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Le symbolisme en peinture
Apparaissant dans les années 1880, le symbolisme est un mouvement artistique français qui s’est par la suite propagé en Belgique puis dans le reste de l’Europe et du monde jusqu’à l’aube de la Première Guerre mondiale.
Le terme « symbolisme » provient du latin « symbolum » et du grec « symbolon » signifiant « mettre ensemble », « joindre ». C’est le poète Jean Moréas qui le premier employa ce terme en 1886 dans « Un manifeste littéraire » publié dans le Figaro.
En réalité, le symbolisme serait davantage une démarche intellectuelle, un courant aux contours imprécis qu’un mouvement artistique délimité. L’utilisation d’un terme commode a pour risque de rassembler sous une même étiquette des mouvements qui ne coïncident qu’en surface. Les historiens ont souvent qualifié cette période de postimpressionniste, prenant ainsi en considération les individualités de chacun (Gustave Moreau, Puvis de Chavannes) et les écoles (Pont-Aven, Nabis).
Le symbolisme transcenda la seule Europe et se diffusa dans le monde entier. Il ne généra pas de style commun, mais au contraire des styles très différents propre à chaque artiste.
Un courant d’origine littéraire
D’abord mouvement littéraire, le symbolisme fit par la suite l’objet d’un salon artistique, littéraire et musical dédié.
Les influences de la littérature
Le symbolisme en littérature trouve ses origines dans « Les Fleurs du Mal » de Charles Baudelaire (1821-1867) dont la publication remonte à 1857. Les traductions des travaux d’Edgar Allan Poe par Baudelaire eurent également une influence significative sur le mouvement. Les poètes symboliques essayèrent de saisir un idéal, d’accéder à un univers spirituel. Le symbole devint le secret de la poésie. Le langage est fluide, musical, pur et le vers est libre.
Ce nouvel esthétisme du symbolisme a par la suite été développé par Stéphane Mallarmé (1842-1898) et Paul Verlaine (1844-1896) dans les années 1870-1880. Des manifestes à l’honneur du symbolisme attirèrent nombre d’écrivains. En ce sens, l’écrivain et critique d’art Joris-Karl Huysmans, d’abord rattaché au naturalisme, finira par adhérer aux principes du symbolisme (« À rebours », 1884).
Un écrivain et critique d’art fut même à l’origine d’un Salon artistique, littéraire et musical symboliste.
Le Salon de la Rose-Croix
Joséphin Péladan (1858-1918) fut l’un des plus importants promoteurs du symbolisme à Paris. Prenant le contrepied de son contemporain et naturaliste Émile Zola (1840-1902), Péladan écrivit de nombreux manifestes en faveur du symbolisme.
En 1890, Péladan fonda l’Ordre de la Rose-Croix. Le premier Salon de l’Ordre fut organisé l’année suivante à la galerie Paul Durand-Ruel — célèbre marchand qui défendit les artistes impressionnistes. De nombreux artistes symbolistes, français ou étrangers, exposèrent leurs œuvres. Ainsi, il était possible de retrouver : Gustave Moreau, Fernand Khnopff, Henri Martin, Émile Bernard ou encore Georges Rouault. Le succès fut important et tous les plus grands écrivains s’y pressèrent. Certains artistes comme Pierre Puvis de Chavannes, Odilon Redon ou Maurice Denis déclinèrent l’invitation.
Le Salon de la Rose-Croix donna lieu à six représentations de l’avant-garde artistique. Il prit fin en 1897.
L’art symbolique
L’art symbolique s’est construit en opposition aux courants naturaliste et impressionniste. S’il est difficile à définir, il comporte tout de même plusieurs caractéristiques. Certains artistes du début du XIXe avaient annoncé la naissance du mouvement.
Une remise en cause du naturalisme et de l’impressionnisme
Le symbolisme constitue un mouvement s’inscrivant en réaction au naturalisme et à l’impressionnisme. Ces deux courants artistiques datent également de la fin du XIXe siècle.
Le naturalisme peut approximativement être daté entre 1870 et 1890. Il fait suite au réalisme de Gustave Courbet (1819-1877). Les peintres naturalistes s’attachèrent à représenter la vie quotidienne, peignèrent des anonymes dans un milieu naturel et essayèrent de dépasser le réel en accentuant l’instantanéité du moment afin de le rendre davantage symbolique. Parmi les artistes naturalistes, nous pouvons évoquer Jules Bastien-Lepage (1848-1884) et Jean-François Raffaëlli (1850-1924).
