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Argenterie et Orfèvrerie : les différents poinçons au XVIIIe siècle
Les pièces d’orfèvrerie et d’argenterie sont des valeurs sûres sur le marché de l’art. Il est aisé de déterminer, la valeur d’un tel objet au regard du cours des métaux précieux. La valeur de l’objet ne peut alors que croître avec la possible valeur artistique ou encore du fait de la provenance de l’objet.
Définition et intérêt
L’argenterie englobe la production d’objets en argent et l’orfèvrerie désigne celle des objets en or. L’or et l’argent sont des métaux précieux formés par un alliage plus ou moins pur qui sera contrôlé très tôt en France par les instances dirigeantes du royaume, de l’Empire, puis de l’État. Cette législation est aujourd’hui bien définie de façon nationale et mondiale.
Le contrôle des objets en métaux précieux remonte au Moyen-Âge. Les métaux précieux sont l’argent, l’or, le vermeil appelé aussi argent doré et plus tard le platine (produit au début du XXe siècle). Dès le XIIIe siècle, chaque ville possède son propre poinçon qui sera apposé sur chaque pièce d’argenterie et d’orfèvrerie.
Le poinçon garantit la quantité de métal précieux dans l’alliage composant la pièce. L’alliage est le résultat final du mélange d’un métal avec plusieurs autres éléments. La quantité de métal précieux devait être conforme aux édits royaux, et désormais aux lois. L’orfèvre est garant de la quantité d’argent dans l’alliage. Le poinçon permet également un contrôle de l’origine et de la datation de la pièce. La raison du poinçon devient surtout fiscale à partir du XVIIe siècle : un impôt est perçu au profit du régime en place, ce qui est toujours le cas aujourd’hui.
Présentation des différents poinçons
Au XVIIIe siècle, quatre poinçons étaient apposés sur chaque pièce d’orfèvrerie. Le poinçon de maître orfèvre, le poinçon de communauté (dit aussi lettre date/de jurande/de titre), le poinçon de charge et le poinçon de décharge.
On parle de poinçon de maître orfèvre, car les orfèvres faisaient partie d’une communauté dont les membres étaient désignés par le nom de « maître ». Le poinçon de maître est composé d’une fleur de lys stylisée, des initiales des noms et prénoms de l’artisan, ainsi que d’un « différend » c’est-à-dire un symbole rendant le poinçon différenciable et spécifique au maître orfèvre. La dynastie d’orfèvres des Le Tailleur en Bretagne avait par exemple comme signe distinctif une couronne.
Le poinçon de communauté garantit la quantité de métal précieux dans l’alliage. Ce poinçon est également appelé lettre date, cette appellation est moderne et désigne l’aspect du poinçon en lui-même : une lettre. Cette lettre changeait tous les ans au XVIIIe siècle. Chaque ville apposait ce poinçon, mais toutes les villes ne l’ont pas commencé le même jour, ce qui rendait difficile la datation lorsque l’on ne connait pas la ville d’origine de l’objet. Dans un souci de distinction, chaque ville avait une stylisation différente d’une même lettre. Une fois l’alphabet épuisé, au bout de 26 ans, l’alphabet reprenait à partir du 1, stylisé d’une manière différente. En 1784 on supprime le poinçon de communauté, mais il sera millésimé (arrête à la révolution) et comportera les deux derniers chiffres de l’année, et ce, peu importe la ville de production.
Le poinçon de charge est devenu obligatoire à partir de 1672 et changeait tous les 6 ans. Ce poinçon est imposé lorsque l’orfèvre a commencé son objet : il apporte tous ses morceaux au bureau de la monnaie pour qu’ils soient pesés. Une taxe lui est alors réclamée selon le poids de l’objet. Le poinçon de charge prenait la forme d’une lettre. La distinction avec le poinçon de communauté était possible grâce à une stylisation différente de celle-ci.
Une fois l’objet fini, il revient à l’hôtel de la monnaie de la ville en question pour vérifier que les éléments composant l’objet sont bien les éléments utilisés au départ et que l’objet pèse le même poids que lors de l’insculpation du poinçon de charge. Si tel est le cas, le poinçon de décharge est alors apposé sur l’objet. Le poinçon de décharge était très petit et représenté sous la forme d’une rose, d’une feuille ou d’un animal.
Ces deux derniers poinçons attestent au XVIIIe siècle de la perception de l’impôt par le roi. Ils sont insculpés à deux moments différents de la fabrication de l’objet : quand l’orfèvre s’est acquitté d’une partie des droits sur le métal précieux, et quand l’objet est fini il retrouve voir le fermier général et paye les droits qui lui restent à payer.
Le XVIIIe siècle a marqué l’apogée du contrôle des métaux précieux. Mais la révolution mettra un terme au système tel qu’on le connaissait, avec la suppression en 1793 des corporations et des communautés d’orfèvres. La nouvelle réglementation permettra de dater à partir de 1798.
Le poinçonnage au XVIIIe siècle comprend de nombreuses subtilités. Nos experts sont là pour vous aider à mieux comprendre, dater et estimer la valeur de vos pièces d’argenterie et d’orfèvrerie du XVIIIe siècle.
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