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Inventaire des principaux types de céramiques chinoises

De la cour des Song aux Yuan, l’émergence d’une céramique distinctive

Après la période des 5 dynasties, le premier souverain Song, Taizu, rétablit l’hégémonie d’une seule autorité impériale. Moment important dans l’histoire chinoise, car il voit l’émergence d’une nouvelle caste, celle des lettrés fonctionnaires. Hommes d’État, ces lettrés font partie des commanditaires de la céramique chinoise et vont pendant près de 1000 ans promouvoir les évolutions de celle-ci.

Les productions de grès

Dans l’esprit confucianiste, ces hommes apprécient notamment les œuvres épurées, sans ostentation. C’est le cas des productions en grès nommées Jian, connues pour leur couverte chocolat, rendue populaire à la cour par le lettré Cai Xiang.

Vase jian
Vase jian, dynastie Song
(Pinterest)

Plusieurs productions de grès voient le jour également durant les règnes de ces deux dynasties. La première est une production du Hebei, à usage domestique, que l’on nomme les cizhou. Ces vases sont remarquables par l’emploi d’un décor peint plus que moulé, ce qui était alors la norme, mais aussi par l’emploi d’émaux dans la réalisation. C’est sur ces objets que vont se développer des motifs floraux et végétaux, illustrant la pensée confucianiste et servant de marqueur sociaux pour les lettrés fonctionnaires.

Enfin, une dernière céramique en grès est celle produite à Junyao dans le Henan, nommée les jun. Ces grès, de grande qualité, sont connus pour une couverte aux reflets bleutés appelée « clair de lune ». En pratiquant un soufflé d’oxydes de cuivre, la couverte prend un aspect poudreux de couleur aubergine, couleur que prendra cette céramique sous la dynastie Yuan. 

Les céladons

Parmi les productions de ces dynasties, il faut noter la présence des céladons, pièces connues pour leur couleur verte et dont le nom est donné en France en référence au roman d’Honorée d’Urfé l’Astrée. Deux centres de production de céladons sont connus sous ces deux périodes : les fours de Yaozhou dans le Shaanxi, et ceux de Zhejiang dans le Longquan. Les premiers sont connus pour une couverte épaisse de couleur vert-olive et sont actifs sous les Song du Nord (960-1126). Pour les céladons issus de Zhejiang, leur apogée s’étend sous les Song du Sud (1126-1270) et les Yuan (1279-1368),  une couleur bleu-vert. Cette couverte, nommée qing, est à l’époque la plus prisée des Chinois car elle rappelle le jade, et les craquelures sur la couverte qui rappellent cette pierre rendent ces pièces encore plus précieuses. 

Le « bleu-blanc », une typologie nouvelle, florissante et exportée

La découverte du kaolin

Sous la dynastie Yuan, le commerce des routes de la soie périclite et les exportations se tournent vers les routes maritimes. La production se déplace donc vers le sud, avec la découverte d’un gisement important près du port de Jiangxi, dans les fours de Jindezhen. Près de ce lieu de production, sur le site de Gaoling, se trouve un gisement d’une argile blanche que l’on appellera en Europe le kaolin.

Plat bleu-blanc
Plat bleu-blanc, dynastie Yuan, Shanghai Museum (Wikipedia)

Grâce à cette argile réfractaire, dont le point du fusion est à 1800° Celsius, les artisans mettent au point une prochaine dure caractéristique de la Chine, le qinghua. Cette porcelaine, appelée « bleu-blanc », est nommée ainsi pour ses décors au bleu de cobalt, placé sous couverte, qui devient l’une des principales productions des fours de Jindezhen. Les motifs qui s’y développent rappellent ceux employés précédemment, mais aussi innovent avec un vocabulaire codifié toujours apprécié par les élites chinoises. 

