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Les paysagistes du XIXe siècle
Dans les classifications des genres qui émergent au XVIIe siècle, le paysage est relégué au bas de la hiérarchie. Genre vu comme inférieur, il était souvent le support d’une scène religieuse dans le paysage classique. Malgré cela, le goût pour la peinture de paysage se développe au long du XVIIIe avec les tableaux de marine de Le Lorrain ou des scènes champêtres de Watteau. Cette nouvelle approche de la nature s’incorpore dans une nouvelle vision de celle-ci, et se développe en plusieurs approches selon les pays.
Le paysage français, du paysage romain au réalisme
L’héritage du classicisme
Le paysage français est avant tout occupé par les tenants du classicisme avant le milieu du XIXe siècle. Caractéristique des paysages français depuis Poussin, cette veine se poursuit durant le XIXe, notamment au travers de l’Académie de France à Rome, qui forme ses élèves à cette peinture.
Un des derniers représentants de cette mouvance est Camille Corot, qui travaille notamment à Rome où il réalise des études de paysages, puis les intègre à des compositions une fois rentré dans son atelier. Cette pratique de la recomposition est typique de ce paysage classique, et Corot va continuer à la pratiquer alors même que les paysages qu’il dépeint s’éloignent progressivement de la veine italienne pour représenter des paysages plus propres à la France, et notamment la forêt de Fontainebleau.
L’Ecole de Barbizon
En effet, c’est à Fontainebleau que va émerger une nouvelle école de la peinture de paysage française. Sous le terme d’École de Barbizon, de nombreux peintres de paysages vont œuvrer dans une représentation plus réaliste du paysage. Parmi eux, on retrouve notamment Théodore Rousseau, qui en est le plus grand représentant, mais aussi Lazare Bruandet, Jean-François Millet ou encore Charles-François Daubigny.
Ces peintres cherchent à donner une nature plus présente, centrale dans la toile, qui en devient le seul sujet et l’intérêt principal de la peinture. On retrouve une exaltation du paysage, dans l’attention portée aux nuances, mais aussi dans l’image divine que prend la nature sous le trait de ces peintres. Cela se voit notamment dans le surplus d’attention que des peintres comme Théodore Rousseau vont accorder à chaque détail, rendant la peinture presque trop visuelle et détaillée.
Les paysagistes du Sublime
Le paysage germanique
Le paysage prend une toute autre place dans les pays germaniques, où il est infusé d’une religiosité et d’une intériorité forte. Ce paysage est parfaitement illustré et résumé par Caspar David Friedrich, le plus grand peintre de paysage allemand du XIXe siècle. Pour se différencier de la France et du paysage classique, encore vu comme un symbole de l’hégémonie napoléonienne, Friedrich poursuit une quête de l’âme allemande, qui passe par la représentation d’édifices gothiques, d’une nature aussi plus typique de l’Allemagne.
Au fil de ses promenades, Friedrich parvient à développer un paysage qui est emprunt d’une réflexion, d’une intériorité. La présence de personnages dans ses tableaux, toujours de dos, marque cette invitation à la contemplation philosophique ou, en tout cas, à l’introspection du spectateur.
La religion elle aussi est très présente dans ses toiles, où les figures christiques ou symboles du christianisme semblent apparaître triomphant dans un contexte naturaliste. Parmi ses chefs d’œuvres, on compte Le Voyageur contemplant une mer de nuages, où percent la perception romantique du paysage et l’invitation à l’introspection.
Les peintres anglais : entre idéal et réalisme
Dans une veine similaire, les peintres anglais s’illustrent par ce symbolisme du paysage. Contrairement à d’autres pays, le paysage représente en Angleterre près d’un tiers de l’accrochage au XIXe siècle. Le représentant de cette mouvance romantique est le peintre William Turner, qui puise dans les modèles de ses prédécesseurs, notamment Le Lorrain.
Les peintures de Turner présentent souvent des paysages marins, très lumineux, qui se reconnaissent par le traitement des couleurs vives. Ses tableaux montrent souvent cette peinture empreinte de nostalgie, qui cherche à magnifier la scène par les touches lumineuses.
De cette peinture, les peintres vont aussi pencher vers une peinture plus proche de la réalité. Ce mouvement est notamment rattaché à John Constable, qui peint la campagne anglaise et en dégage la beauté presque rustique, en l’opposant aux paysages classiques.
Ce courant, qui insiste sur le réalisme de la nature représenté, fait écho aux mêmes évolutions en France, qui mènent à la naissance de l’Ecole de Barbizon. De nombreux artistes comme Frederick Lee ou encore John Linnell vont suivre dans ce courant, et leurs œuvres se trouvent sur le marché de l’art à des prix variables. Une aquarelle de Turner a été vendue en janvier 2021 pour 866 587 €, et un tableau de Frederick Lee en juin 2021 pour 1 742 €, montrant les différences de ce marché.
Une peinture pour dominer l’Ouest
La Hudson River School
Si elle reste en marge de l’Europe, l’école de peintre américaine prend véritablement son essor au XIXe siècle notamment par une approche différente du paysage. La peinture de paysage se place dans la même philosophie qui domine alors aux Etats-Unis, qui est celle de la « Manifest Destiny ». Cette idéologie américaine met en avant le besoin de maîtrise du territoire, et justifie la conquête de l’Ouest par les colonies alors établies sur la côte Est.
Une école de peinture typiquement américaine éclot dans ces années, se démarquant par leur représentation du paysage. Il s’agit de la Hudson River school. Initiée par Thomas Cole, c’est la seconde génération de 1850 qui triomphe même en Europe, avec des représentants comme Frederic Edwin Church ou encore Albert Bierstadt. Ils représentent une nature grandiose, emprunte des notions de Sublime, mais aussi immaculée, niant donc toute trace de la présence amérindienne sur ces territoires.
Une peinture de la conservation
Une spécificité de cette peinture est qu’elle invite aussi à la préservation de la nature. L’œuvre de Bierstadt, Looking Down Yosemite Valley de 1865, invite à la protection du site sur lequel repose cette peinture. Bien que l’écologie ne soit pas encore d’actualité, il s’agit ici du premier site à être protégé, et ce pour des raisons artistiques. Aux Etats-Unis comme en France, l’influence des artistes pousse à la préservation des sites naturels.
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