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Le paysage dans l’art flamand et hollandais

Les paysages flamands et hollandais du XVIIsiècle ont des particularités techniques et visuelles qui permettent de les reconnaître assez aisément bien que, tout comme les peintures de paysages italiennes et françaises, ils répondent à un certain nombre de critères propres à tous les artistes du siècle qui visent à travers le paysage à réaliser la synthèse parfaite entre le beau et le vrai. La peinture de paysage hollandais peut-être qualifiée de descriptive et se distingue ainsi du paysage italien de la même époque, aux paysages arcadiens typiques des œuvres du Dominiquin ou encore du paysage français classique, à la composition finement ordonnancée et empesée de principes académiques. 

Le paysage hollandais

Tout autant que le genre de la nature morte ou du portrait, le paysage hollandais du le Siècle d’Or va connaître une grande diversité de traitements picturaux et une multiplicité de sous-genres, qui comptent, par exemple, la peinture de paysage urbain, genre né dans les années 1650 et magnifiquement illustré par Jan Van der Heyden, comme dans la Vision du Dam, 1667, Florence, musée des Offices. On peut aussi noter le genre de la peinture animalière, qui prend parfois place dans des paysages fantasmés, comme dans les œuvres de Paul de Woos, Roland Savery ou encore Pieter Boel.

Cette diversité de traitement et la multiplication des genres et des sous-genres est due au basculement qui s’opère dans la clientèle des peintres néerlandais du XVIIsiècle, qui n’est plus essentiellement constituée de grands commanditaires comme l’Église ou la noblesse, mais également d’une frange très large de la population appartenant à des classes sociales variées, de la bourgeoisie à la paysannerie. Toute la hiérarchie des genres picturaux, alors vénérée en France, est renversée ; il s’agit pour les peintres non plus de suivre des principes académiques, mais bien de répondre à des impératifs commerciaux tels que l’offre et la demande. Cette évolution des genres répond également à des impératifs religieux, la production de tableaux d’autels et les retables en terre protestante ayant été interdits par Calvin (bien qu’en réalité, de nombreux peintres protestants produisent des œuvres religieuses). Notons également que la peinture de marine, assimilée à la peinture de paysage, est également très populaire à cette époque pour des raisons rationnelles : le commerce maritime étant alors l’une des sources principales des revenus du pays.

Le paysage hollandais s’oriente également plutôt vers le naturalisme, parfois ancré dans une forte tradition locale comme dans Plaisirs d’hivers d’Hendrick Avercamp, 1608, Rijksmuseum qui s’inscrit dans la lignée des œuvres de Brueghel l’Ancien. Parfois, une logique de nationalisme propre aux Provinces-Unies guide la main du peintre qui se plaît à peindre des moulins, souvent le seul élément vertical de la composition, comme dans Paysage au moulin de Jan Van Goyen, 1642, Londres, National Gallery. Cette toile est également très symptomatique de la peinture de paysage hollandaise par sa palette tonale (qui se retrouve dans la nature morte à la même époque) et surtout la ligne d’horizon très basse, qui laisse au peintre tout le loisir de la représentation des effets du ciel. Ces éléments sont parfois renforcés par une démarche réaliste, presque topographique, comme dans le cas de la peinture des Van Ruysdael, Jacob et Salomon, qui s’illustrent également dans un autre sous-genre de la peinture hollandaise : le paysage de forêt. Enfin, tout comme la nature morte, la peinture de paysage en Hollande est souvent imprégnée d’une portée morale, comme dans les œuvres de Meindert Hobbema telle L’allée de Middleharnis, 1689, Londres, National Gallery qui ouvre une réflexion sur le passage du temps. Notons enfin que, pour Marcel Proust, le plus beau tableau du monde est un paysage de Johannes Vermeer, intitulé Vue de Deflt, 1660-61 et conservé au Musée Mauritshuis de La Haye.

Le paysage flamand

Les paysages flamands ne répondent pas aux mêmes impératifs commerciaux qui imposent aux artistes hollandais une grande diversité de thèmes et un constant renouvellement, bien que certains peintres s’illustrent dans des œuvres intégralement destinées au marché de l’art, comme Pieter Van Laer, dit Le Bamboche, qui introduit en Flandres les sujets populaires ayant pour thème le petit peuple de Rome, comme dans Paysage aux joueurs de Mourre, 1630, Musée de Budapest.

En règle générale, les peintres des Flandres catholiques s’inscrivent dans la tradition des peintres paysagistes du siècle précédent, aux compositions recomposées et imaginaires ayant pour sujet des thèmes mythologiques ou religieux comme Adam et Eve dans le jardin d’Eden, 1617 par Rubens et Jan Brueghel, Maurithsuis de La Haye. Une progression est néanmoins à noter dans la facture des éléments naturels, plus proches de la réalité observée comme dans le Grand paysage de montagne de Joos de Momper II, vers 1620.

Une évolution est également sensible dans les paysages du grand maître flamand Rubens, qui introduit une réalité topographique comme dans la toile représentant son jardin, Paysage d’automne avec vue du château de Steen, 1635, Londres, National Gallery, ou qui s’attarde sur la représentation de la vie paysanne dans Retour des champs, 1640, Florence, Palais Pitti.

Ainsi, en théorie, les peintures de paysage flamandes et hollandaises diffèrent considérablement. Cependant, le grand nombre de productions peintes et les mouvements d’artistes, voyageant du sud au nord et inversement pour fuir des persécutions religieuses ou rechercher une clientèle peuvent rendre difficile l’authentification d’un paysage. Il est ainsi essentiel de s’assurer d’une bonne expertise, grâce au regard affuté des professionnels de Mr Expert par exemple !

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