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L’art Russe après la Révolution de 1917
En Russie se développent, jusqu’à la Révolution bolchévique de 1917, de grands mouvements artistiques d’avant-garde aujourd’hui bien connus des historiens de l’art et du grand public. Le Néoprimitivisme de Natalia Gontcharova, le cubo-futurisme et le suprématisme de Kasimir Malevitch, l’art abstrait représenté par Kandinsky et enfin le constructivisme porté par Vladimir Tatline et Alexandre Rodtchenko sont l’objet d’études et d’expositions régulières. L’art Russe d’après la Révolution et jusqu’à nos jours est en revanche bien moins mis en valeur par l’historiographie. Rapide tour d’horizon.
De 1917 à 1950
La période de reconstruction (1922-1928)
A la Révolution et à la guerre civile succède la Nouvelle Politique Économique, qui place l’art et la construction au cœur de ses prérogatives. Ainsi, l’architecture connaît une réelle explosion, notamment via le constructivisme et le rationalisme, en lien avec le développement des clubs ouvriers et des maisons communes. Dans le domaine des arts plastiques aussi le constructivisme se taille une bonne place, aux côtés du réalisme qui domine la scène artistique. Pour les artistes appartenant au constructivisme, le but de l’art est la construction d’une nouvelle réalité en lien avec les aspirations sociales du temps : le tableau de chevalet, symbole d’un art bourgeois, est ainsi rejeté.
Le réalisme est accepté et reconnu par le Parti comme le symbole d’un art prolétaire et par la multiplicité de ses acteurs, il se divise en plusieurs catégories. Dans la lignée des Symbolistes Russes ainsi que des Ambulants, on trouve pléthores d’artistes, comme Ilya Machkov ou Pavel Radimov.
Avec l’affirmation de Staline au pouvoir en 1925, la fonction de propagande de l’œuvre d’art ainsi que ses thématiques liées au Parti formeront les caractéristiques centrales de l’art soviétique.
Le Grand Tournant (1929-1933) et le Réalisme Socialiste
Le Grand Tournant coïncide avec la relance par Staline de la lutte contre les ennemis de classe. Dans le milieu artistique, cette violence se traduit par des affrontements entre les artistes prolétariens et ceux appartenant aux autres courants. Les premiers souhaitent l’orientation pure de l’art vers l’idéologie et à la fois refusent les pratiques purement formalistes, perçues comme élitistes. D’une manière générale, on assiste alors à une forte résurgence de l’art de propagande.
Côté urbanistes, on s’interroge sur la construction d’une ville socialiste idéale. Architectes et urbanistes prônent la décentralisation et la dédensification avec la suppression de la famille en tant que cellule de base de la société. Les formes sont différentes, mais toutes ou presque s’écartent du type de la maison individuelle, synonyme du mode de vie bourgeois.
Dans cette période de forte tension, Staline annonce la fin de la lutte des classes et dissout tous les groupes artistiques, notamment les prolétariens en 1932. La même année apparaît la formule « réalisme socialiste » qui décrit, un temps, tous les arts soviétiques dans leur diversité et leur richesse, mais très vite, le Parti intervient pour condamner la production des artistes liés aux avant-gardes. On revient à un art essentiellement propagandiste, l’histoire nationale devenant un thème central.
De 1950 aux années 2000
L’art de la période poststalinienne (1953-1956) et du « dégel » (1957-1964)
Après la mort de Staline en 1953, la situation des arts demeure relativement inchangée : les artistes subissant encore une forte pression. Puis s’en suit une période qualifiée de « dégel » et qui est marquée par une relative liberté pour les artistes et une forme de démocratisation des méthodes de gestion de la culture. Aux portraits des héros du Parti communiste sont préférés la Représentation de situations quotidiennes, notamment dans le style sévère, également appelé « néo-réalisme soviétique » et dans quelques mouvements qui reprennent les avant-gardes européennes. Cette respiration ne durera que très peu de temps, puisque l’arrivée au pouvoir de Leonid Brejnev signera le retour du totalitarisme répressif.
La stagnation (1964-1985)
Au cours de cette période, l’État ne commande que des œuvres monumentales servant à la commémoration de la Révolution de 1917 : on érige des monuments commémoratifs de la bataille de Stalingrad et de grandes expositions officielles présentent chaque année les œuvres des artistes des quinze républiques d’U.R.S.S. Parallèlement commencent, dès 1974, les expositions des artistes non-conformistes organisées dans des ateliers ou des appartements de certains dissidents politiques. À partir de là, et jusqu’à la Perestroïka de 1985, deux courants évoluent côte à côte : l’art officiel et non-officiel, ce dernier ayant pris place dans la vie artistique Russe depuis la célèbre « exposition des bulldozers » de Moscou.
L’art de la Perestroïka et de la période post-soviétique
À partir de 1986, la Perestroïka s’est répandue dans le domaine artistique et l’art non-officiel (presque illégal) est de nouveau montré : les œuvres de Malevitch, Gontcharova, Chagall et autres sont sorties des réserves. On voit également apparaître les premières galeries d’art privées, bien que le marché de l’art demeure encore semi-clandestin.
La disparition de l’Union Soviétique entraîne une réelle libération artistique, toutes les œuvres sont désormais autorisées et parmi elles dominent les œuvres ironiques et satiriques, critiquant essentiellement l’art soviétique. Profitant de la popularité des réformes culturelles russes à l’étranger, plusieurs artistes s’installent en Europe occidentale où ils se forment et diffusent les nouvelles créations de l’art russe avant de revenir travailler dans leur pays et d’être exposés dans les plus grandes institutions, comme la galerie Tretiakov ou l’Ermitage.
Aujourd’hui, l’art Russe est extrêmement divers, et toutes les tendances existent (de la peinture héritière du réalisme socialiste à la performance politique), bien qu’il souffre encore de censures établies par le régime de Vladimir Poutine. Sur la scène artistique internationale, l’art russe contemporain est en bonne place bien qu’il manque encore d’une véritable reconnaissance par le public occidental.