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Quelles sont les marques des faïences anglaises ?
La fabrication de la porcelaine, et de la faïence en général, a connu un développement tardif en Grande-Bretagne, en regard de ses voisins français et italiens qui avaient développé de grandes manufactures dès la Renaissance. Après une influence notable des grès allemands sur la faïence britannique, l’essor fut fulgurant et les nouvelles techniques rapidement acquises, permettant l’émergence d’une production de faïences et de porcelaines d’une grande qualité. Tour de salle des principales manufactures anglaises et de leurs marques de fabrication.
Bristol (1750 – 1823)
En 1773, la manufacture de Plymouth fut vendue à Richard Champion qui la transféra à Bristol. Sous sa direction eut lieu la plus belle production de la fabrique qui sortait des pièces rivalisant avec les manufactures de Worcester ou de Chelsea, bien que les couleurs soient moins glacées. La porcelaine se rapproche quant à elle de celle produite par Meissen. La manufacture de Bristol produit des pièces ornées d’un décor caractéristique de rubans et de pièces de lauriers verts et dorés, parfois associés à des sujets en grisailles. On trouve aussi parfois des oiseaux exotiques et dorures riches. Les marques sont assez mal définies : on trouve des croix en creux ou de couleur rouge, la lettre B associée à un chiffe ou le mot « Bristol » en toutes lettres. Parfois aussi, on trouve des marques se rapprochant de celles de Meissen avec des points ou des ornements entre deux épées croisées.
La fabrique de Josiah Wedgwood
Cette manufacture a produit parmi les plus célèbres pièces de porcelaine anglaise, appelées « Wedgwood Jasper » et qui se caractérisent par la fabrication de biscuits bleus et vert pâle, vert gris, jaune ou lilas sur lesquels sont ajoutés des figures blanches (souvent tirés de bas reliefs et décors d’après l’antique, mais aussi des portraits de contemporains) d’une très grande finesse et qui offre une certaine translucidité qui laisse apparent le fond de couleur, créant ainsi une analogie avec la technique des camés. Les pièces sont très reconnaissables et aisément identifiables en cela qu’elles sont marquées en creux du nom de « WEDGWOOD » ou « WEDGWOOD ET BENTLEY ». On trouve néanmoins de nombreuses imitations, mais qui n’ont pas la finesse de ciselure ni la charmante translucidité des productions originales. Les pièces d’après-guerre « WEDGWOOD and Co » sont tout à fait différentes des « Wedgwood jasper » du début.
La manufacture de Chelsea — La porcelaine tendre anglaise
La manufacture de Chelsea a été la première à fabriquer de la porcelaine tendre en Angleterre : de premiers essais ont été menés vers 1745, mais c’est vraiment en 1750 que la production se développe. De 1750 à 1756, la manufacture produit des pièces d’une qualité exceptionnelle. Puis, ayant du mal à supporter la concurrence, elle fut supprimée en 1784. Elle a pu néanmoins fabriquer de belles pièces de table ainsi que des statuettes de grandes dimensions. La porcelaine, bien travaillée, accueille des fonds de couleur à l’instar de ceux de Sèvres (bleus, roses, verts) sur lesquels se développent des motifs de de fleurs, d’oiseaux, des dorures et parfois des reliefs de style rocaille avec des décors de personnages dans le genre de Watteau ou Boucher. Les pièces les plus anciennes présentent un décor oriental, parfois dans le style de Kakiemon ou dans l’imitation des porcelaines d’Imari. Durant la dernière période, on produit des pièces blanches avec de simples dorures.
Concernant les marques, elles sont rouges pour les pièces communes et dorées pour les plus belles œuvres. Les pièces du début portent une ancre entourée d’un ovale, puis d’une ancre seule parfois accolée d’une épée. D’autres pièces sont marquées d’un triangle, parfois signé « Chelsea » et daté, comme représenté ici. On trouve aussi des marques constituées d’une épée (sans encre).
Manufactures de Derby et Derby-Chelsea
Cette fabrique fut créée en 1750 par Duesbury, qui racheta plus tard les moules des manufactures de Chelsea et de Bow (les marques du début se confondent avec celles de Derby-Chelsea). Il fut aidé par le français André Planché. La période de 1750 à 1769 est marquée par des pièces de services de table, mais surtout par des statuettes ou groupes réalisés en très grande quantité. À partir de 1769, la manufacture devient Derby-Chelsea et produit, dans un premier temps des pièces de style rocaille avant d’être fortement marqué par le style de Wedgwood. En 1773, cette manufacture obtient un privilège royal, on trouve donc des porcelaines marquées d’une couronne. Crédits photos : Wikimedia Commons.
Manufacture de Stratford-Bow
Les pièces de Strafford-Bow sont bien loin des richesses de décors et de dorures des pièces manufacturées à Derby ou Derby-Chelsea. Elles sont en effet plutôt destinées à la classe bourgeoise de l’époque qu’aux princes ou aux nobles. Les modèles sont moulés sur des pièces d’orfèvrerie de l’époque, sur lesquels on trouve des reliefs de fleurs ou d’ornements et des copies de pièces chinoises ou japonaises. Les décors de fleurs et d’oiseaux sont également fréquents. Les marques sont assez mal connues, on trouve parfois une abeille en relief ou une flèche (seule ou posée sur un carquois), sinon elles se rapprochent beaucoup de celles de Derby et Chelsea.
Worcester, fabrique royale de 1751 à nos jours.
La Worcester porcelain company fut fondée en 1751, les pièces imitent au début les porcelaines de Chine ou du Japon. En 1756, Robert Hancock inventa les procédés d’impression sur porcelaine, on trouve alors un grand nombre de décors imprimés : portraits de grands hommes ou copies de gravures prennent place sur des fonds bleus à réserve, fonds vert anglais, vert pomme turquoise, jaune ou rouge carmin sur lesquelles s’épanouissent parfois des peintures de fleurs ou des personnages en dorure. En 1788, la manufacture obtint le privilège royal et continua durant le XIXe siècle la production de ses pièces à décor d’impression de gravures.
Concernant les marques, elles sont difficiles à répertorier et classer puisque les décorateurs se sont souvent servi de caractères chinois ou japonais, en bleu ou rouge. On trouve aussi la lettre « W » et des croissants, avec ou sans lettre et ensuite la marque de la localité « Worcester ». Il existe aussi de nombreuses lettres ou marques d’ouvriers et d’artistes qui s’ajoutent aux autres marques. Crédits photos : Chestofbooks.
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