De son côté l’impressionnisme consiste à représenter le motif en fonction de la lumière et de ses effets. Remettant en cause les principes artistiques qui définissaient jusqu’alors la représentation picturale, les artistes peignèrent l’instant selon les lois scientifiques de la perception visuelle. La couleur devenant ainsi le seul outil de composition. Les artistes impressionnistes sont mondialement connus et leurs compositions recherchées. Citons en ce sens Édouard Manet (1832-1883), Claude Monet (1840-1926), Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), Gustave Caillebotte (1848-1894), Edgar Degas (1834-1917) et Berthe Morisot (1841-1895).
Les caractéristiques du symbolisme
Même si le symbolisme est propre à chaque artiste et se traduit différemment selon chacun, les œuvres des artistes symbolistes présentent des caractéristiques communes.
À travers leurs œuvres, les symbolistes ont souhaité représenter des vérités absolues qui ne pouvaient être décrites directement d’où le recours à la spiritualité, à l’imagination et au rêve. Ainsi, là où le naturalisme illustre ce qui est visible et l’impressionnisme la superficialité et l’éphémère des choses et des êtres, le symbolisme vise à interpréter et donner une signification plus vaste que celle constatée au premier abord. Les thèmes de prédilection des artistes sont la mort, la religion, la sensualité, le spirituel. Les compositions sont parsemées de signes et de symboles. Les personnages et les objets n’acquièrent leur signification que par leur caractère symbolique. Le but des symbolistes est de privilégier l’expression des états d’âme, mettre en avant la dimension du psychique. Le symbolisme est un art ésotérique, de l’invisible, du mystérieux, de l’occulte.
Le symbolisme n’est pas un mouvement homogène. Il est difficile de regrouper tout le symbolisme, saisir les particularités de chaque artiste, en une seule définition. Toutefois, le critique d’art Georges Albert Aurier (1865-1802) proposa une définition du symbolisme en 1891 :
L’œuvre d’art devra être : premièrement idéiste, puisque son idéal unique sera l’expression de l’idée ; deuxièmement symboliste, puisqu’elle exprimera cette idée en forme ; troisièmement synthétique, puisqu’elle écrira ses formes, ses signes selon un mode de compréhension général ; quatrièmement subjective, puisque l’objet n’y sera jamais considéré en tant qu’objet, mais en tant que signe perçu par le sujet ; cinquièmement l’œuvre d’art devra être décorative.
Georges Albert Aurier (1865-1802)
Au début du XIXe siècle, plusieurs artistes réalisèrent des œuvres à la finalité symbolique.
Les prémices du symbolisme
De nombreux artistes romantiques anglais et allemands annoncèrent le symbolisme dans leurs œuvres.
Les Anglais Johann Heinrich Füssli (1741-1825) et William Blake (1757-1827) usèrent du rêve et de l’imagination dans leurs compositions. L’être humain étant presque toujours au centre des préoccupations aux rapports énigmatiques et magiques avec la mort et l’érotisme.
De même, les paysages du Sublime de Caspar David Friedrich (1774-1840) sont empreints de symbolisme. Les contemplations mystiques du peintre frappent par leur silence. Les compositions de Friedrich suggèrent l’infériorité de l’homme face aux forces de la Nature.
Enfin, les œuvres du groupe des préraphaélites avaient une visée symbolique et morale. Leur style est réaliste, le but étant d’atteindre une pureté spirituelle qu’ils considéraient comme perdue à leur époque. Les préraphaélites, tout comme leurs contemporains allemands nazaréens, puisèrent leur inspiration dans la littérature.
Si les prémices au symbolisme sont plurales, le mouvement fut avant tout français et belge avant de devenir international.
Le symbolisme français
La première génération de peintres français symbolistes est notamment constituée de Gustave Moreau et Pierre Puvis de Chavannes. Par la suite, l’École de Pont-Aven ainsi que le groupe des Nabis firent leur apparition et peuvent être rattachés au symbolisme.
Gustave Moreau
L’art de Gustave Moreau (1826-1898) s’inspire des principes académiques, romantique et italianisant. Il a su combiner ces influences pour aboutir à des créations originales, fortement individualisées et qui ne ressemblent à rien d’autre. Son but étant de faire voyager le spectateur vers un autre monde. Ses compositions avaient pour ambition de les faire rêver.
Moreau se considérait comme peintre d’histoire et affirma avoir souffert toute sa vie d’avoir été considéré par l’opinion trop littéraire pour un peintre. Pour autant, en donnant une dimension spirituelle à son art, Moreau conféra un souffle nouveau à ce genre expirant. Il accorda un rôle prééminent à l’imagination et à l’hallucination dans son œuvre. Le poète André Breton (1896-1966) affirma que le génie de Moreau a été de revivifier les mythes antiques (« Œdipe et le Sphinx », 1864) et bibliques (« Salomé dansant devant Hérode », 1876).
