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Le trio infernal Valadon, Utrillo, Utter
Trois peintres, trois styles et pourtant une seule famille. Voici comment définir le trio infernal formé par Suzanne Valadon (1865-1938), Maurice Utrillo (1883-1955) et André Utter (1886-1948).
Ces peintres marquèrent le Paris du début du XXe siècle par leurs œuvres de génie et leurs identités artistiques.
Suzanne Valadon, la mère
Sa vie
Suzanne Valadon, de son vrai prénom Marie-Clémentine, débuta une carrière d’acrobate en 1880. Toutefois, une mauvaise chute mit fin à cette activité.
La beauté de Valadon attira rapidement le regard des artistes. C’est ainsi qu’elle devint leur modèle et apprit leurs techniques durant les séances de pose. Son profil fut notamment dépeint par Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898), Théophile Steinlen (1859-1923), Auguste Renoir (1841-1919) et Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901).
Dès 1881, Valadon fréquenta le milieu artistique de Montmartre, quartier où elle résidait également.
Âgée de dix-huit ans elle donna naissance à son fils Maurice. À la même époque, Valadon s’initia aux portraits, son genre de prédilection, mais réalisa également des natures mortes, bouquets et paysages aux couleurs vibrantes.
Sur les conseils de son ami Henri de Toulouse-Lautrec — à qui elle doit son nom d’artiste « Suzanne » — elle présenta ses dessins à Edgar Degas (1834-1917). Les deux artistes se lièrent alors.
Son œuvre
Suzanne Valadon est principalement connue pour ses portraits. Elle exposa ses œuvres à partir des années 1890.
En 1894, elle fut la première femme admise à la Société nationale des Beaux-Arts. Ses compositions fortes et colorées furent exposées au Salon d’Automne de 1909 à 1933.
Ses œuvres sont présentes dans de nombreux musées français (Musée de Montmartre, Musée d’art moderne de la ville de Paris, Musée Fabre, Beaux-Arts de Lyon), mais également à Alger et Genève. En 2020, Christie’s Paris adjugea La petite fille au miroir (1909) pour 190 000 euros.
Maurice Utrillo, le fils
Sa vie
Fils de Suzanne Valadon, Maurice Utrillo naquit à Montmartre en 1883 d’un père inconnu. Il fut adopté par le peintre catalan — et amant de sa mère — Miquel Utrillo (1862-1934) en 1891. Le jeune Utrillo fut principalement élevé par sa grand-mère.
À partir de 1901, il fit plusieurs séjours à l’asile. Utrillo sombra progressivement dans l’alcoolisme, problème récurrent qui le suivit toute sa vie. Toutefois, doué d’un certain talent en peinture, Utrillo fut encouragé par sa mère à poursuivre dans cette voie.
Son œuvre
Maurice Utrillo commença à peindre régulièrement à partir de 1910. Probablement pour se détacher de sa mère, Utrillo ne s’illustra pas dans la représentation de portraits, mais dans celle des paysages. Peintre représentatif de l’École de Paris, il peignit de nombreux paysages urbains, essentiellement des vues du quartier de Montmartre. Ses compositions aux teintes blanches prédominantes évoluèrent vers des tonalités vives et gaies par la suite.
Ses œuvres sont visibles en France, aux États-Unis, en Angleterre, en Suisse, ou encore, en Russie. Le record d’adjudication pour une œuvre d’Utrillo fut réalisé en 1990 par l’étude Briest pour Le café de la Tourelle à Montmartre (1911) vendu 1 112 885 euros.
André Utter, le compagnon
Sa vie
Né en 1886, André Utter grandit à Montmartre où il fit la rencontre de Maurice Utrillo. Les deux jeunes hommes se lièrent d’amitié et c’est ainsi qu’Utter fut présenté à Suzanne Valadon.
Son œuvre
André Utter fut initié à la peinture par Suzanne Valadon. À ses débuts il réalisa de nombreuses peintures de paysage. Puis, à l’instar de Valadon, il se consacra aux portraits et aux natures mortes.
Son célèbre Portrait de Maurice Utrillo (1910) est exposé au Musée national d’art moderne.
Moins recherchées sur le marché de l’art, ses œuvres réalisent des prix bien moins conséquents que celles de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo.
Le trio infernal de Montmartre
Suzanne Valadon quitta son époux lorsqu’elle fit la rencontre en 1909 de l’ami de son fils Maurice Utrillo, André Utter, de vingt-et-un ans son cadet. Ce fut le début d’une relation houleuse de près de trente ans caractérisée par des querelles, réconciliations ainsi que l’alcoolisme.
Ensemble le trio s’installa dans l’atelier de Valadon au 12 rue Cortot à Montmartre. Valadon et Utter sa marièrent en 1914 avant le départ en guerre du jeune homme. Utter fut le modèle de Valadon et produisit à ses côtés ses propres tableaux.
En 1923 André Utter devint propriétaire du Château de Saint Bernard, une bâtisse sur les bords de Saône, qui devint le quartier général du trio hors de Montmartre. Chaque artiste disposant de son propre atelier.