Le Salon d’Automne
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Le premier Salon de l’Académie royale de peinture et de sculpture fondée en 1648 eut lieu en 1673 au Palais Royal. Par cette manifestation le but de l’Académie était de concurrencer le « Mai » de la corporation de Saint-Luc.
Les salons se sont par la suite multipliés jusqu’à devenir un évènement annuel. Gratuit et accessible à tous le Salon attirait de nombreux visiteurs souhaitant observer les derniers travaux des artistes contemporains.
En 1747 une requête fut formulée à l’encontre de la médiocrité des ouvrages proposés et à leur nombre de plus en plus élevé.
Un premier salon en marge des Salons officiels s’organisa en 1776. Il s’agissait de la première manifestation d’une libre expression désireuse de s’affranchir de la tutelle officielle.
Avec les évènements troubles de la Révolution il fallut attendre 1800 afin que l’attractivité auprès du public redémarre. L’Empire, la Restauration puis le Second Empire furent des périodes fastes pour l’art en général.
En 1863, face à l’attitude des jurys du Salon qui refusèrent des œuvres d’Édouard Manet (1832-1883) notamment, Napoléon III autorisa le Salon des refusés afin de « laisser les visiteurs juges de la légitimité des réclamations ».
De leur côté les impressionnistes organisèrent huit manifestations entre 1873 et 1886 afin de promouvoir leurs œuvres tant décriées à l’époque.
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle les salons se multiplièrent. Ainsi Georges Seurat (1859-1891) fut à l’origine du Salon des artistes indépendants en 1884. Quelques années plus tard en 1903 n’acquit le Salon d’Automne.
Les origines du Salon d’Automne
Le Salon d’Automne est né grâce à l’initiative de Frantz Jourdain (1847-1935). Depuis sa création la manifestation a lieu chaque année durant l’automne.
L’impulsion de Frantz Jourdain
Le Salon d’Automne fut créé en 1903 dans les sous-sols du Petit Palais à Paris. À l’instar de plusieurs de leurs prédécesseurs qui furent à l’origine du Salon des artistes indépendants, plusieurs amis artistes se sont retrouvés afin de lutter contre l’académisme régnant.
L’initiative de la création du Salon d’Automne revient à l’architecte et homme de lettres belge Frantz Jourdain qui fut également le premier président de la manifestation. Il s’appuya sur plusieurs de ses amis : l’architecte Hector Guimard (1867-1942), les peintres Georges Desvallières (1861-1950), Eugène Carrière (1849-1906), Félix Vallotton (1865-1925), Édouard Vuillard (1868-1940), Pierre Bonnard (1867-1947), Georges Rouault (1871-1958) ou encore Henri Matisse (1869-1954).
Le but d’une telle exposition indépendante était de promouvoir les avant-gardes et les esprits novateurs de l’époque. De permettre au public de découvrir les prolongements de l’impressionnisme tant décrié en son temps.
Une manifestation annuelle automnale
Le choix de la date de l’exposition est un choix stratégique propre à chaque salon. Celui du Salon d’Automne se justifie pour plusieurs raisons. Cela permet en effet aux artistes d’exposer de petits formats réalisés en extérieur au cours de l’été. De plus, en ayant lieu en automne, le Salon se distingue ainsi des autres manifestations artistiques à savoir le Salon de la Société nationale des beaux-arts et le Salon des artistes français.
Fort du succès de sa première édition en 1903, le Salon d’Automne fut accueilli sous l’écrin de verre et de métal du Grand Palais dès 1904.
Le Salon se singularise également par sa pluridisciplinarité en présentant des peintures, sculptures, photographies, dessins, gravures, œuvres d’arts appliqués, etc. De nombreux étrangers participent à ce Salon.
Toujours actif, le Salon d’Automne a lieu les jours précédant l’ouverture de la célèbre foire parisienne d’art contemporain : la FIAC.
Reconnue d’utilité publique depuis 1920, la Société du Salon d’Automne est soutenue par le Ministère de la Culture.
Témoin de l’émergence des plus importants mouvements artistiques du XXe siècle, le Salon d’Automne n’eut de cesse de promouvoir les avant-gardistes.
Promouvoir les avant-gardistes
Les éditions de 1905 et 1911 marquèrent l’histoire de l’art moderne à travers l’émergence du fauvisme puis du cubisme.
L’exposition de 1905 : le fauvisme
En 1905 un quart des sociétaires — alors conservateurs — de l’association chargée de la mise en place de l’édition de 1904 furent écartés au profit d’artistes avant-gardistes. Le nouveau comité élu pour deux ans se composa d’anciens élèves de Gustave Moreau (1826-1898) avec Henri Matisse, Georges Desvallières, Georges Rouault, René Piot (1866-1934) ainsi que Louis Vauxcelles (1870-1943) et Roger Marx (1859-1913).
Composé de dix-huit salles le Salon permit à de nombreux artistes d’exposer leurs œuvres, qu’il s’agissent d’artistes établis tels Auguste Rodin (1840-1917), Paul Cézanne (1839-1906), Auguste Renoir (1841-1919), Odilon Redon (1840-1916) ou d’artistes à la réputation croissante tels Eugène Carrière, Georges Desvallières, Édouard Vuillard, Pierre Bonnard.
Mais il s’agit de la salle VII, placée au cœur de l’exposition, qui suscita de nombreux débats. Cette salle regroupait des œuvres d’Henri Matisse, André Derain (1880-1954), Maurice de Vlaminck (1876-1958), Albert Marquet (1875-1947), Charles Camoin (1879-1965). Ces œuvres fortement colorées donnèrent le nom à un nouveau mouvement artistique : le fauvisme.
Si le Salon de 1905 fut bien accueilli par la critique, notamment pour ses rétrospectives sur Ingres et Manet, elle s’insurgea avec virulence contre la montée de la nouvelle génération.
L’exposition de 1911 : le cubisme
La neuvième édition du Salon d’Automne exposa des œuvres des artistes cubistes suiveurs des maîtres Pablo Picasso (1881-1973) et Georges Braque (1882-1963). Ces derniers n’exposaient alors plus lors des grands évènements annuels puisque leur promotion était assurée par leurs marchands tels Ambroise Vollard (1866-1939) et Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979).
Le cubisme de salon se distingue par sa monumentalité croissante. Il est le fait des peintres et sculpteurs Albert Gleizes (1881-1953), Jean Metzinger (1883-1956), Henri Le Fauconnier (1881-1946), Alexander Archipenko (1887-1964).