« Orphée » peint en 1865 constitue l’un des premiers exemples de peinture symboliste. La composition de Moreau illustre le mythe grec selon lequel Orphée aurait été dépecé par les Ménades qu’il avait charmé avec sa musique afin de ramener des Enfers sa femme Eurydice. Moreau prolongea le mythe en dépeignant une jeune fille recueillant la tête du poète. Ces deux derniers se regardent dans une contemplation semblant infinie. Cette scène apaisée se soustrait mystérieusement à la morbidité. La composition est baignée par une lumière crépusculaire sur fond de paysages fantastiques évoquant le sfumato de Léonard de Vinci. « Orphée » illustre un univers semi-fantastique à l’atmosphère inquiétante imprégnée de charmes ambigus.
Pierre Puvis de Chavannes
Tout comme Gustave Moreau, Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) est considéré comme un précurseur au symbolisme, même si de son vivant l’artiste n’acceptait qu’avec réticence cette qualification.
Puvis de Chavannes trouva son inspiration dans la Renaissance italienne, notamment dans Giotto. Ses compositions n’ont pas de relief, les tons sont purs et mats laissant filtrer une atmosphère sereine et hors du temps. Au cours de sa carrière, l’artiste symboliste réalisa de nombreux décors (Panthéon de Paris, Musée de Lyon, Amphithéâtre de la Sorbonne).
« Le Pauvre Pêcheur » de 1881 reprend un thème caractéristique du peintre. La composition frappe par la simplification des formes, le recours à des couleurs douces en aplats ainsi que par son caractère énigmatique. Puvis de Chavannes a peint un contraste saisissant entre la solitude du pêcheur au visage émacié dans la barque au premier plan et la quiétude de la jeune fille cueillant des fleurs aux côtés d’un enfant endormi sur la berge. La pose du pêcheur, debout, la tête penchée et les bras croisés évoque la figure paysanne dans « L’Angélus » (1857-1859) de Jean-François Millet (1814-1875) que Chavannes admirait.
Le symbolisme pur de Gustave Moreau et Pierre Puvis de Chavannes a été repris par la suite par l’École de Pont-Aven et le mouvement nabi, davantage synthétique que symbolique, mais prônant tout autant le recours à l’imaginaire.
L’École de Pont-Aven
L’École de Pont-Aven désigne un groupe d’artistes qui se sont réunis dans la localité bretonne de Pont-Aven autour de Paul Gauguin (1848-1903) qui y séjourna entre 1886 et 1888. Ce mouvement qui dura de 1886 à 1894 regroupa entre autres Émile Bernard (1868-1941), Louis Anquetin (1861-1932) et Charles Laval (1861-1894). Ces artistes étaient à la recherche d’un lieu intact et primitif. Si l’École de Pont-Aven est davantage synthétique, les œuvres issues de cette dernière conservent une dimension spirituelle à l’instar des symbolistes. « Les Bretonnes aux ombrelles » d’Émile Bernard de 1892 illustre une composition rejetant tout réalisme. Renforçant la dimension mystérieuse, les Bretonnes sont dépeintes dans un paysage sans profondeur et sous un éclairage artificiel.
Véritable lieu effervescent, Pont-Aven est souvent comparé à Barbizon. En effet, nombreux sont les artistes venus y faire un séjour afin de défier les convenances académiques. En 1889, Paul Gauguin fuit la foule de Pont-Aven pour la commune de Pouldu. Il entraina trois de ses camarades, dont Paul Sérusier (1864-1927). Plus tard, Gauguin s’établit définitivement en Polynésie pour la beauté des paysages et des femmes.
Les Nabis
L’École de Pont-Aven eut une grande influence sur la naissance des nabis. Passionnés d’ésotérisme et de spiritualité, de jeunes peintres symbolistes et disciples de Paul Gauguin se sont réunis autour de Paul Sérusier en 1888. Composé d’abord de Sérusier, Maurice Denis (1870-1943), Pierre Bonnard (1867-1947), Ker-Xavier Roussel (1867-1944) et Paul-Elie Ranson (1861-1909), le groupe a par la suite été rejoint par Édouard Vuillard (1868-1940). « Nabis » signifiant « prophètes » en hébreu, traduit la quête spirituelle et le renouveau esthétique annoncé par les jeunes artistes. Prônant un retour à l’imaginaire et la subjectivité, le mouvement nabi est considéré comme un mouvement postimpressionniste en rupture avec l’impressionnisme à l’instar des symbolistes et de l’École de Pont-Aven. Le groupe éclata vers 1900, chaque artiste ayant pris une voie différente.
