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Qu’est-ce que l’Art Nouveau ?

L’Art Nouveau revêt plusieurs acceptations : modernisme en Catalogne, Jugenstil en Allemagne, stile florale ou Liberty en Italie : tous ces termes évoquent la même aspiration à la modernité d’une nouvelle classe sociale bourgeoise qui souhaite un style qui lui est propre, loin de l’imitation de l’art de la cour, de la noblesse ou des styles passés. Ce mouvement, qui souhaite la transformation de l’acte d’habiter en une expérience artistique, se développe largement en Europe (en Belgique, en France, à Glasgow, Barcelone ou encore à Vienne) dès 1893 et s’éteindra avec la Seconde Guerre mondiale.

L’Art Nouveau s’est très rapidement diffusé dans le monde grâce aux revues illustrées de photographies, à l’affiche illustrée et aux expositions, notamment les grandes Expositions Universelles, comme celle de Paris en 1900, qui contribuent à faire s’envoler les ventes des modèles.

Qu’est-ce que l’Art Nouveau ?

L’art Nouveau se caractérise par la volonté, partagée par ses plus éminents représentants, d’une rupture, d’un effacement de la distinction entre arts majeurs et arts mineurs et une volonté de témoigner pleinement du monde contemporain. L’Art nouveau fut pour l’essentiel une révolte consciente contre l’éclectisme académique de la 2moitié du XIXe, contre le recours aux formules stéréotypées et contre l’avilissement des arts par l’industrialisation et la reproduction mécanique des objets qu’elle imposait. 

lustre Émile Gallé
Émile Gallé, lustre à douze lumières, Nancy, vers 1904. Crédits photos : MAD Paris

Le mouvement fut donc l’expression d’un effort conscient visant à produire un style nouveau, une autre conception de la création artistique, le but étant d’encourager les créateurs à réagir aux changements intervenus dans la vie sociale et économique : la menace de voir l’artisanat disparaitre avec le progrès de la mécanisation et le refus des industriels de prendre en compte l’apparence et l’esthétique des objets usuels. L’objectif premier de l’Art nouveau fut donc de repenser le cadre de vie de l’homme contemporain, en créant un dialogue entre intérieur et extérieur, voire une fusion totale de l’un et l’autre. C’est pourquoi bon nombre d’architectes, adeptes du mouvement, conçurent leur œuvre comme une œuvre d’art totale prenant en considération toutes les questions d’aménagement intérieur pour réaliser un décor unitaire dans ses moindres détails. 

Le japonisme, la défense de l’artisanat, les motifs végétaux comme lien profond avec la nature comptent parmi les grandes caractéristiques de l’Art Nouveau. 

L’art nouveau en Belgique 

Les premières traces de l’art nouveau apparaissent en Belgique en 1891 avec la couverture du Salon des XX, dessinée par le peintre George Lemmen et qui présente des lignes souples et un lettrage japonisant. Peu après, Victor Horta reçoit la commande d’un hôtel particulier pour l’ingénieur Emile Tassel, ici représenté en photographie. Grâce aux structures métalliques qu’il utilise, il réussit à percer largement les façades et créer un ornement basé sur la ligne fluide de l’arabesque, qui lie tous les éléments décoratifs. Très rapidement, les plus éminentes figures des milieux progressistes belges lui commandent des hôtels particuliers et son style est imité dans l’Europe entière. D’autres architectes, comme Paul Hankar ou Gustave Serrurier-Bovy trouvent d’autres voies : le premier s’inspire fortement du japonisme, tandis que le second propose du mobilier de bon goût pour la classe moyenne.

Hôtel style art nouveau
Hôtel Tassel, Bruxelles

L’art nouveau en France

Paris

En 1895, l’architecte français Hector Guimard, alors en train de dessiner les plans du Castel Béranger, découvre Victor Horta, ce qui libère en lui un élan créateur qui le pousse vers la conception d’ornements linéaires et nerveux, popularisés par les bouches d’entrées des métros parisiens. Il collaborera aussi avec des fabricants de bronze, de tapis ou de luminaires, pour des hôtels de maître, des salles de spectacles et même une synagogue. 

hall Castel Béranger
Le hall d’entrée du Castel Béranger, à Paris.

L’école de Nancy

L’école de Nancy est marquée par la figure d’Émile Gallé qui, très jeune déjà, travaillait à dessiner des décors dans l’entreprise de son père, spécialisée dans les arts de la table. Il est ainsi initié aux techniques de la faïence et d’ébénisterie, mais Gallé excelle notamment dans le travail du verre et de ses techniques ornementales (gravure à l’acide, applications à chaud, marqueteries de verre etc.). Nombreuses de ses œuvres portent également des citations poétiques (Gallé les nomme les « verreries parlantes ») qui renforcent la fonction symbolique du décor.

intérieur Majorelle
La salle Louis Majorelle au MAD Paris. Crédits photos : MAD Paris. 

En 1901, Gallé devient le premier président de l’Alliance provinciale des industries d’art, connue sous le nom d’École de Nancy, et qui compte parmi ses membres Louis Majorelle. Celui-ci offre des ensembles mobiliers et décoratifs complet, comme le mobilier de la chambre à coucher datée de 1900 reconstituée et présentée au MAD Paris dans la salle Louis Majorelle. Majorelle fabrique également des lampes en collaboration avec Daum, qui s’inscrit dans la tradition de la verrerie Art Nouveau initiée par Émile Gallé. Il se tournera ensuite vers le vitrail, en association avec Jacques Gruber. L’École de Nancy s’essouffle après la mort de Gallé en 1904.

L’école de Glasgow

A la fin du XIXe siècle, Glasgow est une des villes les plus importantes de l’Empire Britannique, juste derrière Londres, grâce au développement sans précédent de l’industrie et du commerce. La Glasgow School of Art est ainsi l’épicentre des innovations en termes de design et de techniques. Parmi ses anciens étudiants, Robert Machintosh, Herbert MacNair et les sœurs Macdonald (« les quatre de Glasgow »), qui travaillent dans le même cabinet d’architecture. Les projets immobiliers de Macintosh rencontrèrent un vif intérêt au-delà des frontières du pays et influencèrent notamment Josef Hoffmann lors de la conception du palais Stoclet

chaise art nouveau
Charles Mackintosh, Chaise à haut dossier, vers 1898, Paris, musée d’Orsay. Crédits photos : RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)/Jean Schormans.


La conception qu’avait Macintosh de l’Art Nouveau s’éloigne sensiblement des innovations de l’école de Nancy ou des architectures bruxelloises ou parisiennes. Il aimait en effet travailler les contours simples et les masses de bois nus, assimilant les conceptions de Morris et du mouvement Arts and Craft, les traditions écossaises et le symbolisme pictural pour créer un art qui préfigure, dans ses dernières manifestations, l’esthétique Art Déco. 

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