Des pièces différentes pour des marchés divers

Sous la dynastie Ming (1368-1644), la porcelaine prend une place de premier plan et est même élevée au rang de pièces cérémonielles lors de l’édit de 1369. Cette dynastie voit aussi le retour en grâce des lettrés, qui bien que peu avides des « bleu-blancs », apprécient la porcelaine pour sa blancheur. Ils sont notamment à l’origine de pièces entièrement blanches incisées légèrement de motifs nommés anhua ou « décors secrets ». Ces pièces sont valorisées pour leur blancheur et leur pureté, et permettent aux lettrés d’apprécier des références iconographiques comme ils pouvaient le faire sur les pièces cizhou.

En parallèle de ces décors cachés et monochrome, l’exportation et le succès des bleu-blancs transforme aussi la production. Pour s’adapter à des marchés extérieurs, des motifs plus européens comme la vigne ou des blasons sont introduits sur des porcelaines chinoises, tout comme certaines pièces à destination de l’Orient portent des inscriptions coufiques. 

Des porcelaines rouges

Par ailleurs, c’est aussi à partir du modèle du bleu-blanc que vont se développer d’autres typologies d’oeuvres, qui suivent l’exemple du qinghua. Sous les Ming, on voit apparaître le youlihong, ou « rouge-blanc », un décor à base de rouge de cuivre sous couverte. Cette nouvelle couleur, qui est celle de la dynastie Ming, remplace le bleu de cobalt sur la porcelaine mais est fragile et peu donc rapidement tourner. Toutefois, la grande quantité de cuivre nécessaire à cette production la fera interdire dès 1526, avant de renaître sous les Qing (1644-1911), qui font également réaliser des pièces à fond jaune, qui est leur couleur dynastique. 

Vase youlihong
Vase youlihong, dynastie Ming, provenant de Jindezhen, photo alaintruong.com

Du « bleu-blanc » au vases « mille fleurs »

A la fin des Ming (1368-1644) et durant toute la dynastie Qing (1644-1911), la technicité et la qualité des productions de porcelaine atteignent leur paroxysme. La couleur voit également le jour dans les productions de céramiques, avec l’intégration de différents oxydes dans les motifs sur fond blanc.

Les couleurs contrastées

Tout d’abord figurent les doucai, ou « couleurs contrastées », où l’on trace les contours au bleu de cobalt avant de remplir les motifs par des émaux de couleurs différentes. Le perfectionnement de cette pratique donne naissance aux wucai, « cinq couleurs », qui placent directement les couleurs sans l’appui du trait au bleu de cobalt. 

Vases Doucai
Paire de vases doucai, dynastie Qing, (Pinterest)

Famille verte et famille rose

Sous la dynastie Qing, deux évolutions colorées marquent le raffinement de la production de porcelaines chinoises. Regroupées en deux familles par l’historien d’art Albert Jacquemart au XIXe siècle, ces céramiques figurent les évolutions du goût et des décors présents sur les céramiques chinoises.

La première famille à émerger est la « famille verte ». Celle-ci prend son nom par la présence de couleurs verte plus opaques et variées, notamment grâce à la présence d’émail blanc dans les compositions de couleurs.

Le raffinement extrême des pièces de céramique atteint alors un nouveau seuil avec le développement de la seconde famille, la « famille rose ». Les pièces de porcelaines de cette famille émergent dans les productions sous le règne de l’empereur Yongzheng (1723-1735), et sont caractérisées par un émail à base de chlorure d’or. Cette famille dénote aussi par la virtuosité des dégradés colorés présents sur les motifs décoratifs les porcelaines, et par l’effet poudré des couleurs employées. 

Les dernières productions

vas "mille fleurs"
Vase wan hua, dynastie Qing, musée Guimet, Paris (Pinterest)

La fin de la dynastie Qing voit le chant du cygne de la porcelaine, qui développe des formes présentant une surcharge décorative. C’est le cas notamment des vases Wan Hua, ou « mille-fleurs », qui montre une abondance décorative. Ils rappellent le nom que la Chine se donnait, Huaguo, « l’empire des fleurs », mais aussi la technicité des œuvres produites par les artisans chinois. Avec la fin de la dynastie Qing périclitent aussi les ateliers impériaux. Un symbole fort de cet arrêt est la fin de la production des fours de Jindezhen de porcelaines ayant fait la renommée de la Chine pendant près de 800 ans. 

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