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L’art de l’horlogerie aux XVIIe et XVIIIe siècles
Dès l’Antiquité, les hommes ont cherché à mesurer le temps et ont rivalisé d’ingéniosité pour inventer les instruments qui pourraient rendre ce miracle possible : gnomon (bâton planté dans le sol), cadran solaire ou clepsydre. En Occident, le sablier n’apparait qu’au XIIIe siècle et l’horlogerie mécanique à balancier (système Foliot) au XIVe siècle. Leur fonction première est bien évidemment liée aux rites religieux, il s’agit uniquement de sonner les messes et les prières.
Une brève histoire du temps
À partir du XVe siècle, une invention voit le jour : le ressort moteur, qui permet la création d’horloges portatives. Un siècle plus tard, c’est l’apparition de l’horlogerie domestique et notamment de l’horloge de table, qui est un objet de grand luxe. À cette époque apparait également la montre. Dès lors, de nombreux centres de productions émergent en Europe, notamment en France, en Allemagne du Sud (Nuremberg et Augsbourg) et en Suisse. Au XVIIe siècle, la fabrication des horloges à pendule, qui permet une plus grande exactitude de mesure et donc l’ajout d’une aiguille pour les minutes, se substitue au système Foliot et se généralise dans toute l’Europe.
L’horlogerie au temps du Roi Soleil
Sous le règne de Louis XIV, on observe un renouveau des arts décoratifs grâce aux recueils d’ornements qui touchent à tous les aspects de la décoration intérieure. André-Charles Boulle par exemple, le grand maître de la marqueterie publie un recueil où figurent plusieurs modèles de pendules. Ces pendules adoptent le vocabulaire stylistique en vogue dans le mobilier à l’époque : lignes rigoureuses et marquées, bronzes figurant des feuilles d’acanthes, des mascarons ou des pots à feu, motifs de pilastres, incrustations d’étain, de cuivre ou d’ivoire. Les grands horlogers de l’époque sont Pierre Gaudron, Gilles Martinot et Jacques Thuret.
Fort heureusement, les modèles de pendules exécutées sous le règne de Louis XIV sont assez bien connus et répertoriés, parmi eux les types les plus diffusés sont :
La pendule religieuse
La pendule religieuse, qui tire son nom de sa ressemblance avec un portail d’église ou de palais. Sa caisse en bois de placage ou en marqueterie Boulle est souvent rectangulaire surmontée d’un fronton ou d’une doucine, entourée de colonnes ou pilastres. Les côtés sont souvent vitrés pour apercevoir le mouvement.
Le cartel Louis XIV
Le cartel Louis XIV a une forme générale qui se rapproche de la pendule religieuse, mais avec un cadran moins important. Il repose généralement sur un cul-de-lampe assorti. La marqueterie utilisée est de laiton et de cuivre.
La pendule de parquet
La pendule de parquet, posée sur un haut meuble, a une forme violonnée et une ouverture vitrée pour apercevoir le balancier. Comme les autres modèles au temps du roi Soleil, elle est souvent habillée de marqueterie de cuivre et d’écaille.
La Régence et le règne de Louis XV, l’art d’or des pendules
Sous la Régence, les horlogers se multiplient et forment une riche et puissance corporation parisienne. Certains bénéficient d’un privilège royal et vivent au Louvre, d’autres, les « valets de chambre du Roi » entretiennent les pendules des logis royaux. Toujours sous l’impulsion des recueils d’ornements, les formes changent, s’adoucissent. Les cartels, dont les plus beaux exemplaires sont réalisés par Charles Cressent, prennent une forme violonnée, les coquilles s’agitent, les feuilles d’acanthe s’allongent, les bronzes se font de plus en plus présents.
À partir de 1730, les cartels subissent l’influence nette du rocaille, les bronzes sont profondément ciselés et voltigent dans une asymétrie débridée. Les régulateurs suivent les mêmes tendances.
Au niveau des décors, les marqueteries de cuivre et d’écaille subsistent, mais laissent peu à peu la place à la corne, le laque, le vernis Martin et les placages de bois précieux.
Les pendules Régence et Louis XV
On peut relever quelques indices utiles pour authentifier une pendule Régence et Louis XV : avant 1750, les cadrans sont constitués de 13 fragments d’émail, après le cadran sera fait d’une seule pièce. De même, après 1750, on met en place un mouvement rond, plus adapté aux nouvelles formes.
Les pendules de cheminée
Les pendules de cheminée apparaissent en raison du développement dans le décor intérieur de la cheminée à hauteur d’appui surmonté d’une glace. Se développent également durant le règne de Louis XV les pendules aux Chinois, répondant à la fascination pour l’Extrême-Orient et les pendules aux animaux, très recherchées et dont les plus beaux modèles portent la signature du bronzier Jean-Joseph de Saint-Germain, telle la très célèbre pendule au rhinocéros du Musée du Louvre, réalisée vers 1750. Certaines pendules en faïence ou porcelaine, œuvres des marchands merciers apparaissent, mais dans une dimension plus restreinte.
L’horlogerie Louis XVI et la pluralité des modèles
Dans les années 1760, les formes et décors des pendules suivent le nouveau style impulsé par les ornemanistes Jean-Charles de la Fosse et Jean-François de Neufforge : le décor à la grecque. La clarté de la composition et l’équilibre des formes sont privilégiés.
Les pendules Louis XVI
Les pendules Louis XVI présentent un éventail infini de modèles et de variantes. Le bronze reste omniprésent, mais le marbre est de plus en plus utilisé. Les cadrans sont constitués d’une seule pièce d’émail blanc, souvent ornés de motifs floraux, les aiguilles sont ajourées et ornées de motifs néo-classiques tandis que l’on délaisse peu à peu les chiffres romains pour les chiffres arabes. Les mécanismes sont perfectionnés par les plus grands horlogers du règne : Bertout, Le Roy, Breguet, Lepaute…
Les pendules d’officier
Les grands modèles sont les pendules d’officier avec une caisse rectangulaire surmontée d’une poignée, les pendules portiques qui sont une innovation du règne de Louis XVI et connaissent un grand succès, les pendules vases et surtout les pendules-lyres, qui sont très caractéristiques de cette période.
Ces différents modèles d’horlogerie, les pendules notamment, se retrouvent assez régulièrement sur le marché de l’art et peuvent atteindre de très belles enchères, comme cette pendule lyre en porcelaine de Sèvres bleu turquoise et à riche décor de bronze, signé Dubuisson et marquée Kinale, adjugée plus de 40 000 euros chez Ferri en 2009.