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Reconnaître et identifier les porcelaines de Saint-Cloud et de Vincennes
La manufacture de Saint-Cloud (1677-1766) : l’invention de la porcelaine tendre
Les marques
Les premiers essais de fabrication de porcelaines à Saint-Cloud commencèrent à l’instigation de Pierre Chicaneau, qui tenta d’imiter les porcelaines chinoises. Ces essais furent poursuivis après sa mort et en 1693, la production semble être devenue industrielle. En 1696, la faïencerie de Saint-Cloud est sous la protection de Monsieur frère du Roi et Henri Trou, le directeur de la manufacture demande le privilège exclusif de la fabrication de porcelaine, dont chaque pièce doit être marquée d’une fleur de lys et d’un soleil. La fabrique est ensuite dirigée par les successeurs d’Henri Trou, qui apposèrent au XVIIIe siècle la lettre initiale T au-dessous de la signature de Saint-Cloud S. C.
Il existe des marques de fabrique pour Saint-Cloud, d’autres qui peuvent être apparentées à des marques d’artistes ou de réassortiment (pour fabriquer d’après l’indication de la marque une pièce de réassortiment, numérotée).
Les formes
La pâte des Saint-Cloud est généralement d’un blanc crémeux et l’émail bien glacé. On trouve des porcelaines de formes très variées, pièces de table, services à café et à thé, cache-pot, vases et pots à toilette, mais aussi statuettes, biscuits et même des manches de couteaux ou de fourchettes !
Les statuettes ne sont pas très fines : les bras et les draperies sont parfois déformés par le feu, l’émail présente des points noirs et les sujets imités de thèmes chinois ou assez vulgaires sont posés sur des terrasses plutôt grossières.
Les décors
Les porcelaines peuvent être blanches ou décorées en bleu au grand feu, sous couverte. Plus rarement, elles sont décorées de décor polychrome (rouge, vert, violet et jaune). Les pièces dorées, rares, sont toutes antérieures à 1745 (après cette date, un arrêté royal interdit l’emploi de l’or en dorure, sauf pour la Manufacture Royale).
Les porcelaines blanches, cache-pots, vases ou pièces de service, sont ornées de fleurs en relief (souvent d’aubépines ou de pommier), on trouve aussi quelquefois des mascarons.
Les pièces à décor bleu sous couverte sont ornées de lambrequins ou de baldaquins dans le style de Bérain. Notons aussi que les décors sont d’autant plus soignés que les pièces sont anciennes.
Les copies
Les pièces issues des manufactures de Tournay ou Saint-Amand, au décor riche, présentent la marque S. C. surmontant un T en bleu sur couverte, au lieu d’être bleu sous couverte comme à St Cloud. Parfois aussi les marques sont copiées, surtout sur les pots et les tasses, et les lettres S.C.T. n’ont pas vraiment la même forme que celles du XVIIIe siècle.
La manufacture de Vincennes (1738-1756).
La porcelaine tendre
Formation de la manufacture
La manufacture de Vincennes était anciennement la manufacture royale, qui fut ensuite déplacée en 1756 à Sèvres. La première fabrique prenait place dans les locaux disponibles du donjon de Vincennes. À partir de 1741, la manufacture est dirigée par Charles Adam, tandis que Gravant est le fabricant des pâtes et Caillat produit les couleurs. Il faut attendre 1745 pour que Charles Adam obtienne le privilège exclusif pour la porcelaine de Vincennes de fabriquer de la porcelaine à la façon de Saxe, c’est-à dire peinte et dorée, avec des figures humaines. Dès lors, les meilleurs ouvriers de Saint-Cloud et Chantilly sont employés à Vincennes pour produire et décorer de la porcelaine tendre. Cette production est protégée par des édits qui appliquent des amendes sévères à qui chercherait à concurrencer la fabrique de Vincennes ou à tenter de percer les secrets de la porcelaine tendre.
Le succès de Vincennes était considérable, grâce à la qualité des pièces certes, mais aussi car un certain nombre de manufactures parisiennes avaient été fermées pour éviter toute concurrence gênante.
À partir de 1752, la manufacture de Vincennes devient une manufacture royale et ses pièces sont marquées d’un double L entrelacé, à la manière du chiffre royal.
Formes, couleurs et décors
La première période de Vincennes (de 1738 à 1745) comprend surtout des pièces décoratives avec des formes et des décors chinois ou japonais. Les objets de table ou de toilette sont proches de ceux utilisés à la même époque à Chantilly ou à Mennecy. Au début, la pâte n’est pas toujours très blanche, mais très vite, elle devient d’une très grande blancheur, recouverte d’un émail transparent d’un éclat incomparable. Les couleurs les plus employées sont le bleu, le vert, le jaune, le rose et le rouge ainsi que le violet et le noir. Les décors sont en camaïeu ou peuvent être polychromes et présentent des animaux exotiques et des fleurs (les sujets figuratifs sont plus rares).
Durant la seconde période, jusqu’en 1756, les pièces de service sont très influencées par les formes de l’orfèvre Duplessis et les sujets empruntent quant à eux aux toiles de Boucher. Les couleurs et les fonds sont très semblables à ce qui est employé à Sèvres.
Les marques
Les marques du début sont constituées de deux L entrecroisés, portant parfois le monogramme royal, elles sont en bleu. On rencontre rarement ces marques en or. Les marques d’ouvriers sont quant à elles gravées en creux dans la pâte et les signatures ou monogrammes d’artistes peints en bleu ou en couleur.
La porcelaine dure
Pierre-Antoine Hannong de Strasbourg, qui connaissait le secret de la porcelaine dure, fut autorisé en 1765 à utiliser les anciens locaux de la fabrique de porcelaine tendre de Vincennes pour réaliser de la porcelaine dure. Plusieurs directeurs se sont succédé et la manufacture cessa en 1788. Les porcelaines présentent les marques suivantes :
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