« Talisman » de 1888 de Paul Sérusier est le résultat de sa rencontre avec Émile Bernard et Paul Gauguin à Pont-Aven. Ce dernier lui apprit à se détacher de la réalité pour suivre son instinct et représenter le réel à sa manière. Répondant aux critères synthétiques de Gauguin, « Talisman » est constitué de couleurs en aplats, de formes schématisées où tout détail est rejeté.
À la même époque, la toute jeune Belgique datant de 1830 joua un rôle déterminant dans l’élaboration et la diffusion des nouvelles esthétiques.
Le symbolisme belge
Le symbolisme belge s’est exprimé par la poésie d’Émile Verhaeren (1855-1916), mais également par ses nombreux peintres tels Fernand Khnopff, James Ensor, Georges Minne et Léon Spilliaert.
Le Salon des XX
En 1883 fut fondé à Bruxelles le Groupe des XX par l’écrivain Octave Maus (1856-1919), le but étant de rivaliser avec Paris. Dès 1884, le groupe de vingt artistes organisa un salon annuel privilégiant les tendances les plus novatrices de l’art européen. Plusieurs artistes étrangers furent également invités à participer au salon : Paul Gauguin, Camille Pissarro, Claude Monet, Georges Seurat, Paul Cézanne, Vincent van Gogh. Les salons se sont succédé jusqu’en 1893 où ils furent remplacés par le Salon de la libre esthétique.
Fernand Khnopff et James Ensor font partie des vingt artistes fondateurs du Groupe des XX.
Le mystique Fernand Khnopff
D’abord peintre délicat d’intérieurs et de portraits, Fernand Khnopff (1858-1921) devint par la suite, au contact des préraphaélites et des symbolistes de la Rose-Croix, l’un des représentants les plus raffinés du symbolisme figuratif européen.
La représentation de la femme est prépondérante dans l’œuvre de Khnopff. Qu’elle soit dépeinte sous les traits d’un sphinx ou d’un ange, son regard est souvent empli de mystère et se veut inaccessible. Les compositions de l’artiste évoquent le rêve, le monde de l’imaginaire. Les objets sont chargés de symboles. « Des caresses » de 1896 évoque le mythe d’Œdipe, thème cher aux symbolistes. La composition de Khnopff est sensuelle et mystique. Un Œdipe androgyne étreint un sphinx charnel présenté sous la forme inhabituelle d’un guépard à tête humaine. À la fois fatale et virginale, la femme de Khnopff peinte sous l’apparence d’un sphinx illustre la dualité qui passionna l’artiste. Aux yeux des symbolistes la femme incarne l’ambiguïté du monde. Les tons pastel renforcent l’aspect nostalgique et mélancolique qui se dégage du tableau.
Le coloré James Ensor
Passionné par les effets de la lumière, James Ensor (1860-1949) fut classé à tort par certains comme appartenant aux impressionnistes. Il conféra à la lumière une puissance unificatrice et spirituelle. En ce sens il fit de nombreux dessins du Christ. Seule la figure du Messie pouvait exprimer la puissance découverte dans la lumière par Ensor. Toutefois, présentée au Salon des XX de 1887, la série de dessins ne suscita pas l’enthousiasme espéré.
Après l’échec de ce Salon, conjugué à la perte de son père et de sa grand-mère la même année, la représentation de masques et de squelettes prit une place prépondérante dans l’œuvre d’Ensor. Le masque a pour but de camoufler une réalité jugée trop laide et trop cruelle par le peintre, tandis que le squelette rappelle la vanité et l’absurdité du monde. « Entrée du Christ à Bruxelles en 1889 » de 1888 est une parfaite illustration de l’art d’Ensor. La lumière exacerbe les couleurs vives, une figure du Christ modernisée est tiraillée par les mouvements politiques contradictoires, les masques brouillent la réalité tandis que le squelette au premier plan à gauche évoque l’absurdité de la situation.
Après avoir conquis la France puis la Belgique, le symbolisme toucha le reste de l’Europe.
Un symbolisme international
Parmi les étrangers proches du courant symboliste, citons James Abbott McNeil Whistler, Gustav Klimt et Edvard Munch.
L’américain James Abbott McNeill Whistler
Américain de naissance, français par sa formation et résident londonien, James Abbott McNeil Whistler (1834-1903) est un peintre international. Son style esthétique est proche de celui des impressionnistes et des symbolistes. Whistler est connu comme étant le peintre des nocturnes. Ses compositions illustrent de véritables harmonies d’ombres et de lumières, faisant de lui l’un des maîtres du paysage et du portrait moderne.
