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Comment reconnaître Jupiter / Zeus ?
Principaux attributs
Jupiter pour les Romains, Zeus pour les Grecs, il est le souverain des dieux et des mortels et le premier des douze dieux olympiens. Il incarne tous les pouvoirs et toutes les fonctions propres à une divinité, terrible lorsqu’il détruisait ses ennemis de ses foudres, mais aussi miséricordieux lorsqu’il protégeait les faibles. Plusieurs temples lui étaient consacrés en Grèce antique, le principal étant celui d’Olympie, qui abritait la célèbre statue chryséléphantine (d’or et d’ivoire sur âme de bois) réalisée par Phidias, l’une des sept merveilles du monde antique, aujourd’hui disparue. On en connaît une transcription en gravure (approximative) tirée de L’art de la sculpture antique par Quatremère de Quincy publié en 1815 (BNF). On retrouve sur cette œuvre l’image typique du dieu, aux nobles traits entourés de boucles.
Ses principaux attributs sont l’aigle, qui est considéré comme son messager et parfois sa propre incarnation et le foudre, un objet qui est décrit diversement, parfois sous la forme d’une fourche barbelée, à deux ou trois dents aux extrémités ou sous la forme d’une gerbe de flammes, tenu ou non dans les serres de l’aigle. Le dieu porte également un sceptre, symbole de son autorité sur les dieux olympiens et le monde terrestre.
L’image la plus couramment diffusée n’est pourtant pas celle du dieu terrible et majestueux, mais d’un dieu aux multiples amours, trompant et violant mortelles et immortelles grâce à ses métamorphoses tandis que sa femme, Junon, se venge de son mari sur ses pauvres victimes.
Zeus joue un rôle dans de nombreux épisodes de la mythologie gréco-romaine, prenant pour thèmes les vies de Phaéton, Pandore, Thétis ou encore Ganymède. Ils sont trop nombreux pour pouvoir être évoqués ici, nous ne traiterons donc que des thèmes principaux.
L’éducation de Jupiter
Jupiter est le fils de Saturne (Cronos), qui dévorait ses enfants à la suite d’une prophétie selon laquelle l’un d’eux tuerait le père pour usurper son trône. La mère de Jupiter, après avoir accouché cachée dans une grotte, remit à Saturne une pierre emmaillotée que le dieu cruel dévora sans doute, le prenant pour son nouveau-né. Jupiter fut ainsi élevé en cachette sur les pentes du mont Ida par des nymphes qui le nourrissent du lait de la chèvre Amalthée. Il est donc souvent représenté dans un paysage bucolique, couché dans un berceau et entouré de nymphes, les artistes assimilant ce thème à celui, biblique, de la découverte de Moïse. Il peut aussi être allaité directement par la chèvre, ou bien une nymphe le tient dans ses bras et porte un pichet de lait à ses lèvres, comme dans le tableau de Nicolas Poussin conservé à la Gemäldegalderie de Berlin.
Le mont Ida est également le lieu d’un autre épisode de la vie du dieu : le sacrifice à Jupiter, dans lequel on voit des adoratrices priant ou apportant des offrandes et un autel antique au premier plan.
Les amours du dieu
Jupiter et Junon
Les artistes ont utilisé comme simple allégorie de l’amour, une iconographie de Jupiter et Junon, notablement illustrée par Annibal Carrache au plafond de la galerie Farnèse de Rome, vers 1597.
L’enlèvement d’Europe
Jupiter s’éprit de la fille du roi de Tyr, Europe. Ayant revêtu l’aspect d’un taureau blanc, il vint sur le rivage où la princesse se distrayait avec ses suivantes. Le taureau, doux et calme, apaisa la princesse qui orna ses cornes de guirlandes et monta sur son dos. Zeus l’emmena alors vers la mer, jusqu’en Crète où, reprenant sa forme initiale, la viola.
Cet épisode, terrible comme toutes les conquêtes sexuelles du dieu, fut souvent retranscrit en peinture, où Europe est figurée en train de monter sur le dos des suivantes ou bien, et c’est la représentation la plus courante, en train de s’agripper, effrayée, aux cornes du taureau qui l’emmène au loin comme la toile de Titien peinte en 1562 pour le roi d’Espagne Philippe II et aujourd’hui conservée au musée Isabella Stewart Gardner de Boston.
Léda et le cygne
Léda, l’épouse du roi de Sparte, fut désirée par Jupiter qui vint vers elle sous l’aspect d’un cygne alors qu’elle se délassait près d’un fleuve et coucha avec elle. La légende, racontée dans Les Métamorphoses d’Ovide, dit qu’à la suite de cette union, elle pondit des œufs d’où naquirent les jumeaux divins Castor et Pollux et Hélène de Troie et Clytemnestre. Cet épisode a eut une grande postérité dès la Renaissance, grâce à la propension érotique du thème, Léonard de Vinci et Michel Ange en ont ainsi traité dans deux tableaux perdus, tandis que Jean Thierry en a fait, en 1717, son morceau de réception.
Danaé
Danaé est elle aussi une fille de roi, enfermée par son père dans une tour d’airain pour la mettre à l’abri de ses prétendants (une prophétie disait en effet que l’enfant à naître tuerait son grand-père). Jupiter la visita sous la forme d’une pluie d’or et s’unit à elle. De cette union naquit Persée qui tua accidentellement son grand-père avec un disque.
Au Moyen-Âge, le thème fut considéré comme une préfiguration de l’Annonciation, grâce à la chasteté préservée de Danaé. Cet épisode a connu une grande faveur parmi les peintres de la Renaissance puisqu’il leur permettait de représenter un nu féminin. Parmi eux, Titien en a donné une magnifique illustration dans une toile conservée au musée de l’Ermitage..
Io et Jupiter
Dans cet épisode, Jupiter se transforme en nuée pour s’unir à Io, une jeune princesse. Le dieu la transforme ensuite en génisse pour la cacher au yeux de Junon, qui ne fut pas dupe et demanda cette génisse en cadeau à son mari. Elle la fit ensuite garder par Argus, doté de cent yeux. Jupiter délivra Io et fit placer les cent yeux d’Argus sur la queue du paon, tel qu’on le voit aujourd’hui. La première partie de l’épisode a été magnifiquement illustré par Corrège, en 1532, dans une toile aujourd’hui conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne.