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Hans Hartung, chef de file de l’abstraction lyrique

L’artiste franco-allemand Hans Hartung (1904-1989) est l’un des plus grands représentants de l’art abstrait. 

Ses expérimentations techniques extrêmement libres le conduisirent à l’abstraction lyrique, expression vaste désignant diverses formes d’abstraction qui ne relèvent pas de l’abstraction dite géométrique. 

Représenté par le galeriste Emmanuel Perrotin, l’œuvre d’Hans Hartung est également exposé dans de nombreux musées internationaux. Ses compositions sont également conservées et valorisées par la Fondation Hartung-Bergman.

De la peinture figurative à l’abstraction lyrique

Hans Hartung se forma d’abord à Dresde avant de s’engager sur la voie de l’abstraction. Sa carrière fut grandement marquée par la Seconde Guerre mondiale.

La découverte de l’expressionnisme allemand 

Hans Hartung est né à Leipzig en Allemagne en 1904. Issu d’une famille d’artistes — son grand-père et son père étaient musicien amateur et peintre autodidacte — le jeune garçon développa rapidement un attrait pour le dessin. 

Vivant à Dresde dans les années 1920, Hartung découvrit l’expressionnisme allemand à travers Emil Nolde (1867-1956), Ernest Ludwig Kirchner (1880-1938) et Erich Heckel (1883-1970) notamment. Étudiant auprès d’Oskar Kokoschka (1886-1980) à l’École des Beaux-Arts de Dresde, Hartung s’intéressa également aux maîtres anciens Rembrandt, Francesco Goya et Le Greco. Le jeune artiste s’exerça à reproduire et réinterpréter leurs œuvres. À la même époque, Hartung s’adonna à la peinture — alors figurative — et s’inspira des romantiques Caspar David Friedrich et Joseph Mallord William Turner. 

En 1922, Hartung découvrit l’aquarelle et l’utilisation des couleurs à l’aniline, procédé chimique donnant des couleurs plus intenses que toutes les autres utilisées jusqu’alors. 

Arrivé à Paris en 1926 il visita les musées — notamment Le Louvre — et les galeries modernes, dont celles des frères Rosenberg. Deux ans plus tard, Hartung fit la rencontre de la jeune peintre d’origine norvégienne, Anna-Eva Bergman (1909-1987), qu’il épousa en 1929.

Anna-Eva Bergman et Hans Hartung
Anna-Eva Bergman et Hans Hartung

L’engagement face à la montée du nazisme

Hans Hartung exposa pour la première fois à Dresde en 1931. Il quitta l’Allemagne l’année suivante afin de voyager en Europe. Poursuivi en Allemagne par le Gestapo, Hartung se réfugia à Paris en 1935. Il se lia alors avec plusieurs artistes, dont Jean Hélion (1904-1987), Piet Mondrian (1872-1944) et Henri Goetz (1909-1989). 

Durant ces années Hartung perfectionna sa méthode et réalisa des aquarelles et des toiles abstraites. 

Après avoir divorcé, le peintre épousa Roberta Gonzalez — fille du sculpteur Julio Gonzalez (1876-1942) — en 1939. La même année il s’engagea contre la montée du nazisme. Hartung s’enrôla dans la Légion d’honneur en 1944. Blessé, il fut amputé de la jambe droite. Il fut naturalisé français l’année suivante. 

Hans Hartung, Sans titre, 1922, aquarelle sur papier, Fondation Hartung-Bergman, Antibes
Hans Hartung, Sans titre, 1922, aquarelle sur papier, Fondation Hartung-Bergman, Antibes

Le triomphe du lyrisme

Après la guerre Hans Hartung participa à de nombreuses expositions personnelles ou collectives. Sa peinture désormais abstraite et lyrique traduit ses cauchemars et sa souffrance. Véritables exutoires, ses compositions illustrent hachures, tourbillons, grandes masses tracées à l’encre de Chine, à l’huile ou au pastel. 

