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Comment reconnaitre Cléopâtre ?
Sources et légendes
Le nom de Cléopâtre, qui signifie « à la gloire de son père », a été porté de nombreuses fois par des reines d’Égypte, de Macédoine (Cléopâtre de Macédoine était la sœur d’Alexandre le Grand) et même de Judée, mais lorsqu’on l’emploie, on entend le plus souvent la reine Cléopâtre VII, une reine d’Égypte qui régna entre 51 et 30 avant notre ère. Dès son vivant, sa réputation et ses combats la rendirent très célèbre. Sa mort, tragique et soudaine, n’a fait qu’augmenter l’aura et la légende de la reine.
Cléopâtre régna sur l’Égypte avec ses frères-époux Ptolémée XII et Ptolémée XIV, puis aux côtés de Marc Antoine. Sa relation avec Jules César, puis Marc Antoine (de qui elle aura plusieurs enfants), lui valurent d’être présentée comme une tentatrice et une femme dangereuse dans les principales sources antiques qui l’évoque (Flavius Josèphe, Plutarque, Suétone, Tite-Live). C’est en effet une femme qui remet en question les dogmes de la République romaine. En tant que reine ambitieuse, femme libre et de caractère, elle menace la virilité et la virtu romaine et est souvent vue par ses adversaires comme une reine débauchée. C’est pourquoi il est si difficile pour les historiens de démêler le vrai du faux de la vie et du caractère de la plus célèbre reine d’Égypte.
Représentations de Cléopâtre
La Cléopâtre seule
Durant l’Antiquité, on trouve de nombreuses représentations de la reine, seule, tantôt représentée comme une reine grecque, vêtue du chiton et de l’himation, et au visage naturaliste, comme dans la célèbre tête en marbre de l’Altes Museum de Berlin, daté de 40-30 de notre ère (ici reproduit), où l’on voit le célèbre nez busqué de la reine.
Cette tête passe pour être la plus proche des véritables traits de la reine. D’autres fois, Cléopâtre VII est représentée selon la tradition égyptienne, comme une reine pharaonique, aux traits idéalisés, nue et sans attributs particuliers, comme dans la statue de basalte du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.
Le festin de Cléopâtre
Les sources antiques évoquent un épisode révélateur du caractère de Cléopâtre. Un soir qu’elle avait convié Marc Antoine à un festin, celui-ci exprima sa surprise face à la magnificence du repas. En réponse, Cléopâtre détacha de son oreille une perle à la valeur inestimable et la fit dissoudre dans sa coupe de vin, qu’elle but. Par ce geste, grandiose, la reine témoignait de son indifférence à l’égard des richesses de ce monde. L’épisode est notamment illustré par Tiepolo dans ses fresques au Palazzo Labia de Venise (et dont on connaît plusieurs versions, dont l’une datée de 1744 et conservée à la National Gallery de Melbourne, ici reproduite).
La scène prend place dans le palais de Cléopâtre, imaginé selon les conventions du XVIIIe siècle. La reine est assise à table, aux côtés de Marc Antoine qui nous tourne le dos et de son compagnon Enobarbus, Barbe Rousse. Entre le pouce et l’index, elle tient une perle au-dessus d’une coupe ou bien, dans d’autres compositions similaires, elle s’apprête à la boire. Autour d’elle, des serviteurs vont et viennent, apportant mets et boissons, soulignant la richesse du banquet.
Cléopâtre et Octave
Octave ayant, avec sa flotte, détruit les armées de Marc Antoine et de Cléopâtre, il envahit l’Égypte. Selon Plutarque, cette défaite mena Marc Antoine au suicide. Octave alors vint présenter ses condoléances à Cléopâtre, qui lui remet une liste de ses trésors et de ses possessions. Cet épisode a été choisi par plusieurs peintres néo-classiques tel Louis Gauffier qui dépeint dans sa toile de 1787, conservée à la galerie Nationale d’Écosse, La rencontre entre Octave et Cléopâtre après la bataille d’Actium.
On y voit, dans un cadre qui se veut à l’antique, Octave avec ses officiers à l’arrière-plan en face de la reine d’Égypte qui s’apprête à lui tendre les Papyri qu’elle conserve auprès d’elle. Parfois, elle est représentée un papier à la main.
La mort de Cléopâtre
Cet épisode est, de loin, celui qui a été le plus choisi par les artistes et leur commanditaire, grâce à sa propension dramatique et érotique. Plutôt que d’accepter la défaite, Cléopâtre préféra se suicider en se faisant mordre au sein, dit-on, par un cobra. Ce thème de prédilection, très en faveur dès le XVIe siècle, représente la reine déchue assise ou étendue sur un divan. L’épisode est à l’époque tellement connu qu’il conduit à des sur interprétations, ainsi le marbre antique de L ’Ariane endormie, achetée par le pape Jules II en 1512 est interprété comme une représentation de la mort de Cléopâtre, à cause du serpent qui entoure son bras.
Le sujet se prête en effet à des représentations tant en peinture qu’en sculpture. Ainsi, François Barois dans son morceau de réception, Cléopâtre mourant, conservé au Musée du Louvre, la représente alanguie demi-étendue sur sa couche (dans la même position que l’Ariane endormie que l’on pensait encore être une représentation de la reine égyptienne) dans une attitude sensuelle et tragique, en train de porter l’aspic à son sein.
En peinture, les artistes enrichissent la scène des détails donnés par Plutarque : “Ils la virent saisie par le froid de la mort, étendue sur un lit doré, parée de tous ses ornements royaux. Iras, l’une de ses femmes, gisait mourante à ses pieds, et Charmion, prête à tomber, à peine capable de soutenir sa tête, arrangeait le diadème de sa maîtresse”. L’épisode est également reconnaissable à la corbeille de fruits (souvent des figues) dans laquelle le serpent était dissimulé ; cet attribut est parfois placé au premier plan comme dans la toile de Reginald Arthur, peinte en 1892 et aujourd’hui conservée dans la collection de la Roy Miles Gallery de Londres.