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La photographie issue de voyages et expéditions
La lourdeur du matériel comme obstacle à la photographie de voyage
Les voyages et la photographie se sont développés parallèlement au fil des ans. Lorsque les possibilités de voyage s’élargissent, les possibilités de capturer ces expériences à l’aide d’un appareil photo se sont multipliées. Auparavant, les individus se fiaient aux descriptions parfois inexactes et subjectives des explorateurs, pour savoir à quoi ressemblaient les autres pays, mais aussi pour se figurer et imaginer les populations lointaines. Tandis que les voyages commencent à se démocratiser, pendant de nombreuses décennies ils restent l’apanage d’un pan aisé de la population.
L’équipement photographique devenant de plus en plus léger et transportable au fil des décennies, il n’est pas facile d’envisager les situations périlleuses des premiers photographes de voyage. Pourtant, au XIXe siècle les photographes transportent de véritables fardeaux, un équipement lourd qui ralentit le trajet et empêche de capturer une image dans des zones difficiles d’accès.
De plus, le photographe de voyage du XIXe siècle voulant documenter ses virées doit traiter ses prises de vues immédiatement après l’exposition, et pour cela il a besoin de tout son équipement à portée de main. Dès lors, pour réaliser des photographies de voyage il faut avoir avec soit une chambre noire portative, de nombreux produits chimiques dangereux, des réservoirs, des contenants d’eau, des plaques de verre lourdes, des porte-plaques, un grand appareil photo et un trépied.
Le progrès technique : catalyseur des expéditions photographiques
En 1839, le Français Louis Jacques Daguerre crée un procédé photographique appelé daguerréotype. Cela permettait de voyager avec du matériel photographique, bien qu’il s’agisse d’une tâche ardue qui consistait en de longs temps d’exposition. Sans négatifs, ce procédé n’a qu’un attrait limité pour les photographes de voyage puisqu’il est impossible de reproduire plusieurs tirages (pour la vente notamment).
Peu de temps après, Frederick Scott Archer créé un nouveau procédé photographique, appelé le processus du collodion. L’avantage est de réduire le temps d’exposition à seulement deux secondes, même si les photographes doivent encore transporter un équipement lourd.
La photographie de voyage a beaucoup évolué en 1888, lorsque le fondateur de Kodak, George Eastman, invente un appareil photo qui utilise le rouleau de film. Quelques années plus tard, l’avènement du Kodak Brownie en 1900 révolutionne le monde de la photographie en permettant à de plus en plus de gens de prendre des photos lors de leurs voyages.
Les pionniers de la photographie de voyage : des explorateurs
Les experts affirment que la plus ancienne photo de voyage a été prise en 1825 par Joseph Niépce, représentant une scène de rue en France. En raison du temps d’exposition de huit heures, la lumière du soleil a été captée des deux côtés des bâtiments de la scène.
Après avoir étudié la photographie et le procédé du daguerréotype, Pierre-Gustave-Gaspard Joly de Lotbinière se rend en Grèce en 1839. Il est considéré comme le premier photographe à prendre des photos d’Athènes et de la célèbre Acropole. Il se rend ensuite en Égypte et au Moyen-Orient, où il prend alors 92 autres photos, dont beaucoup seront publiées plus tard dans son livre Excursions daguerriennes en 1840. Joseph-Philibert Girault de Prangey est un Français d’une ambition artistique étonnante et d’un savoir-faire technique considérable. En 1842, trois ans après que Louis Daguerre eut dévoilé le premier appareil photo pratique au monde, Girault se lance dans une aventure épique à travers l’Europe et au Moyen-Orient, transportant du matériel photographique personnalisé pesant plus de quarante-cinq kilos. Il revient avec plus d’un millier de plaques photographiques, dont celles des premiers daguerréotypes survivants fabriqués en Grèce, en Égypte, en Anatolie, en Palestine et en Syrie.
Maxime du Camp et Gustave Flaubert méritent également d’être cités comme personnages marquants de l’histoire de la photographie de voyage. En 1849, les deux Français se lancent dans un voyage en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Équipés d’un appareil photo calotype en bois, d’un trépied et d’un assortiment de produits chimiques, ils utilisent du papier à écrire pour réaliser des négatifs, puis des épreuves de contact à leur retour en France. Contrairement au procédé daguerréotype, qui produisait une seule photo, le calotype avait la capacité de produire plusieurs copies. Une fois rentrés en France, ils publient le premier livre de photographie de voyage au monde, qui permet d’apercevoir des images de monuments anciens tels que les statues d’Assouan, le sphinx et les pyramides d’Égypte. À peu près à la même époque, en 1852, un autre pionnier de la photographie de voyage, le révérend George Bridges, a capturé 1 500 images de l’Égypte et de la Méditerranée sur négatifs papier.
À partir de 1856, le photographe anglais Francis Frith utilise lui un autre processus lors de ses trois voyages au Moyen-Orient : le collodion. Frith tient également un journal dans lequel il documente les difficultés de prendre des photos en voyage, y compris les problèmes de composition et la façon dont le collodion se désagrège avec le temps. Il se rend à l’Est à plusieurs reprises entre 1856 et 1859, et publie de nombreux livres sur ses voyages en Égypte, Palestine, Jérusalem, Sinaï, etc. Pour aborder ces voyages de l’autre côté de l’Atlantique, il est primordial de parler de Désiré Charnay. Peu connu, il est pourtant également l’un des pionniers de la photographie de voyage, plus spécifiquement l’œil de la vision des Amériques par la vieille Europe. Il ramène en France de nombreuses images du Mexique, où il part étudier le passé précolombien. Il rapporte également de nombreuses images de Madagascar, Kava, l’Australie.
Parmi les autres noms qui ont marqué l’histoire de la photographie de voyage, citons Felice Beato, Charles Clifford, Linnaeus Tripe, William Young, Herbert Ponting, Lord Carnarvon, Solomon Nunes Carvalho et James Ricalton, Francis Bedfort, Samuel Bourne, Désiré Charnay…
Ces photographes ont permis aux masses d’apercevoir l’étranger, néanmoins c’est aussi la création de revues orientées vers ces thèmes tels que National Geographic en 1888, Travel + Leisure en 1937 ou encore Condé Nast Traveller en 1987 qui ont eu une influence non négligeable dans la diffusion des photographies de voyage.
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