En 1957, l’artiste se remaria avec Anna-Eva Bergman. Trois ans plus tard, il reçut le grand prix de la Biennale de Venise. À la même époque, Hartung s’exerça à l’acrylique — peinture industrielle — sur de grands formats, frappant ses compositions de touches rapides, griffées ou grattées.  

En 1986, Hartung entama une série d’œuvres très colorées où il projeta coulures et égouttures sur du papier emballage. Sa femme disparut l’année suivante tandis qu’Hans Hartung s’éteignit à Antibes en 1989.

Hans Hartung, T1971-R30, 1971, acrylique sur toile, Fondation Hartung-Bergman, Antibes
Hans Hartung, T1971-R30, 1971, acrylique sur toile, Fondation Hartung-Bergman, Antibes

L’abstraction lyrique

L’expression d’abstraction lyrique désigne en réalité une pluralité de procédés artistiques. Elle regroupe des œuvres aux adjudications mirobolantes sur le marché de l’art.

Un mouvement protéiforme

L’abstraction lyrique est apparue en France vers 1947. Cette expression désigne toutes les formes d’abstraction qui ne relèvent pas de l’abstraction dite géométrique. Elle recouvre ainsi l’action painting de Jackson Pollock (1912-1956), l’expressionnisme abstrait américain ainsi que le tachisme. Tous ces mouvements ne sont pas synonymes, mais il s’agit plutôt de diverses formes d’abstraction lyrique qui ont en commun une référence à la peinture de Vassily Kandinsky (1866-1944) pendant les années 1913-1914. 

Cette expression fut employée pour la première fois par le critique d’art Jean José Marchand (1920-2011) et le peintre Georges Mathieu (1921-2012) à l’occasion d’une exposition organisée en 1947 à la galerie du Luxembourg avec Wols (1913-1951), Bryen (1907-1977), Hartung, Mathieu, Riopelle (1923-2002), Atlan (1913-1960), Ubac (1910-1985) et Arp (1886-1966). 

L’abstraction lyrique regroupe ainsi des artistes évoluant vers un langage abstrait suivant une écriture gestuelle. Après la guerre cette expression servit à désigner de nouveaux procédés de liberté plastique.

De nombreux artistes se révèlent appartenir à ce courant : Hans Hartung bien sûr, mais également Simon Hantaï (1922-2008), Serge Poliakoff (1900-1969), Pierre Soulages (1919), Zao Wou-Ki (1920-2013), Chu Teh-Chun (1920-2014), Mark Rothko (1903-1970), Sam Francis (1923-1994), ou encore, Joan Mitchell (1925-1992).

Le lyrisme face au marché de l’art

Les œuvres des artistes lyriques atteignent des prix faramineux sur le marché de l’art. En ce sens, T1956-13 (1956) d’Hans Hartung fut adjugée 2 250 000 euros par Sotheby’s Paris en 2017.

Hans Hartung, T1956-13, 1956, acrylique sur toile adjugée 2 250 000 euros par Sotheby’s Paris en 2017
Hans Hartung, T1956-13, 1956, acrylique sur toile adjugée 2 250 000 euros par Sotheby’s Paris en 2017

De son côté, la toile Juin-Octobre 1985 (1985) de l’artiste franco-chinois Zao Wou-Ki trouva acquéreur pour 49 518 900 euros chez Sotheby’s Hong Kong en 2018.

Zao Wou-Ki, Juin-Octobre 1985, 1985, acrylique sur toile adjugée 49 518 900 euros par Sotheby’s Hong Kong en 2019
Zao Wou-Ki, Juin-Octobre 1985, 1985, acrylique sur toile adjugée 49 518 900 euros par Sotheby’s Hong Kong en 2019

Enfin, No.10 (1958) de l’américain Mark Rothko fut vendue 65 159 800 euros par Christie’s New York en 2015.

Mark Rothko, No. 10, 1958, acrylique sur toile adjugée 65 159 800 euros par Christie’s New York en 2015
Mark Rothko, No. 10, 1958, acrylique sur toile adjugée 65 159 800 euros par Christie’s New York en 2015

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