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Comment reconnaître les porcelaines françaises d’après leurs marques ?
Ce petit guide vise à permettre la connaissance par le grand public des éléments indispensables pour l’identification des caractéristiques et marques de la porcelaine française du XVIIIe siècle, qui est la plus recherchée. À propos de la porcelaine de Sèvres, un article concernant ses marques et ses techniques d’identification a déjà été publié sur notre journal, le 22 novembre 2020. Les grandes manufactures, telles celles de Paris, de Marseille, de Chantilly ou de Limoges ainsi que les manufactures royales de Vincennes et de Saint-Cloud feront également l’objet d’articles spécifiques. Enfin, pour des raisons évidentes de concision seules quelques manufactures et fabriques, parmi les plus importantes, sont ici traitées.
La manufacture d’Arras (1770-1790)
La fabrique fondée par Boussemaert, céramiste lillois bientôt rejoint par Delahaye et les sœurs Delemer a produit des pièces de porcelaine tendre, assez grossière, peu translucides et au vernis assez mat.
La plupart des décors de ces pièces de service de table ou de toilettes sont bleus et posés sous couverte, bien que l’on connaisse également des pièces à décor polychrome. Ces pièces portent au revers les lettres AR détachées ou accolées, en bleu sous émail ou en creux. Elles dépassent rarement la centaine d’euros à la vente.
La manufacture de Lille
Première période : 1711-1730
Dès 1711, Barthélemy Dorez obtient le privilège de la fabrication de porcelaines tendres à Lille. Cette manufacture produit des pièces semblables à celle de St Cloud, d’un blanc crémeux et à l’émail glacé, généralement à décor bleu de grand feu de lambrequins, palmettes et rinceaux.
Sur ces pièces, on peut trouver au revers la lettre L, parfois deux L formant un carré, qui passe pour être l’anagramme de Lille. Parfois on trouve un D majuscule, quelquefois surmontant un x.
Deuxième période : 1784-1817
Une fabrique de porcelaine dure fut installée par Leperre-Duclot en 1738. Cette manufacture ayant reçu la protection du dauphin, la marque fut un dauphin couronné, en or ou en rouge. Les productions ne sont pas d’une exceptionnelle qualité, mais passent parfois en vente où elles partent pour quelques centaines d’euros.
Mennecy-Villeroy (1734-1773)
La manufacture de Mennecy, placée dès sa création sous la protection du duc de Villeroy produit de belles pièces légèrement ambrées, très translucides et qui revêtent parfois l’apparence de l’ivoire. Les pièces dorées sont assez rares et l’on trouve généralement des décors d’oiseaux, de bouquets, de fleurs jetées avec des filets rosés ou violets en guise de dorure.
On connaît aussi des pièces, principalement des pots de toilette, à décor bleu sous couverte et bleu sur émail, dans le style de celles de St Cloud. Les marques sont principalement formées des lettres D. V. pour « duc de Villeroy » (parfois écrit en toutes lettres) et peuvent être couronnées ou liées par un point ou un point-virgule. Les marques en creux sont souvent précédées ou suivies de lettres et de dates. Les biscuits de Mennecy, d’un grain très fin et serré, sont quant à eux très peu marqués. Lorsqu’ils le sont, on retrouve les lettres D. V. en creux.
Attention, de fausses pièces aux marques falsifiées foisonnent dans le marché de l’art. Dans ces cas, la marque D V, au lieu d’être en creux dans la pâte est entaillée à la roue dans l’émail.
Les pièces de Mennecy-Villeroy sont très recherchées par les collectionneurs et peuvent s’envoler à plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Niderviller (1765-1827)
Les biscuits de porcelaine dure
La fabrique de Niderviller a produit de très beaux biscuits au grain blanc et régulier dont les modèles les plus intéressants ont été exécutés par Lanfrey, Charles Lemire et Constant, notamment des vases, pendules, figures isolées ou groupes et statuettes religieuses.
Les marques sont formées de la lettre N, Nider. Ou NIDERVILLER en toutes lettres et en creux, parfois encadrées. On trouve aussi T.D.L. (Terre de Lorraine) encadré ou non. Le nom de la fabrique est parfois associé aux noms de Constant (ou Constans) et « Lemire père », à des noms de peintres ou de tourneur ou à des chiffres. Selon leur qualité et le sujet, la valeur des biscuits de Niderviller en vente publique varie entre quelques centaines et plusieurs milliers d’euros.
Les pièces de services et autres porcelaines dures
M. de Beyerlé, seigneur de Niderviller produit, dès 1765 des pièces de porcelaine dure fabriquées avec du kaolin de Limoges. En 1774, cette fabrique passe aux mains du comte de Custine qui en confie la direction à Lanfrey, jusqu’en 1824.
Les porcelaines, de belle facture, sont généralement des pièces de service, des écuelles, des vases ainsi que quelques statuettes et groupes émaillés. Les marques de Beyerlé sont formées des lettres B et N superposées avec des lettres en creux ou en rouge qui sont des marques d’artisans. Avant 1789, les marques de Custine sont généralement formées d’un x en pourpre, brun ou bleu, surmonté d’une couronne. Après cette date, le x se retrouve seul ou surmonté d’un soleil.
La manufacture de Sceaux (1749-1795)
La manufacture de Sceaux fut, à sa création, placée sous la protection de la duchesse du Maine. À la mort de celle-ci, elle fut protégée par le duc de Penthièvre, grand amiral, dont les armes comprenaient l’encre. La porcelaine tendre de la manufacture est très semblable à celle de Bourg-la-Reine, mais plus blanche.
On ne rencontre que des pièces de service de table et des pots, jamais de statuettes. La décoration est principalement faite de fleurs polychromes, parfois en camaïeu rose pourpré. Les marques peuvent se rapporter au duc de Penthièvre, avec une encre qui surmonte le mot sceau, ou parfois elle-même surmontée des initiales S X. D’autres, signifiant Sceaux-Penthièvre, sont simplement formées des lettres S.P en creux et en bleu. Enfin, on retrouve largement les initiales S X en bleu et en creux. On trouve aussi, entre 1749 et 1763 une fleur de lys seule ou répétée trois fois, qui peut être bleu, rose ou verte.
Les pièces issues de la manufacture de Sceaux passent très régulièrement en vente, où elles sont souvent confondues avec celles de Bourg-la-Reine. Ces pièces sont généralement adjugées quelques centaines d’euros.
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