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Quelle place occupe la bande dessinée dans le marché de l’art ?
Ces dernières années, le neuvième art s’est imposé sur le marché de l’art. En effet, ce marché de niche longtemps fermé et réservé aux connaisseurs tend à s’ouvrir de plus en plus à un large profil de collectionneurs. Les spéculateurs voient même dans ces acquisitions un réel investissement.
Le marché de la bande dessinée s’internationalise et dépasse les frontières francophones de la France, de la Belgique et de la Suisse.
Si ce marché séduit, il n’en demeure que sur environs quatre mille dessinateurs seuls, quelques dizaines atteignent des cotes vertigineuses. Les collectionneurs recherchent principalement des planches originales ou de premières éditions d’albums.
Des dessinateurs cotés
Si les signatures classiques restent recherchées sur le marché de la bande dessinée, les collectionneurs s’arrachent de plus en plus aux enchères des artistes modernes.
La stabilité des auteurs classiques
Le marché de la bande dessinée est né au décès d’Hergé (1907-1983), auteur de Tintin, survenu en 1983. À cette époque une véritable « tintino-mania » s’est développée. Des ventes « fourre-tout » regroupaient alors dessins, dédicaces, objets dérivés, figurines et albums sur lesquels une cote commença à s’établir.
Dans le sillage d’Hergé, les planches de l’auteur d’Astérix Albert Uderzo (1927-2020), furent de plus en plus recherchées. Les prix pour les aventures d’Astérix par Uderzo s’envolent. Le dessinateur est probablement l’un des auteurs de bande dessinée le plus lu dans le monde avec plus de 352 millions d’albums vendus dans douze langues différentes.
Son contemporain André Franquin (1924-1997), auteur de Gaston Lagaffe et Spirou notamment, suivit la même voie, sa cote augmentant régulièrement sur le marché.
Aux côtés de ces auteurs franco-belges, l’italien Hugo Pratt (1927-1995) bénéficie également d’une cote élevée. L’auteur de Corto Maltese fait également partie de ces auteurs classiques recherchés par les collectionneurs.
Valeurs sûres, ces auteurs se vendent particulièrement bien. Abordables, il est possible de se procurer des planches originales pour quelques milliers d’euros. Néanmoins, les collectionneurs sont à la recherchent de signatures plus modernes.
La nouvelle vague des auteurs modernes
Les connaisseurs et amateurs avertis s’intéressent aujourd’hui à des auteurs moins connus du grand public.
Tel est le cas de Jean Giraud (1938-2012), plus connu sous le pseudonyme de Moebius, auteur de Blueberry. Auparavant négociées à quelques milliers de francs dans les années 1980, ses planches sont aujourd’hui vendues aux enchères entre 2 000 et 25 000 euros selon leur qualité et leur intérêt.
Mais le plus lucratif de ces auteurs modernes demeure Enki Bilal (1951). Grand prix du festival d’Angoulême en 1987, il est l’auteur des bandes dessinées La Trilogie Nikopol et Bug. Il s’agit du seul auteur contemporain dont la cote ne cesse d’augmenter, ses planches partant à plusieurs centaines de milliers d’euros, lui rapportant désormais plus que la vente de ses albums.
La cote de ces auteurs classiques et modernes est déterminée sur le marché de l’art via les maisons de ventes aux enchères, mais également certaines galeries spécialisées.
La bande dessinée dans le marché de l’art
Les maisons de ventes qui dominent aujourd’hui le marché français à savoir Christie’s, Sotheby’s et Artcurial, possèdent toutes un département spécialisé en bandes dessinées et illustrations. Par ailleurs, de plus en plus de galeries spécialisées apparaissent sur le marché parisien.
Artcurial : leader mondial de la bande dessinée
Créé en 2005 à l’initiative du commissaire-priseur François Tajan et de l’expert Éric Leroy, le département Bande dessinée et Illustrations de la maison de ventes Artcurial domine aujourd’hui le marché mondial.
Ces dernières années Artcurial a notamment réalisé plusieurs nouveaux records mondiaux lors de ses ventes. Ainsi en 2014 les pages de garde des Aventures de Tintin d’Hergé ont été adjugées à 2,6 millions d’euros. Deux ans plus tard, la planche originale de On a marché sur la Lune doubla son estimation et atteignit le prix de 1,5 million d’euros. Toujours en 2016, la planche du Sceptre d’Ottokar issue de la collection Renaud fut acquise pour 1 million d’euros. Enfin, la vente L’univers de Tintin créateur organisée le 14 janvier 2021 battit deux records. Le projet d’illustration pour la couverture de l’édition originale du Lotus Bleu de 1936 fut adjugé 3 175 400 euros, établissant un nouveau record du monde pour une œuvre d’Hergé vendue aux enchères, mais également un nouveau record pour une œuvre originale de bande dessinée vendue aux enchères.
D’autres records mondiaux furent établis par la maison : l’œuvre Corto Maltese – Les Éthiopiques d’Hugo Pratt fut cédée pour 391 800 euros, la couverture de Gaston Lagaffe fut adjugée 324 025 euros et Le Garage hermétique de Moebius atteignit la somme de 223 307 euros.
L’essor des galeries spécialisées en BD
L’explosion ces dernières années du marché de la bande dessinée entraina une augmentation du nombre de ses acteurs. Ainsi de plus en plus de galeries spécialisées sont apparues sur le marché parisien. On en dénombre une vingtaine, auquel s’ajoutent les éditeurs comme Glénat qui a inauguré sa galerie en 2013.
À l’instar des galeries d’art contemporain, les galeries spécialisées en bande dessinée travaillent à la fois sur le premier et le second marché. En effet, les auteurs qu’elles représentent peuvent réaliser des travaux uniques à la commande.