être plus faibles face à Cupidon, comme Mars, qui tente de se rebeller, mais que Cupidon soumet souvent.

Cupidon piqué par une abeille

Théocrite narre un épisode de l’enfance de Cupidon, lorsque le petit dieu tenta de dérober un morceau de miel et fut piqué par une abeille. Il voulut alors se consoler auprès de sa mère qui lui rétorqua que les blessures qu’il infligeait avec ses flèches étaient autrement plus douloureuses. Ce thème a également parfois servi de toile de fond pour la représentation de l’âge d’or. Sinon, on voit le petit dieu debout, en larmes et Vénus à ses côtés, un rayon de miel sauvage à la main. Autour d’eux volettent des abeilles, rappel de l’épisode. Parfois, il est également représenté seul, au moment de la piqure, comme dans la sculpture de Jean-Antoine Marie Idrac, L’Amour piqué, conservé au Palais des Beaux-Arts de Lille.

sculpture Jean-Antoine Marie Idrac
L’Amour piqué, Jean-Antoine Marie Idrac, Palais des Beaux-Arts de Lille (Crédits photos : palais des Beaux-Arts de Lille)

Éros et Antéros

Selon plusieurs récits mythologiques, Vénus aurait offert un frère à Éros qui, s’ennuyant, avait cessé de grandir. Son nom est Antéros, littéralement « l’Amour retourné », et il symbolise l’amour réciproque, qui se renforce et grandit lorsqu’il en reçoit à son tour. Les deux frères sont représentés luttant pour une palme, comme dans le tableau de Camillo Procaccini, daté de la seconde moitié du XVIe siècle et conservé au musée des Beaux-Arts de Rio.

Toile de Camillo Procaccini, datée de la seconde moitié du XVIe siècle, musée des Beaux-Arts de Rio

Cette lutte, au contraire de ce qu’on peut y voir, n’était pas censé marquer leur désaccord, mais la force du sentiment qui les unissait. À la Renaissance, les Humanistes y ont également vu la dualité des deux amours, profane (le sentiment charnel, terrestre) et sacré (l’amour de Dieu).

L’Amour vainqueur

L’Amour vainqueur est un thème qui dérive d’une citation très célèbre de Virgile, tirée des Buccoliques, vers -40 avant J.-C. : « Omnia vincit Amor », « L’Amour vainc toutes choses ». On trouve diverses représentations pour cette thématique. La première montre Cupidon soumettant le dieu Pan en agrippant l’une de ses cornes (Pan étant le symbole de l’amour trivial et de l’universalité), l’Amour apparait donc omnipotent. Dans d’autres illustrations, on le voit se dressant sur des objets symboliques, livres, couronnes, musique ou cuirasse, symbolisant le triomphe de l’Amour sur tous les arts. Enfin, parfois Cupidon domine un guerrier.

L’Amour et Psyché

Vitraux de Psyché
Vitraux de Psyché, datés de 1542-44 et conservé au musée Condé de Chantilly. Crédits photos : musée Condé — Chantilly

Cette histoire ne fait pas partie du mythe originel, elle est due à Apulée, qui la raconte dans Les Métamorphoses et L’âne d’or. Il y écrit que la beauté de la jeune Psyché était telle qu’elle attira la jalousie de Vénus, qui dépêcha Cupidon afin de la rendre amoureuse d’un être médiocre. Dans cette mission, Cupidon tomba amoureux d’elle. Il dépêcha donc Zéphyr pour la faire emmener dans son palais, où il venait la voir à la nuit tombée, en refusant de se faire voir. Intriguée et poussée par la jalousie de ses deux sœurs, Psychée se décida une nuit à prendre une lampe à huile et contempler son visiteur endormi. Surprise par tant de beauté, elle fit tomber une goutte d’huile sur le torse de Cupidon qui se réveilla et s’enfuit. C’est cet épisode que les artistes ont le plus choisi de représenter, ainsi que le moment où Pysché retrouve son amant sur l’Olympe et l’épouse lors d’un grand banquet. La vie de Psyché est souvent prise pour thème dans les grands programmes décoratifs de la Renaissance, comme dans la suite des Vitraux de Psyché, datés de 1542-44 et conservé au musée Condé de Chantilly.

On trouve également d’autres représentations du petit Dieu, notamment sous les traits de l’Amour archer, illustrée par la célèbre sculpture d’Edme Bouchardon, L’Amour se taillant un arc dans la massue d’Hercule, réalisée en marbre en 1750, conservée au Musée du Louvre et qui a fait scandale à cause du corps adolescent du dieu.

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