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Georges Braque : amitiés, collaborations et influences

D’abord fauviste avant d’être à l’origine du mouvement cubiste, Georges Braque (1882-1963) marqua profondément l’histoire de l’art moderne. Il fut notamment l’inventeur de la technique des papiers collés.

Son parcours fut jalonné de rencontres artistiques et d’amitiés profondes qui eurent une influence indéniable sur son œuvre. Sa collaboration la plus connue demeure celle avec le peintre Pablo Picasso (1881-1973). Il ne faut pas pour autant oublier son amitié avec le sculpteur Henri Laurens (1885-1954).

Georges Braque : entre expérimentations et innovations

Braque suivit un parcours classique avant de faire partie de l’avant-garde artistique à travers le fauvisme.

Du Havre aux Beaux-Arts de Paris

Né en 1882, Georges Braque grandit au sein d’une famille d’artisans dont le père était peintre amateur. 

Huit ans plus tard, sa famille déménagea au Havre. Peu intéressé par les études, Braque intégra l’École supérieure des arts de la ville où il suivit l’enseignement de Charles Lhuillier (1824-1898). 

En 1899, Braque quitta le lycée et emménagea à Paris. Il devint apprenti chez Roney, ami de son père et peintre décorateur.

Après avoir effectué son service militaire, le jeune artiste revint à Paris. Braque s’installa à Montmartre et s’inscrivit à l’Académie Humbert où il fit la rencontre de Marie Laurencin (1883-1956) et Francis Picabia (1879-1953).

En 1905, Braque décida d’intégrer l’École des Beaux-Arts de Paris où étudiait l’artiste havrais Othon Friesz (1879-1949).

Georges Braque
George Braque

Du fauvisme et au cubisme

Dans un souci de renouvellement constant de sa peinture, Georges Braque expérimentait tout. Ses premières œuvres illustrent l’influence d’Henri Matisse (1869-1954) et André Derain (1880-1954). En effet, Braque découvrit le fauvisme et ses compositions colorées en 1905. Hymne à la couleur, le dessin est simplifié et les couleurs éclatantes sont posées par tâches ou en aplats.

Mécontent de ses œuvres présentées en 1906 au Salon des indépendants, Georges Braque détruisit l’ensemble de ses toiles. 

L’année suivante, en 1907, il changea sa façon de peindre après avoir vu une rétrospective consacrée au peintre aixois Paul Cézanne (1839-1906). Dès lors Braque commença à géométriser ses formes tout en cherchant à représenter les différents côtés d’un même objet. C’est le début du cubisme géométrique. Cette nouvelle manière de peindre fut confortée par sa rencontre, la même année, avec Pablo Picasso qui l’invita dans son atelier au Bateau-Lavoir. Braque découvrit à cette occasion le très célèbre Les demoiselles d’Avignon (1907).

En 1908 eut lieu la première exposition personnelle de Braque qui fut fortement décriée par le critique Louis Vauxcelles. 

L’année suivante, Braque et Picasso devenus inséparables, travailla ensemble. Ils élaborèrent la théorie du cubisme analytique selon lequel les artistes souhaitèrent décomposer et recomposer le modèle selon plusieurs points de vue, mais en une seule image fixe.

En 1911, Braque s’intéressa au collage. En ce sens il colla des papiers peints et des journaux directement à même la toile.

Mobilisé durant la Première Guerre mondiale puis grièvement blessé, Braque ne put repeindre qu’à partir de 1917. Par la suite, sa manière évolua vers des compositions davantage colorées et figuratives.

En 1948, l’œuvre de Braque fut récompensée par le Grand Prix de la Biennale de Venise. En 1953 il peignit les oiseaux du plafond de la salle Henri II et devint le premier peintre représenté au Louvre de son vivant.

Georges Braque, Violon et pipe
Georges Braque, Violon et pipe, 1913-1914, fusain, mine graphite, craie et papiers collés sur papier collé sur carton, Centre Pompidou, Paris

Braque et Picasso : l’invention du cubisme

Daniel Henry Kanhweiler déclara « Tantôt ce fut l’un, tantôt ce fut l’autre qui prit l’initiative de mettre en pratique telle œuvre, tel progrès de nouveaux modes d’expression. Le mérite en revient à tous deux ». Voilà qui peut résumer la collaboration artistique de Braque et Picasso.

Invention collective, le cubisme est dû aux deux artistes. Braque et Picasso se sont rencontrés en 1907, mais ce n’est que deux ans plus tard, en 1909, que leur véritable collaboration débuta. Durant cette période les deux amis se virent tous les jours. De la géométrisation les artistes arrivèrent à la fragmentation des formes en facettes.

Après une première phase analytique du cubisme, Braque et Picasso réintroduisirent la réalité dans leurs compositions. Dès lors en 1911 Braque innova en reproduisant des chiffres et des lettres au pochoir sur la toile. L’année suivante, Picasso inventa le collage, aussitôt reprit Braque qui inaugura les constructions en papier et développa l’idée des papiers collés. 

Le binôme Braque-Picasso se caractérisa par une forme d’émulation inédite. Sujets semblables, manière proche, œuvres non signées ; tous ces éléments participent à la difficulté de distinguer leurs travaux respectifs.

Révolution picturale majeure, le cubisme permit à Braque et Picasso de détourner des objets et matériaux pauvres du quotidien : morceaux de papier peint ou de journal, paquet de cigarettes, sable, sciure de bois, etc. La réalité fut réintroduite dans sa matérialité même.

La quête artistique des deux artistes s’arrêta en 1914 lorsque Georges Braque fut mobilisé.

Picasso, Bouteille de vieux marc
Pablo Picasso, La bouteille de vieux marc, 1913, fusain, gouache, papiers collés et épinglés sur papier, Centre Pompidou, Paris

Braque et Laurens : une amitié profonde

Georges Braque et Henri Laurens se sont rencontrés en 1911, Marthe Laurens et Marcelle Lapré — la compagne du peintre — étant amies d’enfances. 

La rencontre avec Braque joua un rôle majeur dans la carrière d’Henri Laurens. Ce dernier fut bouleversé par la découverte des pochoirs, papiers collés et faux bois que Braque venaient de concevoir ce même été en compagnie de Picasso.

Avant tout sculpteur, Henri Laurens développa sa propre manière. Braque étant revenu à un cubisme tourné vers un certain classicisme, Laurens le suivit en revenant aux classiques de la sculpture. Toutefois, ses nus aux courbes sinueuses dévoilèrent une exploration formelle différente de celle de son ami.

Si l’échange entre Braque et Picasso prit fin avec la Première Guerre mondiale, l’amitié avec Laurens dura quarante ans. À tel point que Georges Braque fit du fils de Laurens son héritier.

Henri Laurens, Nu à la draperie
Henri Laurens, Nu couché à la draperie, 1927-1967, bronze, Centre Pompidou, Paris