En 1863, Whistler exposa « The White Girl » au Salon des Refusés aux côtés du « Déjeuner sur l’herbe » d’Édouard Manet. Leurs compositions, incomprises, firent l’objet de railleries. À travers son sujet Whistler cherchait une harmonie picturale de blancs, les rehaussant de subtiles taches de couleur, sans s’intéresser à la ligne ou à la beauté idéale. L’artiste rebaptisa par la suite son tableau « Symphony in White, No. 1 : The White Girl » illustrant mieux sa démarche.
Réputé pour son esprit acéré, Whistler intenta un procès contre le critique John Ruskin après que celui-ci a condamné « Nocturne in Black and Gold : The Falling Rocket » de 1874. L’artiste obtint une indemnisation symbolique.
L’Autrichien Gustav Klimt
Le peintre autrichien Gustav Klimt (1862-1918) est connu pour ses peintures et décors muraux représentant le corps de la femme et usant de la couleur or. Ses œuvres sont marquées par un érotisme franc.
Klimt est l’un des fondateurs de la Sécession viennoise en 1897. Le but de ce regroupement fut de proposer des expositions aux artistes non conventionnels, d’importer les meilleurs artistes étrangers à Vienne afin d’en faire une véritable capitale artistique et de publier son propre magazine pour mettre en valeur les travaux de ses membres.
En 1894, Klimt fut chargé de la réalisation de trois tableaux pour décorer le plafond de la grande salle de l’Université de Vienne. Les tableaux ne seront en réalité jamais exposés, car qualifiés de pornographiques.
L’œuvre la plus représentative de l’art de Gustav Klimt est « Le Baiser » de 1906. La composition illustre un couple enlacé. Les formes sont géométriques, la couleur dominante est celle de l’or. La scène serait une représentation symbolique du moment où Apollon embrasse la nymphe Daphné qui se métamorphose en laurier afin d’échapper au dieu grec, selon les « Métamorphoses » d’Ovide.
Klimt quitta la Sécession en 1905 en raison des désaccords entre les artistes. Son style s’épura à partir de 1909 et évita l’utilisation de l’or. À la fin de sa carrière, il peignit des paysages aux couleurs vives ainsi que des scènes intimistes.
Le norvégien Edvard Munch
Suivant l’évolution du symbolisme, le norvégien Edvard Munch (1863-1944) réalisa des œuvres au dessin synthétique, à la ligne nerveuse et aux couleurs vives et intenses. Munch s’intéressa à dépeindre les états d’âme. La solitude, la désolation, l’angoisse, la destinée humaine sont ses thèmes de prédilection. Au fur et à mesure de sa carrière, les formes sont devenues de plus en plus allusives dépassant ainsi le naturalisme de ses premiers tableaux.
Son œuvre la plus connue, « Le Cri » de 1893, est inspirée d’une hallucination qui serait survenue lors d’une balade. Le visage du personnage central est déformé, les couleurs sont intenses et le mouvement ondulatoire des touches évoque les compositions de Vincent van Gogh (1853-1890). Symbole de l’angoisse existentielle, ce tableau à l’ambiance dramatique et assourdissante annonce le courant expressionniste allemand.
Au début du XXe siècle, le symbolisme donna naissance à une nouvelle tendance artistique en Europe.
L’émergence de l’Art Nouveau
L’art nouveau est un style élégant et décoratif qui s’est appliqué, pour l’essentiel, aux arts appliqués. Inspiré de l’histoire et lié à la Révolution industrielle, ce style présentant des caractéristiques communes revêtit des noms différents selon les pays. « Art nouveau » en France et Belgique, « Jugendstijl » en Autriche, « Liberty » en Italie, « Modernismo » en Espagne ou encore « Modern Style » en Angleterre, chaque terme faisant en réalité référence à un même courant artistique.
Cette libre esthétique se caractérise par la représentation de végétaux, des lignes animées et sinueuses, l’utilisation du métal, par des plans architecturaux ergonomiques, ainsi qu’un mobilier adapté à chaque structure.
Sous l’impulsion de l’architecte Victor Horta (1861-1947) et sous l’influence des peintres Fernand Khnopff et Henry van de Velde (1863-1957), Bruxelles devint la capitale de l’Art nouveau.
Les symbolistes sur le marché de l’art
Les œuvres symbolistes, tout comme les œuvres du XIXe en général, attirent les collectionneurs. « Le Cri » d’Edvard Munch est demeuré pendant un certain temps le tableau le plus cher du monde. Il fut vendu 120 millions de dollars par Sotheby’s New York en 2012.
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